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[CRITIQUE] : Bonjour l'Asile


Réalisatrice : Judith Davis
Avec : Judith DavisClaire DumasMaxence TualSimon Bakhouche,...
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h47min

Synopsis :
Jeanne quitte quelques jours le stress de la vie urbaine pour aller voir sa grande amie Elisa, récemment installée à la campagne. Au cœur des bois voisins, un château abandonné devenu tiers-lieu, foisonne d’initiatives collectives. Elisa aimerait s'y investir, mais entre biberons et couches lavables, elle n'en a pas le temps. Jeanne, en militante des villes, n'y voit aucun intérêt. Quant à Amaury, promoteur en hôtellerie de luxe, le château, lui, il veut l'acheter. Tous trois convergent malgré eux vers ce lieu d’entraide et de subversion... Mais combien de temps cet asile d’aujourd’hui pourra-t-il résister à ce monde de fou ?



Critique :



On avait découvert la wannabe cinéaste Judith Davis aux premières heures de 2019 avec un joli premier long-métrage, Tout ce qu'il me reste de la révolution, né en partie sur les planches (elle est membre du collectif L'avantage du Doute, et a montéle spectacle Tout ce qui nous reste de la Révolution, c'est Simon, qui lui servait de socle essentiel), comédie sociale et politique qui s'en allait questionner l'héritage post-mai 1968 sur une génération complètement engluée dans les diktats écrasants de la société de consommation actuelle, entre insatisfaction professionnelle et fatalisme existentiel.

Une première réalisation tout en auto-dérision à la fois passionnée, foutraque et mélancolique, dont l'énergie et le désir d'utopie trompait plutôt joliment l'aspect hasardeux d'une écriture douloureusement fragile, qui ne dépassait jamais réellement le stade de l'exposition un poil superficielle.
Une héritière du tandem Kerven et Delépine, avec un penchant résolument plus philosophique.

Copyright UFO Distribution

Cinq ans après, presque jour pour jour, bonjour son second effort, Bonjour l'Asile, est sensiblement affublé autant des mêmes qualités (un esprit de cinéma de troupe, presque de café-théâtre, peut-être encore plus exacerbé ici) que des mêmes " tares " narratifs (une structure sensiblement nébuleuse), mais il trouve une pertinence/harmonie assez jouissive dans sa peinture " d'aliénés " malgré eux, d'autant que la cinéaste affûte peut-être encore un peu plus ici, son regard acerbe sur le néolibéralisme et les contradictions d'une société contemporaine qui vient lentement et insidieusement, empoisonner tous nos idéaux.

Engagé et burlesque, satire authentique portée par le désir louable d'aborder généreusement (avec une bonne dose de caricature, ce qui laisse peut de place à la nuance malheureusement) et de manière choral toutes les nuances de la vie quotidienne dite " alternative ", au point de déséquilibré un édifice déjà brinquebalant, le film est aussi et surtout porteur d'espoir : face à un monde qui ne tourne plus rond, il faut réapprendre à nouer un esprit de solidarité et de communauté.
Facile à dire certes, mais cest un rappel essentiel - encore plus aujourd'hui.


Jonathan Chevrier