[CRITIQUE] : Woman and Child
Réalisateur : Saeed Roustaee
Avec : Parinaz Izadyar, Sinan Mohebi, Payman Maadi, Soha Niasti,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Iranien.
Durée : 2h11min
Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2025.
Mahnaz, une infirmière de 45 ans, élève seule ses enfants. Alors qu’elle s’apprête à épouser son petit ami Hamid, son fils Aliyar est renvoyé de l’école. Lorsqu’un un accident tragique vient tout bouleverser, Mahnaz se lance dans une quête de justice pour obtenir réparation...
C'est peu dire que le cinéaste Saeed Roustaee a su grimper les échelons à une vitesse phénoménale, passant d'espoir au talent affirmé (Life and a Day et La Loi de Téhéran), à véritable fer de lance d'un cinéma iranien aussi électrisant que de plus en plus prolifique (où, tout du moins, de plus en plus présent dans nos salles obscures), par la force d'un troisième effort absolument phénoménal : Leila et ses Frères, où il confrontant avec force la réalité socioculturelle et l'héritage patriarcal de l'Iran à travers les yeux d'une famille dysfonctionnelle et brisée.
Son retour en terres (conquises) cannoises ne pouvait être méchamment attendu au tournant, quitte à ce qu'il cristallise des attentes potentiellement démesurées et donc, de facto, quasiment impossible à atteindre.
Entièrement tournée en Iran et passé sous le filtre de la censure mais pas totalement de la polémique (fruit d'un " compromis ", puisque le film a été tourné dans le respect des règles de la république islamique iranienne, avec des actrices portant le voile dans chaque scène, même dans l'intimité de la vie de leurs personnages), Woman and Child apparaît totalement opposé dans son idéologie, lui qui fustige, radicalement, le régime tyrannique et patriarcal en place, dénué de tout conformisme - ou comment rappeler que la vérité d'une production n'est jamais totalement celle d'une œuvre en elle-même.
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Copyright Amirhossein Shojaei & Saeed Roustaee |
Reste qu'il devient vite évident, passé une première partie explosive et maîtrisée d'une main de maître, que ce quatrième effort n'a pas la même puissance ni la même complexité que ses précédents essais (même s'il reprend, une nouvelle fois, une cellule familiale brisée comme outil pour sa radiographie sociale), lui qui déroule une narration certes entraînante mais beaucoup trop mécanique pour son bien, dont les tournants majeurs visant à faire basculer l'histoire vers la tragédie mélodramatique, aplanissent voire même cassent le dynamisme et la visceralité de ce qui était certes pensé comme une dichotomie volontaire par le cinéaste, mais qui ne fonctionne résolument pas autant qu'elle le devrait.
Portrait d'une mère courage et suppliciée (une infirmière veuve qui se rebelle contre tous ceux à qui elle attribue, à juste titre, la responsabilité de la mort de son turbulent et possessif fils) dont la quête, remplie de rage et de douleur, de justice comme de vengeance la mènera jusqu'au bord de l'aliénation la plus extrême; Woman and Child est une monture trop bien huilée et linéaire pour être féroce et incisive, aussi impeccablement dirigé et interprété soit-elle.
Un petit pas en arrière pour un cinéaste qui connaissant une évolution savoureusement croissante.
Jonathan Chevrier