[CRITIQUE] : April
Réalisatrice : Dea Kulumbegashvili
Avec : Ia Sukhitashvili, Kakha Kintsurashvili, Merab Ninidze, Roza Kancheishvili,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Géorgien, Français, Italien.
Durée : 2h14min
Synopsis :
Nina est gynécologue-obstétricienne dans un petit hôpital en Géorgie. Après la mort d'un nouveau-né lors d'un accouchement, sa réputation professionnelle et morale est mise en cause. Des rumeurs l'accusent de pratiquer des avortements illégaux...
Critique :
On avait découvert le cinéma de la cinéaste géorgienne Dea Kulumbegashvili avec le magnifique Begginning, drame sous fond de persécution et d'émancipation féminine aux légers - et radicaux - accents du cinéma de Michael Haneke (voire même à celui de Chantal Akerman), sorti en catimini dans les salles dans les dernières heures de l'année ciné 2021.
Une sacrée claque que l'on avait (vraiment) pas vu venir.
Plus de trois ans plus tard, et non sans une certaine attente, elle nous revient avec le bien nommé April - prix spécial du jury à la dernière Mostra, pour ne rien gâcher -, un second effort qui poursuit son examen viscéral et singulier de la féminité dans un puisant drame existentiel aux douces résonances Tarkovskiennes, qui questionne l’autonomie corporelle des femmes dans une nation marquée par une stigmatisation massive, un cléricalisme exacerbé et une oppression patriarcale à la violence tolérée (et revendiquée), mais qui considère (logique) l'avortement comme un péché - quand bien même il est légal.
Le tout capturé dans une véritable symphonie visuelle baroque (un symbolisme brut épousant de longs plans -un poil - poseurs), à travers le portrait pénétrant, tout en culpabilité, en aliénation et en traumatisme sourd d'une gynécologue-obstétricienne insaisissable, Nina, dont l'existence bascule de la plus douloureuse des manières après la mort d’un nouveau-né durant un accouchement, tragédie qui va vite jeter sur elle des accusations assassines (on l'accuse de pratiquer des avortements illégaux dans des territoires reculés), articulées autour du père en deuil du dit bébé, qui exige une enquête - menée par un collègue et ancien amant de Nina - pour ce qu'il considère être plus qu'une simple faute professionnelle.
C'est son parcours douloureux, assaillis autant par les réprimandes d'une société où les figures féminines sont uniquement définies par leur maternité où leur statut d'épouse, que par sa réponse violente, voire masochiste (notamment dans ses rapports sexuels) à ses propres souffrances (son désir d'aider les femmes qui en ont besoin se fait tout autant dans un élan de sororité, que le symbole d'un traumatisme enfoui au plus profond d'elle et refoulé), qui sert de colonne vertébrale à une méditation captivante et complexe sur la notion de défiance face à la répression, questionnant la nécessité de se battre pour la liberté des autres, au sein d'une nation qui refuse de nous accorder la notre.
Une expérience rare, immersive et à l'équilibre délicat, qui en laissera sans doute plus d'un sur le carreau... comme Begginning.
Jonathan Chevrier
Avec : Ia Sukhitashvili, Kakha Kintsurashvili, Merab Ninidze, Roza Kancheishvili,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Géorgien, Français, Italien.
Durée : 2h14min
Synopsis :
Nina est gynécologue-obstétricienne dans un petit hôpital en Géorgie. Après la mort d'un nouveau-né lors d'un accouchement, sa réputation professionnelle et morale est mise en cause. Des rumeurs l'accusent de pratiquer des avortements illégaux...
Critique :
#April où une méditation captivante et complexe au symbolisme brut, vissée sur la notion de défiance face à la répression, et qui questionne frontalement l'autonomie corporelle des femmes dans une nation géorgienne marquée par une oppression patriarcale à la violence exacerbée. pic.twitter.com/iBo8pdfx7b
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 30, 2025
On avait découvert le cinéma de la cinéaste géorgienne Dea Kulumbegashvili avec le magnifique Begginning, drame sous fond de persécution et d'émancipation féminine aux légers - et radicaux - accents du cinéma de Michael Haneke (voire même à celui de Chantal Akerman), sorti en catimini dans les salles dans les dernières heures de l'année ciné 2021.
Une sacrée claque que l'on avait (vraiment) pas vu venir.
Copyright Pyramide Distribution |
Plus de trois ans plus tard, et non sans une certaine attente, elle nous revient avec le bien nommé April - prix spécial du jury à la dernière Mostra, pour ne rien gâcher -, un second effort qui poursuit son examen viscéral et singulier de la féminité dans un puisant drame existentiel aux douces résonances Tarkovskiennes, qui questionne l’autonomie corporelle des femmes dans une nation marquée par une stigmatisation massive, un cléricalisme exacerbé et une oppression patriarcale à la violence tolérée (et revendiquée), mais qui considère (logique) l'avortement comme un péché - quand bien même il est légal.
Le tout capturé dans une véritable symphonie visuelle baroque (un symbolisme brut épousant de longs plans -un poil - poseurs), à travers le portrait pénétrant, tout en culpabilité, en aliénation et en traumatisme sourd d'une gynécologue-obstétricienne insaisissable, Nina, dont l'existence bascule de la plus douloureuse des manières après la mort d’un nouveau-né durant un accouchement, tragédie qui va vite jeter sur elle des accusations assassines (on l'accuse de pratiquer des avortements illégaux dans des territoires reculés), articulées autour du père en deuil du dit bébé, qui exige une enquête - menée par un collègue et ancien amant de Nina - pour ce qu'il considère être plus qu'une simple faute professionnelle.
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C'est son parcours douloureux, assaillis autant par les réprimandes d'une société où les figures féminines sont uniquement définies par leur maternité où leur statut d'épouse, que par sa réponse violente, voire masochiste (notamment dans ses rapports sexuels) à ses propres souffrances (son désir d'aider les femmes qui en ont besoin se fait tout autant dans un élan de sororité, que le symbole d'un traumatisme enfoui au plus profond d'elle et refoulé), qui sert de colonne vertébrale à une méditation captivante et complexe sur la notion de défiance face à la répression, questionnant la nécessité de se battre pour la liberté des autres, au sein d'une nation qui refuse de nous accorder la notre.
Une expérience rare, immersive et à l'équilibre délicat, qui en laissera sans doute plus d'un sur le carreau... comme Begginning.
Jonathan Chevrier