[CRITIQUE] : On ira

Réalisatrice : Enya Baroux
Actrice : Hélène Vincent, Pierre Lottin, David Ayala, Juliette Gasquet,...
Distributeur : Zinc Film
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h37min
Synopsis :
Marie, 80 ans, en a ras le bol de sa maladie. Elle a un plan : partir en Suisse pour mettre fin à ses jours. Mais au moment de l’annoncer à Bruno, son fils irresponsable, et Anna sa petite-fille en crise d’ado, elle panique et invente un énorme mensonge. Prétextant un mystérieux héritage à aller chercher dans une banque suisse, elle leur propose de faire un voyage tous ensemble. Complice involontaire de cette mascarade, Rudy, un auxiliaire de vie tout juste rencontré la veille, va prendre le volant du vieux camping car familial, et conduire cette famille dans un voyage inattendu.
Même s'il est méchamment balisé, certes pas autant que peut l'être le mélodrame voire la comédie romantique tout en glucose, le road movie reste néanmoins la toile cinématographique la plus propice à laisser s'exprimer les émotions d'une histoire et de ses personnages, avant tout et surtout grâce à la simplicité évidente de sa structure (aller d'un point A à un point B, en tentant de faire vivre un minimum de choses à ses figures mouvantes au milieu), qui lui permet d'aller strictement à l'essentiel, de laisser vivre et vibrer sa narration au gré des points clés et autres rebondissements d'un périple qui peut être à la fois physique, psychanalytique et existentiel.
L'essence même, au fond, de l'influence majeure apporté au genre par le cinéma américain, sensiblement bâti sur les aspirations et les désirs - bons comme mauvais - de protagonistes promis à une véritable catharsis émotionnelle face caméra.
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Copyright BONNE PIOCHE CINEMA - CARNAVAL PRODUCTION - ZINC - 2025 |
Et puis, après tout, Robert Louis Stevenson ne disait-il pas que " l'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même "?
C'est sensiblement le cas avec On ira, estampillé premier long-métrage de la wannabe cinéaste Enya Baroux (oui, la fille de l'humoriste et réalisateur Olivier Baroux), road movie dramatico-réconfortant tellement prévisible (il n'échappera sans doute pas facilement, à l'étiquette du " Little Miss Sunshine à la française ") qu'il semble avoir été inconsciennement fournit au spectateur avec son mode d'emploi, quasiment à la ligne de dialogue près.
Mais dans sa familiarité évidente il a un sacré argument de poids : une distribution aux petits oignons dominée par un tandem Hélène Vincent/Pierre Lottin qui ne se quitte plus (ils étaient en vedette, il y a un an jour pour jour, de l'excellent Quand vient l’automne de François Ozon).
Et même si leur partition ne surpasse jamais réellement les - petites - maladresses et la fragilité de la narration (ni de son rythme), ils apportent ce qu'il faut de poids et de puissance à une histoire certes sans prétention mais suffisamment charmante pour toucher et divertir plus que la moyenne.
Soit celle de Marie, 80 ans au compteur et lessivé par un cancer incurable, qui décide dans un ultime geste de partir en Suisse pour mettre un terme à sa vie comme à son calvaire.
Mais pour se faire, paniquée à l'idée de subir la réprobation de ses proches comme de les blesser, elle invente un mensonge gros comme le monde - un mystérieux héritage à aller réclamer - pour justifier ce voyage en camping car à la fois rocambolesque et tragique.
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Enchaînant les traits d'humour complice avec une frénésie gourmande, sans pour autant renier son pendant dramatique où la cinéaste interroge, à l'instar du tout récent Le Dernier Souffle de Costa-Gavras, son auditoire sur les questions de dignité et de liberté de choix face à la fin de vie (sans jamais se perdre dans une sensibilisation excessive); On ira roule sa bosse sans trembler en tant que chtite oeuvre feel good qui, évidemment, risque de subir - pas totalement - malgré elle le jeu putassier des comparaisons faciles avec le bijou de Jonathan Dayton et Valerie Faris (légitime, même s'il est plus nuancé qu'un simple rip-off mal luné).
Tant pis au fond, puisque cette comédie douce-amère a le cœur au bon endroit et ce jusque dans son final bouleversant.