[CRITIQUE] : Sebastian
Réalisateur : Mikko Mäkelä
Acteurs : Ruaridh Mollica, Hiftu Quasem, Jonathan Hyde, Ingvar Sigurðsson,...
Budget : -
Distributeur : Optimale Distribution
Genre : Drame.
Nationalité : Britannique, Finlandais, Belge.
Durée : 1h50min
Synopsis :
Max, un aspirant écrivain de 25 ans, mène habilement son chemin vers le succès dans les sphères culturelles de Londres. La nuit, il s’adonne à une toute autre activité : il vend ses charmes auprès d’hommes plus âgés sur des sites d’escorting sous le pseudonyme de Sebastian. Il décide d’utiliser cette expérience pour nourrir son premier roman. Tandis que Max s’efforce de maintenir un fragile équilibre dans sa double-vie, il doit comprendre si Sebastian n’est réellement qu’un avatar pour obtenir la plus grande authenticité dans son écriture, ou s’il se révèle être plus que ça.
À la lumière d'une production/exploitation mondiale de plus en plus imposante, le septième art ne s'attarde pas plus que de raison sur le milieu du travail du sexe, du proxénétisme et de l'escorting (quand bien même quelques contre-exemples pointent certes, sporadiquement, le bout de leur pellicule), avouons qu'il se fait peut-être encore un peu plus discret pour ce qui est de son versant queer.
Pas un petit détail donc que le cinéaste Mikko Mäkelä s'attache au sujet pour son second long-métrage, Sebastian, pour lequel il n'est pas si impertinent de dresser quelques parallèles avec aussi bien Jeune et Jolie de François Ozon, que le moins mémorable La Maison d'Anissa Bonnefont, dont les pitchs ne sont pas si dissemblables : un écrivain en herbe gentiment idéaliste, Max, se lance dans l'entreprise de croquer le récit le plus honnête et fidèle qui soit sur le milieu travail du sexe contemporain, en liant ni plus ni moins que la théorie à la pratique - on ne peut pas faire plus authentique qu'une expérience vécue.
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Copyright James Watson / Lemming Film België / Kino Lorber |
Dans un souci de nuances et de pertinence, il devient donc lui-même escort - dans le secret et une certaine honte de soi -, en prenant pour nom celui du personnage principal de son bouquin, Sebastian...
Sauf qu'evidemment, rien ne va véritablement se passer comme prévu, le môme va se perdre dans une double vie aux frontières de plus en plus poreuses mais aussi et surtout dans le chaos d'une Londres vampirique, qui ne fait qu'attiser son attirance pour un métier stigmatisé.
Récit initiatique d'un jeune homme à la fois puéril et enthousiaste totalement perdu dans sa propre confusion (est-il un wannabe romancier qui nourrit ses écrits par ses étreintes avec des hommes plus mûrs où, à l'inverse, un escort boy qui multiplie les expériences avant de décider d'en tirer partie par l'écrit ?), Sebastian n'est pas forcément subtil dans son fond (de ses inserts méta à la redondance de sa narration) comme dans sa forme, mais n'en est pas moins une belle étude de personnage, incarnée avec délicatesse par Ruaridh Mollica.
Jonathan Chevrier