[FUCKING SERIES] : Astérix et Obélix : Le Combat des chefs : Mission Réussix
(Critique - avec spoilers - de la mini-série)
Pour tous ceux ayant grandit avec lui, que ce soit au détour d'une diffusion télévisée, d'une séance dans une salle obscure où même d'un visionnage à peine abusif en DVD (on se sait hein), Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre a presque tout d'un film totem, une œuvre tellement jouissive et culte qu'elle ne peut que traverser les générations.
Symbiose parfaite entre l'humour des Nuls (héritiers directs des Monty Python) et une " trahison "/modernisation respectueuse de l'œuvre de René Goscinny et d'Albert Uderzo, avec une pointe non-négligeable de modernité (le timing humoristique de Jamel Debbouze), le film rendait vivantes les bulles de la bande dessinée sans jamais que leur aura ne soit trahie sur l'autel du divertissement familial gentiment spectaculaire et impressionnant (les décors à couper le souffle de At Hoang en tête).
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Pas un petit effort, pour un Alain Chabat jusqu'ici encore rookie (Didier, son premier long-métrage, est totalement à l'opposé de cette superproduction aux attentes démesurées) et loin d'être prédestiné à s'attacher à un tel projet (à l'époque, il avait comme projet d'adapter d'adapter deux aventures de Spirou, L'Ombre du Z et Z comme Zorglub), mais qui laisse ici exploser aussi bien son amour du matériau d'origine (et de la bande dessinée, tout court), que son inventivité folle, allant d'une mise en scène aérienne à une esthétique joliment pop et colorée, le tout saupoudré d'un humour savamment dosé à la pop-culture (où comment cité pour créer ses propres références), et laissant beaucoup de place à l'improvisation.
L'idée de le voir donc, vingt ans plus tard, remettre le couvert pas la case animation cette fois, et du côté d'une plateforme au Toudoum pas forcément connue pour la finesse ni la qualité de ses productions estampillées made in France (dont on retiendra avant tout et surtout la - désormais - trilogie Balle Perdue), avait de quoi tout autant méchamment titiller notre curiosité comme nos craintes.
Sans surprise, et plus encore qu'un Alexandre Astier qui avait doublement - et joliment - relevé le défi sur grand écran (avec la même dynamique 2D/3D), Chabat enfonce le menhir de la Gaule jusqu'à Rome avec une petite merveille de mini-série (cinq épisodes d'une petite trentaine de minutes, co-réalisés avec Fabrice Joubert) qui, comme le papa de Kaamelott, dépoussière savamment le giron animation de la saga dans une sorte de bain de jouvence aussi rythmé et chaleureusement coloré que savamment nourrit à la pop-culture et jamais vampirisé par ses élans de modernité.
Un miracle qui viendrait presque se frotter aux monuments Astérix et Cléopâtre et (surtout) Les Douze Travaux dans nos petits cœurs nostalgiques.
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Dans un cocktail habile mêlant adaptation fidèle et - légères - libertés salvatrices (s'aventurer dans la jeunesse des deux héros, d'une manière moins opportuniste de Canet, dans un petit voyage dans le passé à la fois drôle et émouvant qui consolide encore un peu plus une dynamique que l'on pensait connaître sur le bout de la marmite) au détour d'une aventure grisante et menée tambour battant (pour définitivement coincer les gaulois, les romains organisent un fameux " Combat des Chefs " avec un chef voisin partisan de Rome, et le perdant devra donner sa portion de terrain à l'autre; le tout sans la possibilité d'user des vertus de la potion magique), Chabat concocte un trip encore plus Tex Avery-esque que Mission : Cléopâtre, fusionne encore un peu plus son humour fin et absurde avec le matériau d'origine, le tout sublimé par une distribution vocale aux petits oignons.
Si Panoramix a perdu la recette de la potion magique, le meilleur des Nuls lui, n'a décemment pas perdu la formule pour concocter des adaptations grandioses.
On t'aime Alain...
Jonathan Chevrier