[CRITIQUE] : La Cache
Réalisateur : Lionel Baier
Acteurs : Michel Blanc, Dominique Reymond, Gilles Privat, Liliane Rovère, William Lebghil, Aurélien Gabrielli, Louise Chevillotte,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Suisse, Luxembourgeois, Français.
Durée : 1h30min
Synopsis :
Christophe, 9 ans, vit les événements de mai 68, planqué chez ses grands-parents, dans l’appartement familial à Paris, entouré de ses oncles et de son arrière-grand-mère. Tous bivouaquent autour d’une mystérieuse cache, qui révèlera peu à peu ses secrets…
Il était un " bronzé " pas forcément doué pour draguer (doux euphémisme), un acteur Splendid qui ne demandait qu'à exprimer sa singularité, qu'à se distinguer d'une troupe où il était comme un poisson dans l'eau, qu'à s'extirper d'une comédie qui l'a vu naître pour laisser exploser son talent dans des registres tout aussi complexes.
Cinéaste et comédien tout aussi populaire que brillant, Michel Blanc n'est plus, et à nous désormais de - modestement - célébrer son œuvre comme de nous remémorer ses plus beaux efforts, à une heure où il ne lui reste que deux partitions à nous offrir.
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Copyright Les Films du Losange |
Deux partitions qui débarqueront dans les salles à quelques semaines d'intervalles : début avril avec Le Routard de Philippe Mechelen, où il partage la vedette avec son ami Christian Clavier, mais également dès à présent avec La Cache de Lionel Baier, (très) libre adaptation du roman éponyme de Christophe Boltanski où il y est absolument bouleversant; sorte de comédie dramatico-historique qui entremêle l'innocence des souvenirs d'enfance à la dure et troublante réalité d'un bouleversement social majeur - Mai 1968.
D'un matériau de base profondément personnel dont il en extrait qu'une infime parcelle, Baier instaure très vite une vérité essentielle : l'appartement de la rue de Grenelle au cœur de son récit apparaît comme un lieu de mémoire, un lieu de souvenirs à la fois tendre et chargé par le poids d'un passé (notamment le traumatisme de l'holocauste et d'une Seconde Guerre mondiale où, justement, il a dû servir de " cache " aux Boltanski, famille d’intellectuels juifs) qui ressurgit sans prévenir, au sein d'un présent en pleine mutation.
Une sorte refuge étrange mais bienveillant pour Christophe, 9 ans au compteur, vit les événements de mai 68 en étant planqué dans cette demeure familiale parisienne, entouré de figures gentiment loufoques, de son grand-père (son meilleur ami) à ses oncles et en passant par son arrière-grand-mère, alors que ses parents sont partis manifestés.
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Tout en vignettes soigneusement construites et au ton savoureusement trompeur (comme sa voix-off sauce chat de Schrödinger, qui ajoute une petite couche de mystère supplémentaire), dont l'humour gentiment décalé comme l'inventivité étonnante de la mise en scène (dont quelques split screens vraiment malins), donnent à la magique popote des faux airs de fable tendrement chaotique à la Wes Anderson (La Famille Tenembaum n'est jamais loin); La Cache swingue entre imaginaire et réalité dans sa manière tendre de tisser une complicité immédiate avec son auditoire, et incarne une séance à la fois chaleureuse et douce-amère.
Un petit bonbon atypique sous forme d'adieu tendre à un monument de notre cinéma.
Jonathan Chevrier
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