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[FUCKING SERIES] : Monstres : L'histoire de Lyle et Erik Menéndez : Murphy (grosse) fatigue ?



(Critique - avec spoilers - de la série anthologique)


Qu'attendre d'un show estampillé Ryan Murphy en 2024, époque où son nom ne se fait que le sous-titre fuyant de productions répétant sans recul, la même formule lessivée dont le manque d'âme n'a d'égale que le peu d'intérêt qu'elles peuvent susciter, et cela même avec des distributions souvent bardées de talents - le paradoxe du label Murphy, capable d'attirer la crème de la crème tout en concoctant la pire des popotes.

Pas grand chose est la réponse la plus évidente, merci, bonne soirée et à l'année prochaine.
Blague à part, il y avait tout de même de quoi se mettre quelque chose sous la dent avec Monsters : The Lyle and Erik Menendez story, seconde monture de son anthologie criminelle après l'agressivement rebutante mini-série sur Jeffrey Dahmer, tant elle condense, sur le papier, plusieures obsessions qui irriguent l'œuvre du papa de Glee : l'exploration des arcanes du pouvoir et de ses abus brutaux, où comment les coups de sang de l'élite se voient continuellement sanctifiés dans les reliques de l'histoire moderne, à travers les lois impénétrables du pouvoir de l'argent, de l'acharnement médiatique et de l'adoration perverse du publique.

Copyright Miles Crist/Netflix

Plus une pièce d'époque donc qu'un exposé qui sonde le côté obscur de l'humanité, sur un scandale dont les échos sont encore vivaces même plus de trois décennies plus tard (déjà scruté par le pape Dick Wolf via la seule et unique saison de Law and Order True Crime, The Menendez Murders, avec la merveilleuse Eddie Falco) : l'affaire Menéndez, qui a vu les deux rejetons de la famille, Lyle et Erik Menéndez, tuer leurs parents - Jose et Kitty - avec un fusil de chasse au soir du 20 août 1989, faire croire un temps à un meurtre lié au crime organisé et aux frasques de leur paternel, avant d'être démasqués et de plaider une sorte de légitime défense, arguant avoir été abusés physiquement et psychologiquement toute leur vie.
Deux gosses d'une famille multimillionnaire, riches et privilégiés dès le départ et qui, passé leur double assassinat, le seront, paradoxalement, encore un peu plus.

Se revendiquant plus comme un cousin maladroit à The People vs O.J. Simpson, qu'un ersatz sordide de The Jeffrey Dahmer Story (tant mieux, même si la mort des ainés Menéndez reste un vrai moment de télévision gênant dans sa folie outrancière et démentielle), le show ne semble jamais totalement prendre parti-pris pour une quelconque version des faits (le premier épisode déshumanise totalement les frangins, même si la suite laisse suggérer que l'on corrobore leur version des faits, et les abus parentaux qu'ils auraient subit toute leur existence, sans pour autant exprimer la moindre compassion derrière), s'amusant de la monstruosité de ses figures bigger than life avec qui il réfute toute notion de sympathie/empathie, au moins autant qu'il se perd dans un océan de maladresses/contradictions qui flirtent avec la fragilité du plus amateur des romans de Gare.

Copyright Miles Crist/Netflix

Et c'est ce choix étrange, ce manque de cohérence aussi bien dans son récit que dans la représentation des deux frères, qui séduit un temps avant de littéralement faire dérailler la série, elle qui dresse un portrait peu sympathique de son tandem, dépeint sous un jour homoérotique (pas forcément relaté jusqu'ici, soit), sans pour autant être capable de déterminer s'ils sont des bourreaux ou des victimes... tout en bousculant continuellement la perception que peut en avoir le spectateur, alternant entre des séquences de révélations potentiellement déchirantes (les abus qui mèneront au parricide, quand bien même tout est désamorcé ensuite avec une vision " sympathique " de Jose), avec d'autres où ils complotent pour se présenter comme innocents devant le jury, voire même avec des flashbacks où ils affichent leur attitude d'enfants pourris gâtés.

Mais le plus dramatique finalement, au-delà d'une représentation singulière des faits (critiquée par les Menéndez eux-mêmes, histoire de rajouter une nouvelle strate craspec au scandale) auquel s'ajoute une autre plus grossière sur la tragédie entourant la disparition de Dominique Dunne, le pire résulte du portrait douloureusement généralisé du statut de victime d'abus que dresse le show, et par extension, la réalité : comment protéger et soutenir les victimes, si ce type d'affaires et de spectacles, en fait des menteurs aux yeux du monde et décrédibilise leur combat ?

Copyright Miles Crist/Netflix

Ryan Murphy n'a pas mis neuf épisodes pour répondre, et s'il préfère cette fois le sensationnel au sordide, il ne tardera pas à retomber dans ses travers avec une saison 3 déjà annoncée, qui s'attachera aux atrocités commises par... Ed Gein.
On ne se refait pas donc, mais est-ce réellement une surprise avec le bonhomme ?


Jonathan Chevrier






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