[CRITIQUE] : Anna

Réalisateur : Marco Amenta
Acteurs : Rose Aste, Daniele Monachella, Marco Zucca, Daniele Vitellaro,...
Distributeur : Les Films de l'Atalante
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Italien, Français.
Durée : 1h58min.
Synopsis :
Anna, trentenaire solitaire, élève ses chèvres dans une partie sauvage et préservée de la Sardaigne. Mais son exploitation est menacée le jour où un vaste projet de complexe touristique commence à s’installer sur ses terres.
Malgré la pression du reste du village, très favorable à ce développement économique, Anna va se battre pour sauver tout ce qui lui reste.
Critique :
Drame tout en douleur façon portrait de femme authentique et captivant aux séquences brutes, #Anna, à l'écriture un poil trop schématique pour son bien, est pourtant totalement relevé par la prestation incendiaire de Rosa Aste, sortie de nulle part mais désormais incontournable. pic.twitter.com/1HpqO1CiHP
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 6, 2025
Personnalité discrète d'un septième art italien en pleine renaissance, on avait laissé le cinéaste Marco Amenta il y une bonne quinzaine d'années avec La Sicilienne, drame poignant avec notre Gérard Jugnot national où il contait l'histoire vraie d'une jeune sicilienne qui, fille d'un parrain de la mafia assassiné par un autre clan, témoignait courageusement contre la mafia quitte à elle-même, mettre sa vie en péril.
Pour son nouvel effort, son troisième de fiction (et qui s'inspire lui aussi de faits réels) aux accents néoréalistes affirmés, Anna, il s'attache une nouvelle fois à une figure féminine toute aussi blessée par la vie, mais résolument plus sauvage et magnétique : la dite Anna du titre, dont la vie est rythmée par le pouls de sa Sardaigne natale, qui guérit ses maux comme elle nourrit son âme.
Une femme libre, solitaire et affirmée qui porte douloureusement ses cicatrices (comme ses défauts, sans jamais se cacher) autant qu'elle rejette farouchement les conventions, elle qui vit dans une petite île presque aussi coupée du monde qu'hors du temps, où elle a repris la ferme familiale et l'élevage de chèvre qui permet de subvenir à ses besoins.
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Tout bascule lorsque que cette terre qui la protège autant qu'elle le fait elle-même, se voit menacée d'être pilée, violée par un vaste projet de complexe touristique (soutenu par tout son village, qui voit dans ce développement économique une aubaine inespérée) qui vient remettre en cause son héritage comme sa liberté.
Elle se lance alors dans un combat presque perdu d'avance, énième déclinaison d'un affrontement David contre Goliath où elle s'opposera autant aux abus d'un capitalisme aveugle qu'à un machisme totalement exacerbé (étroitement liés, évidemment, dans une société patriarcale qui plus est pervertie par l'argent), autant pour son propre salut personnel que pour cet environnement qui fait, justement, parti d'elle et de son histoire.
Portrait de femme authentique et captivant aux séquences brutes, Anna, à l'écriture peut-être un poil trop conventionnelle/schématique pour son bien, est pourtant totalement relevé par la prestation incendiaire et intense de Rosa Aste (que la caméra d'Amenta ne quitte jamais ni ne rend plus sympathique qu'elle ne devrait l'être), sortie de nulle part mais désormais incontournable, elle qui donne de la chair et du cœur à un drame poétique et tout en douleur.
L'une des belles découvertes du moment, porté par l'une - déjà - des plus belles révélations de l'année.
Jonathan Chevrier