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[CRITIQUE] : Bastion 36


Réalisateur : Olivier Marchal
Avec : Victor Belmondo, Tewfik Jallab, Yvan Attal, Juliette Dol,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Policier, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 2h04min

Synopsis :
Paris, de nos jours. Antoine Cerda, commandant de police à la prestigieuse BRI est muté à la Brigade Anti Criminalité suite à une sanction de l’Inspection Générale. Il tourne alors le dos à ses anciens compagnons d’armes et à son groupe, commandé par le charismatique Sami Belkaïm. Treize mois plus tard, deux membres de son ancienne équipe sont abattus en moins de vingt-quatre heures. Lorsqu’un troisième disparaît mystérieusement, Antoine Cerda décide de mener sa propre enquête. Ses recherches vont le projeter en pleine guerre des polices et l’entraîner dans une terrible descente aux enfers.




Critique :



Aussi étrange que cela puisse paraître (et à l'instar de la saga Scream de feu Wes Craven pour le cinéma de genre), les oeuvres d'Olivier Marchal ont incarné pendant un temps, autant le renouveau essentiel que l'uniformisation irritante du " polar musclé à la française ", une Marchinalisation forcée dont seuls quelques cinéastes affutés (Julien Seri, Fred Cavayé, Guillaume Pierret,...) ont réussi à s'extirper avec des thrillers aussi divertissant qu'un minimum originaux, tandis que les copycats sans âme ont prospérés sur le petit comme sur le grand écran, avec une frénésie assez folle.

Copyright Laurent Le Crabe/Netflix

De retour sur les ondes et non sur grand écran après mes cataclysmiques Overdose et Bronx, double maxi best-of big mac rance entre le copycat des deux dernières saisons foireuses de Braquo, et la caricature cheap et aveugle d'un cinéma qui, il y a encore peu, avait son petit charme; le papa de 36, Quai des Orfèvres repasse à nouveau de Prime Vidéo à Netflix avec Bastion 36, un énième polar voulu comme nerveux (pourquoi s'emmerder ?), basé cette fois sur le roman Flics Requiem de Michel Tourscher et dont la révérence au film précédemment cité, au-delà du titre, est des plus évidentes.

La question restait alors entière, allait-il incarner, comme tous ses films depuis MR 73, un cocktail lessivé de tous les tropes de sa filmographie où il ne s'embarrasse même plus de croquer des personnages si ce n'est empathique, au moins un tant soit peu plaisant à suivre; où allait-il s'offrir une - légère - renaissance en retrouvant un semblant de son - léger - mojo perdu ?

Contre toute attente, la limonade est in fine moins indigeste que prévue même si méchamment bancale, la faute à une narration à la vraisemblance fuyante et beaucoup trop confuse, riche en personnages brossés avec une truelle tordue (même son personnage titre au fond, campé par un charismatique Victor Belmondo), quand bien même elle s'avère plutôt prenante (l'enquête d'un ancien de la BRI, rétrogradé à la BAC et un peu trop fan des combats de rue clandestin, pour retrouver le coupable derrière l'assassinat de tous ses anciens collègues, et déceler toutes les vérités derrière une police sensiblement corrompue).

Copyright Laurent Le Crabe/Netflix

Aussi bordélique, poussif et frustrant que gentiment brut et musclé, Bastion 36, plutôt bien emballé (notamment dans son action, ce qui le différencie, de facto, des anciens efforts du cinéaste), fait étonnamment bien le café sans pour autant s'extirper du petit bain du déjà-vu et de la subtilité (c'est moins délicat qu'un pet dans le vent), dans lequel il patauge sans remords et avec gourmandise.
On a vu bien pire donc, surtout avec Olivier Marchal.


Jonathan Chevrier