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[CRITIQUE] : La Peur au ventre


Réalisatrice : Lea Clermont-Dion
Acteurs : -
Budget : -
Distributeur : Vues du Québec distribution
Genre : Documentaire.
Nationalité : Canadien.
Durée : 1h23min

Synopsis :
En procédant à l’invalidation de l’arrêt Roe v. Wade, qui légalisait l’avortement aux États-Unis depuis 1973, la Cour suprême a fait un saut en arrière. Ce recul est symptomatique d’une polarisation déroutante. Dérangée par cette situation, la réalisatrice et féministe Léa Clermont-Dion s’interroge : comment ce précédent juridique aura de l’impact chez nous, au Canada ? Elle offre une exploration de la montée des groupes antiavortement au Québec, et partout au pays, mais présente aussi une plongée rare dans la riposte féministe et pro-choix qui s’organise. Après son film coup de poing Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique (2022), la cinéaste poursuit sa quête de justice et de vérité.




Léa Clermont-Dion n'est pas un nom totalement inconnue pour les amateurs de documentaires tout aussi engagés qu'important : elle était l'une des deux cinéastes, aux côtés de Guylaine Maroist, du puissant Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique, plongée sans concession et entre deux continents dans l’horreur sourde et brutale de la cyberviolence et du cyber-harcèlement où les deux femmes sondaient le calvaire vécu par quatre autres - Marion Séclin, comédienne et youtubeuse française, Laura Boldrini, présidente du parlement italien, Kiah Morris, représentante démocrate américaine, ainsi que Laurence Gratton, jeune enseignante québécoise.

Copyright Babel films

Un plaidoyer anti-harcèlement choc certes pas dénué de quelques défauts un poil irritants (dont un sensationnalisme parfois discutable, voire allant totalement à rebours avec la puissance de témoignages se suffisant totalement à eux-mêmes), mais essentiel.

Dans son nouvel effort, son premier tourné en solo, La Peur au Ventre (rien à voir avec l'excellent polar du même titre avec feu Paul Walker, mais on ne perd jamais une occasion de le citer), la cinéaste suit une approche plus pointue et pertinente encore (même si, une nouvelle fois, un poil rudimentaire dans sa forme) : une exploration de la montée déroutante et terrifiante du conservatisme, nichée derrière l'incroyablement bond en arrière dans les droits des femmes outre-Atlantique, avec l’invalidation en 2022 par la Cour Suprême de l’arrêt Roe v. Wade, qui légalisait l’avortement aux États-Unis depuis 1973.

Sans prendre de gants, elle nous catapulte au plus près de la réalité des groupes anti-avortement au Québec comme aux États-Unis (où, à l'heure actuelle, 21 États ont drastiquement réduits où interdits, l'accès à l'IVG), mais aussi de la riposte féministe et pro-choix qui cherche à faire entendre sa voix, pour mieux dresser un constat à la fois alarmant sur la montée galopante d'une idéologie profondément dangereuse, qui n'a pas attendu qu'on l'invite pour germer sur le Vieux continent (vu la politique actuelle où les libertés s'amenuisent au jour le jour, personne n'est à l'abri).

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Léa Clermont-Dion prend un parti pris à la fois audacieux, simple et édifiant : écouter, sans jamais tomber dans le jugement putassier, les arguments des voix et des pensées divergentes, pour mieux en pointer autant les contradictions comme l'importance de ne pas sous-estimer leur impact dans une société contemporaine où l'on recule plus que l'on avance.
Il n'y a rien de plus important que de lutter pour le moindre de nos droits, et La Peur au Ventre en est une preuve poignante et essentielle.


Jonathan Chevrier