[CRITIQUE] : À l'ombre d'Emily 2
Réalisateur : Paul Feig
Acteurs : Blake Lively, Anna Kendrick, Henry Golding, Allison Janney, Elizabeth Perkins, Andrew Rannells, Bashir Salahuddin, Joshua Satine, Ian Ho, Kelly McCormack,...
Budget : -
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Genre : Comédie, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h00min
Synopsis :
Stephanie Smothers et Emily Nelson se retrouvent sur la magnifique île de Capri, en Italie, pour le mariage extravagant d'Emily avec un riche homme d'affaires italien. En plus des invités glamours, meurtres et trahisons s’invitent dans ce mariage riche en rebondissements.
D
On avait été de ceux à avoir sensiblement été séduit par le sympathique L'Ombre d'Emily (A Simple Favor en V.O) de Paul Feig, rafraichissant et plein de panache petit bout de cinéma niché entre la comédie jazzie et le thriller plus ou moins mystérieux, porté autant par ses rebondissements plus où moins bien senties, que par le charme ravageur de son tandem vedette, Anna Kendrick (pétillante) et Blake Lively (hypnotique).
Succès critique et public, le film n'appelait pas forcément à connaître une suite même si la chose avait plus où moins été annoncé au moment de sa sortie, à la fin de l'été 2018.
Sauf que voilà, passage sous le pavillon Amazon MGM Studios oblige, suite (inutile) il y a et, comme souvent à Hollywood, la règle du bigger and louder but not better, est dégainée avec une fougue généreusement malade, annihilant copieusement le moindre des bons points du matériau d'origine, pour se mieux vautrer dans une surenchère aussi ridicule qu'artificielle.
Another simple bad mov(i)e...
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Exit le cadre rustique du nord du Michigan, bonjour la dépaysante et luxueuse île italienne de Capri donc, où un petit jeu de massacre s'organise autour du mariage de la meurtrière Emily Nelson (oui, elle s'est échappé de la case prison par l'opération de ce que l'on appellera moins la magie des avocats américains, que celle de la fée des intrigues faciles et pourries), qui retrouve pour l'occasion toute la petite bande de son passée (dont certaines présences sont, au mieux, ridicules et au pire totalement insensées), dont son ex-mari devenu alcoolique, Sean, mais surtout sa fausse BFF/mère de famille vlogueuse devenue une brillante podcasteuse et auteure de romans policiers, Stéphanie.
D'improbable, la narration passe très vite au stade du WTF-esque le plus complet, sabotant mignon le groove de comédie noire un poil intriguante du premier opus, pour voguer vers une sorte de pastiche maladroit ridiculisant le moindre de ses effets, sur l'autel du rebondissement faisandé et absurde où tout est possible, surtout le pire.
Flairez plutôt (attention spoilers et/où rupture d'anévrisme pour quiconque cherche à y trouver un sens) : adieu la jumelle - on le savait déjà, certes -, bonjour le retour de la triplée perdue que l'on pensait morte en couche), Charity, ramenée par tata Linda et un temps décidée à rafler tout l'oseille du mariage arrangé de sa sœur (avec un ami mafioso qui cache son homosexualité), mais aussi à faire accusé Stéphanie de tous les meurtres commis, avant qu'elle ne décide in fine qu'elle aime beaucoup trop sa sista pour lui faire du mal, tuant alors sa tante tout en prenant la place d'Emily (qui finira par bosser pour la mafia) en taule parce que... osef.
Ah et oui, son avocat est Paul Feig himself, parce que la limonade n'était pas assez rance, il fallait bien ajouter quelques gouttes de pisse dedans...
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Moins subtile et plus tordue que la pire de tes télénovelas doudous, le film de Paul Feig, qui a le bon goût de se laisser aller à quelques bassesses perverses comme dans la plus machiste et décontractée des comédies potaches US des 80s/90s (imaginez Blake Lively agressée sexuellement par... Blake Lively), se perd continuellement - comme le spectateur - dans sa volonté autant de jongler avec les tons (sans jamais y arriver, la faute à un humour poussiéreux qui, pour ne rien gâcher, désamorce le moindre de ses twists) que de transcender les coutures mal ficelées d'une narration prétexte et furieusement bâclée (aucune critique acerbe ni auscultation de l'American way of life comme le premier film, tout est d'une vacuité assez exceptionnelle); le tout sans jamais être relevé par sa direction d'acteurs, littéralement aux fraises.
À trop chercher, sans efforts, à jouer les cousines malades de White Lotus et du Ripley de Patricia Highsmith, L'Ombre d'Emily 2 se fait rien de moins qu'une suite à l'opportunisme accablant et craspec qui n'a au final rien de simple, sauf peut-être son titre...
Jonathan Chevrier