[CRITIQUE] : To the north
Réalisateur : Mihai Mincan
Avec : Nikolaï Becker, Soliman Cruz, Noel Sto. Domingo, Alexandre Nguyen,...
Distributeur : Destiny Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Roumain, Grec, Français, Bulgare, Tchèque.
Durée : 2h02min
Synopsis :
1996, Atlantique Nord. Deux jeunes clandestins embarquent à bord d’un porte-conteneur à destination du Canada. Les membres de l’équipage philippins découvrent l’un d’eux, un Roumain. Si les officiers taïwanais le repèrent, il risque d'être jeté à la mer, comme cela fut le cas pour son compagnon. Les marins philippins décident alors de le cacher dans les entrailles du bateau…
Critique :
Si l'on peut chipoter un brin sur son rythme décousu voire sur ses dialogues limités, #ToTheNorth n'en reste pas moins une solide proposition qui se revendique autant comme un drame psychologico-philosophique qu'un thriller oppressant sauce huis clos à forte résonance religieuse. pic.twitter.com/xjA335RAI1
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 28, 2025
Tu ne le demande peut-être pas mais allez, on te le dit quand-même (c'est gratuit, profites) : le cinéma roumain se porte vraiment bien depuis quelques années.
Voilà, voilà, merci pour lui, à bientôt pour plus de nouvelles approximatives.
Blague à part, l'affirmation est sérieuse, énième preuve à l'appui en ces dernières heures hivernales, avec le premier long-métrage de fiction du wannabe cinéaste Mihai Mincan, To The North, une nouvelle voix appelée a - peut-être -, à l'instar de Alexandru Belc où même Andrei Tănase, devenir au moins aussi retentissante que peuvent l'être Cristian Mungiu, Bodgan George Apetri où encore Cristi Puiu et Radu Jude à l'avenir, au sein d'une production roumaine en pleine reconstruction, lui qui suit autant qu'il se démarque (notamment dans son usage décomplexé de la langue de Shakespeare) de la logique de ce que l'on peut considérer comme la Nouvelle Vague roumaine, avec des considérations socio-politiques (ici, une nouvelle fois, la question des migrants) caractéristiques de cette mouvance aussi fascinante que particulière - malgré quelques petites panouilles inhérentes à un premier effort, évidemment.
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Inspirés de faits réels et profitant d'un pitch sensiblement taillé à la serpe (deux jeunes d’Europe de l’est embarquent clandestinement sur un cargo chargé de containers allant vers le Canada; le premier, bulgare, est vite jeté à l'eau sans ménagement, tandis que le second, roumain, est protégé par l'équipage philippin, surtout l'un d'entre eux qui se sent coupable quant au sort du premier migrant), Mincan catapulte de manière plutôt efficace sa petite galerie de figures fouillées aux idéaux et aux origines culturelles différentes - mais in fine toutes aussi désespérées les unes que les autres -, face à la complexité des notions du bien et du mal autant que des limites cruelles des différences de classes auxquels ils sont frontalement renvoyés (mettre sa vie en péril face à la contrainte - potentielle - d'émigrer face aux manques d'opportunités et d'avenir, mise en miroir avec la contrainte d'un job essentiel - là aussi remis en jeu par un acte humain -, et le désaccord complet avec les méthodes brutales de ses supérieurs), au cœur d'un film qui se revendique à la fois comme un drame psychologico-philosophique qu'un thriller oppressant sauce huis clos sensoriel (une angoisse justement renforcé par un cadre dont on ne peut s'échapper) à forte résonance religieuse.
On pourra certes chipoter un brin sur son rythme en dents de scie, voire sur la superficialité de nombreux de ses dialogues (très limités), mais la proposition reste suffisamment forte et sous tension pour marquer.
Une belle découverte.
Jonathan Chevrier