[CRITIQUE] : Radio Prague, les ondes de la révolte

Réalisateur : Jirí Mádl
Acteurs : Vojtech Vodochodský, Stanislav Majer, Tatiana Pauhofová, Ondrej Stupka,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Tchèque, Slovaque.
Durée : 1h55min.
Synopsis :
Mars 1968. À la veille du Printemps de Prague, Tomáš décroche un emploi à la radio et travaille pour des journalistes qui défient la censure de l’État. Soumis à un chantage de la police secrète, parviendra-t-il à la déjouer sans trahir ses idéaux ? Le récit d’un combat pour la liberté qui a marqué l’Histoire…
À une heure, aussi profondément cynique que désespérante - voire, n'ayons pas peur des mots, totalement terrifiante - où la morale médiatique (sous toutes ses formes journalistiques) comme l'éthique et la responsabilité face à l'information (ne parlons plus de vérité), sont de plus en plus discutées et discutables, plusieurs cinéastes s'efforcent tant bien que mal de remettre l'église au milieu du village à travers la force du cinématographe.
Le comédien tchèque devenu - plutôt bon - cinéaste Jirí Mádl fait décemment parti de ceux-là, lui qui s'attache aux élans profonds de liberté véhicules par le - bref - Printemps de Prague, appelés à être assassinés par le pacte de Varsovie, dans une chronique dramatico-haletante rythmé comme un thriller politique US des 70s, vissé sur les atermoiements de deux frangins dont la lutte et les ideaux symbolisent la dichotomie d'une nation à la fois portée par la ferveur de la rébellion et de l'émancipation, et déchiré par l'emprise étouffante de l'autoritarisme.
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Deux âmes a la relation évidemment conflictuelle, tiraillées entre responsabilité et résignation, révolte et obéissance aveugle face à la menace silencieuse d'un avenir sombre : l'ambigüe Tomá, à l'éveil réticent et en plein conflit avec lui-même, et le plus jeune Pavel, rebelle et assoiffé de liberté.
Le premier voit des ideaux totalement bousculés lorsqu'il devient technicien au cœur de la seule lueur d'espoir et de moralité, la seule voix défiant la censure de l’État : la radio nationale tchécoslovaque où les journalistes, gardiens de l'intégrité, par le simple fait de dégainer la vérité, opère l'ultime acte révolutionnaire face à la tyrannie.
Avec un sens du suspens remarquable, Mádl ausculte en profondeur les notions complexes de loyauté (surtout fraternelle), de sacrifices et de moralité, tisse la petite histoire au cœur de la grande et accouche d'un thriller particulièrement édifiant sur la condition humaine face au désespoir et à l'oppression, dont l'écho avec notre époque contemporaine fait gentiment froid dans le dos.
Jonathan Chevrier
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