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[CRITIQUE] : Des Jours Meilleurs


Réalisatrice•teur : Elsa Bennett et Hippolyte Dard
Acteurs : Valérie Bonneton, Michèle Laroque, Sabrina Ouazani, Clovis Cornillac,...
Budget : -
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h34min

Synopsis :
A la suite d’un accident de voiture, Suzanne perd la garde de ses trois enfants. Elle n’a plus le choix et doit se soigner dans un centre pour alcooliques. A peine arrivée, elle y rencontre Alice et Diane, deux femmes au caractère bien trempé… Denis, éducateur sportif, va tenter de les réunir autour du même objectif : participer au rallye des Dunes dans le désert marocain. Il devra s’armer de beaucoup de patience et de pédagogie pour préparer cet improbable équipage à atteindre son objectif.




Si l'adage veut que l'enfer soit pavé de bonnes intentions, il n'est pas totalement naïf de penser que bon nombres de cinéastes pensent à l'origine bien faire lorsqu'ils abordent des sujets dont ils n'ont pas toujours la maîtrise où même, pour certains, le minimum requis de connaissance pour ne pas totalement foirer comme dit plus haut, les intentions de départ.
En ce sens, il était difficile de ne pas craindre le pire à l'idée de voir une comédie populaire française aborder le sujet loin d'être aisé de l'alcoolisme au féminin, avec les gros sabots qu'on lui connait si bien (une distribution nouant comédiennes et comédiens reconnus, et des actrices non-professionnelles).

Copyright Jo Voets

Un préjugé facile venant en fustiger de potentielles autres issus d'un film même pas encore vu : oui, on en est cruellement là aujourd'hui et c'est, en partie, ce qui facilite paradoxalement à ré-enclencher tous les 36 du mois (comprendre plutôt chaque semaine de sorties), le CD rayé du supposé manque de qualité de la production hexagonale, une stupidité sans nom relayé par des " spectateurs " qui le sont si ce n'est tout autant, au minimum très mal informés (volontairement où non).

Cloué bien trop vite au pilori avant même sa vision, pas aidé non plus par son trio de comédiennes vedettes certes talentueuses (Valérie Bonneton, Michèle Laroque et Sabrina Ouazani) mais aux choix de carrière souvent douteux - pour ne pas dire difficilement défendables -, Des jours meilleurs, estampillé premier long-métrage du tandem Elsa Bennett et Hippolyte Dard, incarne une petite surprise que l'on avait pas forcément vu venir, lui qui aborde la dépendance destructrice à l'alcool avec un regard - parfois à la lisière du documentaire - à la fois juste et délicat, à travers le parcours sensible et tout en résilience de trois femmes perdues en quête de rédemption; trois âmes dont l'addiction n'est que la réponse (violente où frappée par le sceau du déni) d'une souffrance et d'une solitude profondes, lancées à l'initiative du centre spécialisé qu'elles ont rejoints, dans la folle aventure d'un rallye au cœur du désert, pensé pour renforcer leur cohésion et leur solidarité comme leur guérison.

Copyright Jo Voets

Dénué de tout jugement et encore moins de tout misérabilisme putassier, jonglant plutôt habilement sur le fil ténu de la comédie complice et du drame poignant, pétri d'espoir tout autant qu'il ne masque jamais la noirceur comme la violence de son sujet, Des jours meilleurs étonne et détonne dans son humanité bouleversante, solide portrait choral de femmes aussi belles que pleine de fêlures, d'où surnage une Valérie Bonneton que l'on a rarement vu aussi inspirée.
Un (très) joli premier effort donc.


Jonathan Chevrier