[CRITIQUE] : Baby
Réalisateur : Marcelo Caetano
Acteurs : João Pedro Mariano, Ricardo Teodoro, Bruna Linzmeyer, Ana Flavia Cavalcanti,...
Distributeur : Epicentre Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Brésilien, Français, Hollandais.
Durée : 1h47min.
Synopsis :
À sa sortie d’un centre de détention pour mineurs, Wellington se retrouve seul et à la dérive dans les rues de São Paulo, sans nouvelles de ses parents et sans ressources pour commencer une nouvelle vie. Il fait la rencontre de Ronaldo, un homme mûr qui lui enseigne de nouvelles façons de survivre. Peu à peu, leur relation se transforme en passion conflictuelle.
Il y a quelque chose de fascinant, voire même de presque sensuel dans la manière qu'à le cinéaste brésilien Marcelo Caetano, pour son second long-métrage derrière la caméra, Baby, de filmer l'électrique São Paulo non pas comme une bouillonnante toile de fond, mais comme une sorte d'entité à la fois discrète et vampirique qui absorbe, littéralement, ceux qui y gravitent.
Une ville protéiforme en pleine reconstruction où cohabitent les fantômes d'hier et la modernité écrasante d'aujourd'hui, où la vie - bruyante - ne semble jamais s'arrêter et où la diversité, réprimée la politique discriminatoire en place, y est néanmoins fièrement affirmée comme véritable moteur de son dynamisme.
Elle est un personnage à part entière d'une relation à la fois complexe et tout aussi dévorante au cœur de la narration, celle qui (dés)unit entre Wellington - surnommé Baby, d'où le titre -, jeune gamin des rues d'à peine dix-huit ans qui erre dans la cité brésilienne après avoir passé deux ans dans un centre de détention pour mineurs, et Ronaldo, un prostitué de quarante ans avec qui il entretient une liaison toxique (il agit comme un proxénète avec lui) et étrangement, protectrice.
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Copyright Epicentre Films |
Quand bien même le jeu des comparaison est, sensiblement, toujours un poil vulgaire - voire putassier, d'autant plus quand il n'est pas usé avec pertinence -, il est difficile de ne pas penser au tout récent Patagonia, premier long-métrage du wannabe cinéaste italien Simone Bozzelli, qui s'attachait lui aussi à une une jeunesse - italienne cette fois - marginale, déboussolée et en quête constante d’identité et d'affection, se lançant dans des relations angoissantes et toxiques, pour mieux s'émanciper.
On y retrouve la même idée d'ancrer la narration autant dans les courbes d'un récit d'initiation à la difficile vie d'adulte, que dans un réel au plus près de la rudesse du monde et du mouvement des corps meurtris.
Mais si Bozzelli penchait vers une révérence assumée au cinéma de Xavier Dolan, Caetano s'inscrit lui plus dans l'ombre tutélaire de Wong Kar-Wai (la physicalité de l'environnement urbain comme sa colorimétrie, en sont deux preuves des plus probantes), et croque un puissant mélodrame, un regard sensuel et complexe autant sur la complexité des rapports humains, que sur la pluralité du Brésil contemporain.
Ce qui en fait, définitivement, un cinéaste à suivre à l'avenir.
Jonathan Chevrier
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