[CRITIQUE] : Viêt and Nam
Réalisateur : Minh Quý Trương
Acteurs : Thanh Hai Pham, Duy Bao Dinh Dao, Viet Tung Le, Thi Nga Nguyen,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Philippin, Vietnamien, Suisse, Singapourien, Français, Hollandais, Italien, Allemand.
Durée : 2h09min.
Synopsis :
Nam et Viêt s’aiment. Tous les deux travaillent à la mine de charbon, à 1000 mètres dans les profondeurs de la terre. Alors que Nam rêve d’une vie meilleure, une mystérieuse chamane lui promet de retrouver la dépouille de son père, soldat disparu lors de la guerre du Vietnam. Avec sa mère, et l’aide de Viêt, il se lance dans cette quête, pour retrouver les fantômes du passé.
Critique :
Il y a quelque chose d'ironique où, si l'on est plus grave, d'assez terrifiant dans le fait qu'un film aussi doux et juste que Viêt and Nam, second long-métrage du cinéaste Minh Quý Trương, soit censuré dans son propre pays - le Vietnam - pour ce qui est montré d'une manière furieusement banale au cœur du film (une histoire d'amour entre deux hommes), là où il est, sans doute, l'un des films les plus pertinents qui soit sur les vestiges historiques du pays du dragon.
Car au-delà d'être une tendre romance entre deux jeunes adultes travaillant dans une mine de charbon (tout un symbole, «La chair est devenue une terre noire»), la péloche se fait un très beau drame contemplatif abordant habilement les ravages du pouvoir écrasant de la mémoire sur une nation se débattant encore avec les traumatismes dévastateurs de la guerre.
Une souffrance sans fin, comme un traumatisme originel qui détermine tout, lourdement transmise d'une génération à l'autre, comme à ses deux mômes amoureux qui, quand ils ne travaillent pas où s'étreignent fougueusement, parcourent les forêts aux alentours à la recherche du père de l'un d'eux, emporté par le conflit sans que son corps n'ait été retrouvé.
Où quand le deuil intime rejoint celui d'un deuil national impossible, où quand les liens familiaux, même meurtris, s'étendent au-delà de la mort.
Mais dans cette nation embaumée par la perte, la pauvreté, les aspirations refoulées et la douleur, existe-t-il véritablement un espoir pour que la jeunesse puisse rompre le mauvais sort et croire en quelque chose à nouveau ?
C'est cette question, auquel il répond autant par le flou cotonneux du subconscient (la puissance de l'imaginaire, aussi réconfortante qu'elle renforce la solitude) que par la dureté crue du réel, qui sert de moteur à une errance lancinante et toute en émotions où l'amour, même doux-amer, se fait le seul véhicule pour avancer, pour fuir ailleurs les traumatismes d'une nation en pleine transition, qui tente difficilement de les surmonter, d'avancer.
Embaumé dans une photographie granuleuse, Viêt and Nam se fait une œuvre complexe (trop peut-être pour son bien) mais joliment poétique et humaine dans sa manière de nouer dimension historique et enjeux profondément contemporains (homophobie, précarité,...).
L'une des (très) jolies surprises de ce début d'automne.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Thanh Hai Pham, Duy Bao Dinh Dao, Viet Tung Le, Thi Nga Nguyen,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Philippin, Vietnamien, Suisse, Singapourien, Français, Hollandais, Italien, Allemand.
Durée : 2h09min.
Synopsis :
Nam et Viêt s’aiment. Tous les deux travaillent à la mine de charbon, à 1000 mètres dans les profondeurs de la terre. Alors que Nam rêve d’une vie meilleure, une mystérieuse chamane lui promet de retrouver la dépouille de son père, soldat disparu lors de la guerre du Vietnam. Avec sa mère, et l’aide de Viêt, il se lance dans cette quête, pour retrouver les fantômes du passé.
Critique :
Embaumé dans une photographie merveilleusement granuleuse, #ViêtAndNam se fait une œuvre complexe, peut-être un peu trop pour son bien, mais surtout joliment humaine et poétique, plutôt habile même dans sa manière de nouer dimension historique et enjeux profondément contemporains pic.twitter.com/1QN5AF4N2c
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 23, 2024
Il y a quelque chose d'ironique où, si l'on est plus grave, d'assez terrifiant dans le fait qu'un film aussi doux et juste que Viêt and Nam, second long-métrage du cinéaste Minh Quý Trương, soit censuré dans son propre pays - le Vietnam - pour ce qui est montré d'une manière furieusement banale au cœur du film (une histoire d'amour entre deux hommes), là où il est, sans doute, l'un des films les plus pertinents qui soit sur les vestiges historiques du pays du dragon.
Copyright Nour films |
Car au-delà d'être une tendre romance entre deux jeunes adultes travaillant dans une mine de charbon (tout un symbole, «La chair est devenue une terre noire»), la péloche se fait un très beau drame contemplatif abordant habilement les ravages du pouvoir écrasant de la mémoire sur une nation se débattant encore avec les traumatismes dévastateurs de la guerre.
Une souffrance sans fin, comme un traumatisme originel qui détermine tout, lourdement transmise d'une génération à l'autre, comme à ses deux mômes amoureux qui, quand ils ne travaillent pas où s'étreignent fougueusement, parcourent les forêts aux alentours à la recherche du père de l'un d'eux, emporté par le conflit sans que son corps n'ait été retrouvé.
Où quand le deuil intime rejoint celui d'un deuil national impossible, où quand les liens familiaux, même meurtris, s'étendent au-delà de la mort.
Mais dans cette nation embaumée par la perte, la pauvreté, les aspirations refoulées et la douleur, existe-t-il véritablement un espoir pour que la jeunesse puisse rompre le mauvais sort et croire en quelque chose à nouveau ?
Copyright Nour films |
C'est cette question, auquel il répond autant par le flou cotonneux du subconscient (la puissance de l'imaginaire, aussi réconfortante qu'elle renforce la solitude) que par la dureté crue du réel, qui sert de moteur à une errance lancinante et toute en émotions où l'amour, même doux-amer, se fait le seul véhicule pour avancer, pour fuir ailleurs les traumatismes d'une nation en pleine transition, qui tente difficilement de les surmonter, d'avancer.
Embaumé dans une photographie granuleuse, Viêt and Nam se fait une œuvre complexe (trop peut-être pour son bien) mais joliment poétique et humaine dans sa manière de nouer dimension historique et enjeux profondément contemporains (homophobie, précarité,...).
L'une des (très) jolies surprises de ce début d'automne.
Jonathan Chevrier