[CRITIQUE] : Falling Stars
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Réalisateurs : Gabriel Bienczycki et Richard Karpala
Avec : Piotr Adamczyk, Rene Leech, Andrew Gabriel,...
Distributeur : Shadowz
Budget : -
Genre : Drame, Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h20min
Synopsis :
Des sorcières attaquent les malheureux qui s’aventurent à l’extérieur pendant la nuit et les font disparaître. Malgré le danger, trois frères décident de se rendre sur un site désertique pour voir le cadavre de l’une de ces créatures. Cette décision scellera leur destin et celui de leurs proches.
Critique :
Déjouant subtilement les attentes autant qu'il s'échine à ne jamais brader son aura mystique sur l'autel du divertissement racoleur, #FallingStars, qui croule un poil trop sous le minimalisme de son intrigue, n'en reste pas moins un vrai morceau d'épouvante singulier et captivant pic.twitter.com/guTlkIt1cr
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 1, 2025
Dans la catégorie des jeunes cinéastes qui ont l'aplomb de mener, au coeur de leur premier passage derrière la caméra, leur concept singulier jusqu'au bout sans frémir le moins du monde sous le poids de l'entreprise, le tandem de couteaux suisses Gabriel Bienczycki et Richard Karpala se pose là et se fraye à coup de latte sa place au coeur de la jungle Hollywoodienne, avec un premier essai fleurant bon l'épouvante des 50s, où la simplicité comme la beauté d'un ciel ouvert n'a jamais paru aussi angoissant et menaçant.
Sobrement intitulé Falling Stars, la péloche, pour laquelle ils ont multipliés les casquettes (production, écriture, réalisation, montage,...) est de ces petites curiosités indés qui use à merveille de ses références pour mieux créer sa propre voie, formellement et structurellement fascinante.
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Image via Fantastic Fest/XYZ Films |
D'autant que, sur le papier, le délire semblait gentiment mal barré, flairez plutôt le pitch : trois frangins qui, le premier jour de la récolte, partent dans le désert pour exhumer le cadavre d'une sorcière et finissent par déclencher, évidemment, quelque chose de terrifiant.
Mais les premières impressions ne font pas fondamentalement un film - même si elles sont parfois justes -, et dans son genre, Falling Stars nous ramène joliment au bon souvenir de la petite claque dans la nuque que pouvait incarner The Vast of Night d'Andrew Patterson, lorsqu'il est débarqué en catimini sur Prime Vidéo, en plein confinement - une habitude avec la plateforme.
Déjouant subtilement les attentes au moins autant qu'il s'échine à ne jamais brader son aura mystique sur l'autel du divertissement racoleur, subtil mélange entre un folklore inventif (des sorcières affamées descendant du ciel, pour dévorer ceux qui osent roder hors de chez ceux la nuit) et d'un cadre enivrant, l'Inland Empire cher à feu David Lynch), le film, qui croule peut-être un poil trop sous le minimalisme de son intrigue (son action rachitique, des dialogues parfois limités,...), distille pourtant un charme fou dans sa peinture d'un monde et d'une famille à bout de souffle face à une menace mystérieuse et écrasante, dans sa manière de capturer avec poésie la terreur pure de l'inconnue.
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Image via Fantastic Fest/XYZ Films |
Une apocalypse lancinante, qui ressemble moins à un astéroïde bruyant qui nous frappe en pleine poire mais à une extinction calme, par petites touches presque tout aussi inéluctable (que l'on pourrait intimement relié, dans un effet miroir, à la graduation de la violence et la perte de valeurs de la société contemporaine, comme à la dégradation climatique aux ravages de plus en plus perceptibles), mise en scène dans une urgence à la fois crispante et tranquille.
Un excellent divertissement surnaturel donc, certes perfectible mais qui arrive à intelligemment jouer les funambules avec un fantastique à la fois familier et singulier.
Jonathan Chevrier