[CRITIQUE] : Coursier de nuit
Réalisateur : Ali Kalthami
Acteurs : Mohamad Aldokhei.Sarah Taibah, Mohammed AlToyan, Morouj,...
Budget : -
Distributeur : Eurozoom
Genre : Thriller.
Nationalité : Saoudien.
Durée : 1h52min
Synopsis :
Fahad Nassir travaille de jour dans un centre d'appel et de nuit comme livreur à Riyad. Après un coup d'éclat, il se fait licencier du centre et se retrouve dans une situation précaire, toutes ses économies servant à financer le traitement de son père malade. Désespéré, Fahad vole le stock d'alcool de trafiquants. Mais revendre ces produits s’avère plus compliqué que prévu…
Coursier de nuit estampillé premier long-métrage d'Ali Kalthami ne fait que poursuivre l'expression d'un cinéma local qui ne serait rien sans l'effort continu de cinéastes féminines telles que Haifaa Al-Mansour et Shahad Ameen, tellement qu'il y a véritablement un avant et un après les sorties de Wadjda où encore The Perfect Candidate, tant l'exploitation saoudienne a connu un véritable essor depuis, permettant ainsi aux wannabes cinéastes d'un minimum s'exprimer caméra au poing, même si leurs efforts apparaissent encore un petit peu tendre - à l'image du très beau Norah de Tawfik Alzaidi.
Sensiblement sous influences (Martin Scorsese, Fritz Lang, Michael Mann,...), Kalthami s'attache aux tumultes nocturnes d'un livreur débordé mais surtout férocement malchanceux, Fahad, qui tente comme il peut de joindre les deux bouts dans une Riyad en pleine ébullition/transition, avant de voir toutes les mauvaises décisions qu'il a pu prendre - notamment celles qui l'ont fait se frotter avec l'illégalité - pour quitter sa condition, lui revenir dans la poire comme un boomerang trop affûté.
C'est ce parcours chaotique d'un anti-héros aussi condamné par sa condition et la toxicité de ses choix qu'il est d'un pathétique charmant, résolument moins sombre qu'il en a l'air (une bonne dose d'humour vient continuellement rabattre les cartes), qui permet au cinéaste de venir gentiment titiller l'imaginaire collectif - évidemment - limité du regard occidental sur une culture saoudienne bien plus complexe, dont il déglamourise sauvagement l'image en s'attachant à des figures en marge, bouffées par la précarité, les rêves brisés et une impossibilité à gravir les échelons sociaux.
Si l'on pourra un brin tiquer sur sa mise en scène assez conventionnelle (qui ne distille aucun panache dans ses - vaines - tentatives de suspense), voire sur son rythme en dents de scie (moins sur une narration certes prévisible, mais solide dans la caractérisation de ses personnages comme dans la gestion de ses tons), difficile de ne pas se laisser néanmoins séduire parce cette fable tragi-comiquo-noire à la colère retenue, dominée par la performance aussi intense et drôle que vulnérable de Mohammed Aldokhi.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Mohamad Aldokhei.Sarah Taibah, Mohammed AlToyan, Morouj,...
Budget : -
Distributeur : Eurozoom
Genre : Thriller.
Nationalité : Saoudien.
Durée : 1h52min
Synopsis :
Fahad Nassir travaille de jour dans un centre d'appel et de nuit comme livreur à Riyad. Après un coup d'éclat, il se fait licencier du centre et se retrouve dans une situation précaire, toutes ses économies servant à financer le traitement de son père malade. Désespéré, Fahad vole le stock d'alcool de trafiquants. Mais revendre ces produits s’avère plus compliqué que prévu…
Coursier de nuit estampillé premier long-métrage d'Ali Kalthami ne fait que poursuivre l'expression d'un cinéma local qui ne serait rien sans l'effort continu de cinéastes féminines telles que Haifaa Al-Mansour et Shahad Ameen, tellement qu'il y a véritablement un avant et un après les sorties de Wadjda où encore The Perfect Candidate, tant l'exploitation saoudienne a connu un véritable essor depuis, permettant ainsi aux wannabes cinéastes d'un minimum s'exprimer caméra au poing, même si leurs efforts apparaissent encore un petit peu tendre - à l'image du très beau Norah de Tawfik Alzaidi.
Sensiblement sous influences (Martin Scorsese, Fritz Lang, Michael Mann,...), Kalthami s'attache aux tumultes nocturnes d'un livreur débordé mais surtout férocement malchanceux, Fahad, qui tente comme il peut de joindre les deux bouts dans une Riyad en pleine ébullition/transition, avant de voir toutes les mauvaises décisions qu'il a pu prendre - notamment celles qui l'ont fait se frotter avec l'illégalité - pour quitter sa condition, lui revenir dans la poire comme un boomerang trop affûté.
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C'est ce parcours chaotique d'un anti-héros aussi condamné par sa condition et la toxicité de ses choix qu'il est d'un pathétique charmant, résolument moins sombre qu'il en a l'air (une bonne dose d'humour vient continuellement rabattre les cartes), qui permet au cinéaste de venir gentiment titiller l'imaginaire collectif - évidemment - limité du regard occidental sur une culture saoudienne bien plus complexe, dont il déglamourise sauvagement l'image en s'attachant à des figures en marge, bouffées par la précarité, les rêves brisés et une impossibilité à gravir les échelons sociaux.
Si l'on pourra un brin tiquer sur sa mise en scène assez conventionnelle (qui ne distille aucun panache dans ses - vaines - tentatives de suspense), voire sur son rythme en dents de scie (moins sur une narration certes prévisible, mais solide dans la caractérisation de ses personnages comme dans la gestion de ses tons), difficile de ne pas se laisser néanmoins séduire parce cette fable tragi-comiquo-noire à la colère retenue, dominée par la performance aussi intense et drôle que vulnérable de Mohammed Aldokhi.
Jonathan Chevrier