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[CRITIQUE] : Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère)

Réalisateur : Pat Boonnitipat
Acteurs : Putthipong AssaratanakulUsha SeamkhumTontawan TantivejakulSarinrat Thomas,...
Budget : -
Distributeur : Tandem
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Thaïlandais.
Durée : 2h05min

Synopsis :
Quand M apprend que sa grand-mère est malade, il voit une opportunité de mettre fin à ses galères. En jouant les petits-fils modèles, il compte bien décrocher l’héritage ! Mais gagner ses faveurs est loin d’être une mince affaire, et pour toucher le pactole, il est prêt à tout. Ce qui commence comme une mission intéressée devient peu à peu l’histoire d’un petit-fils et d’une grand-mère qui apprennent à se connaître…




Pas forcément le cinéma le plus prompt à atteindre nos salles obscures (ses légères incursions dans les girons du fantastique et de l'action sont quasiment intégralement réservées aux rayons DTV/SVOD), quand bien même les quelques efforts précieux d'Apichatpong Weerasethakul y trouvent toujours leur chemin (et heureusement...), le cinéma thaïlandais n'en est pas pour autant exempt de quelques pépites qui méritent totalement l'attention que l'on peut leur porter.

Copyright Tandem

À l'image du premier long-métrage du wannabe cinéaste Pat Boonnitipat, Comment devenir riche (grâce à ma grand-mère), qui trompe gentiment les effluves de comédie facile et cynique - voire loufoque - que distille à la fois son titre à rallonge (dont on préférera la simplicité de son titre original, Lahn Mah), comme son pitch à la lisière du prétexte (qui pourrait être le point de départ de n'importe quelle production potacho-déglinguée bien de chez nous).

Que nenni donc, puisque l'on est bien face à un petit exercice de funambule à la fois tragique et doux, satirique et réconfortant, petite bulle de douceur amère vissé sur les atermoiements d'un môme paresseux et déconnecté de la vie (pas si ironique pour quelqu'un voulant devenir un streamer populaire), prêt à tout pour profiter de sa grand-mère malade (mais pas dupe, consciente que le gamin n'est pas plus cupide ni malhonnête que ses aînés) et gratter la plus grosse part du futur héritage familial (comme sa cousine, qui s'est occupé de son grand-père sur ses derniers jours pour in fine remporter le gros lot), avant de réellement apprendre à la connaître et nouer des liens forts avec elle.

Copyright Tandem

Du cousu de fil blanc donc, qui n'hésite pas à jouer du violon pour aller soutirer quelques larmichettes à son auditoire dans son épopée vers la tendresse et pourtant, difficile de ne pas admettre que la popote fonctionne du tonnerre, Boonnitipat questionnant gentiment les rapports intergénérationnels et la notion de transmission entre deux âges diamétralement opposés, tout autant qu'il interroge notre rapport à nos aînés, dont le désintéressement croissant n'est définitivement pas qu'une mode occidentale.
Touchant et satirique donc mais surtout férocement authentique, le tout avec un magnifique tandem Usha Seamkhum/Putthipong Assaratanakul.


Jonathan Chevrier