[CRITIQUE/RESSORTIE] : L’armée des ombres
Réalisateur : Jean-Pierre Melville
Avec : Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Crauchet, Jean-Pierre Cassel,…
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Drame, Guerre.
Nationalité : Français.
Durée : 2h23min
Date de sortie : 12 septembre 1969
Date de ressortie : 5 juin 2024
Synopsis :
France 1942. Gerbier, ingénieur des Ponts et Chaussées est également l'un des chefs de la Résistance. Dénoncé et capturé, il est incarcéré dans un camp de prisonniers. Alors qu'il prépare son évasion, il est récupéré par la Gestapo...
Critique :
Où se trouve l’héroïsme ? Certaines personnes parleront de déclarations éclatantes, d’autres de petits gestes qui ne trouveront leur réelle valeur que dans un avenir plus ou moins lointain. La perception de l’acte héroïque peut se révéler assez trouble, surtout dans des périodes où l’on est obligé de prendre une décision, l’indécision même se révélant révélatrice d’une certaine lâcheté. En ce sens, la ressortie en édition remasterisée de L’armée des ombres permet de mieux mettre en lumière ce trouble du courage, forçant à confronter des actions morales sous la période de l’occupation.
En s’ouvrant par un défilé militaire en cadre fixe, le film de Jean-Pierre Melville montre déjà la facilité avec laquelle le mal peut s’immiscer dans le quotidien, trouvant la lumière peu à peu comme une forme invasive à laquelle il faut perpétuellement se batailler. Inscrire ses personnages dans une noirceur, aussi bien émotionnelle que dans sa photographie, impose alors une réelle confrontation qui nourrit toute la charge du film. Jamais le long-métrage n’esquive la facilité, bien au contraire. Une séquence de mise à mort va se révéler par exemple aussi éprouvante pour le public que pour les protagonistes, imposant à tout le monde d’affronter à ses propres ressentiments dans une scène aussi âpre que le reste de la narration.
Jean-Pierre Melville n’hésitera pas à plonger dans ce ton dérangeant mais néanmoins nécessaire, rappelant que toute forme d’héroïsme relève d’un sacrifice total, qu’il soit émotionnel ou physique. La froideur de la mise en scène sied amplement à des interrogations permanentes tout en rappelant que la lutte est obligatoire, encore plus par son inscription historique. Cette imposition à une façade déshumanisée pour mieux permettre la survie de ce qui nous rend humain passe également par le jeu de Lino Ventura, au charisme aussi fort qu’il impose une retenue totale, presque mécanique dans cet équilibre entre chercher la survie et faire ce qui est juste.
La ressortie de L’armée des ombres avec Carlotta devient alors une obligation cinématographique, le film de Jean-Pierre Melville s’inscrivant dans la lutte permanente tout en ne se facilitant pas la tâche moralement. Sa froideur horrifique impose la réaction, tout comme le chemin de croix de ses personnages. Revient alors la question de la place de l’héroïsme dans un univers appelant à une dévotion totale, non pas tant pour la survie physique, mais la subsistance de la liberté humaine. C’est un très grand film qui revient dans les salles de cinéma et il nous paraît encore plus important aujourd’hui que jamais de le voir pour mieux se confronter à la difficulté d’agir pour le bien commun.
Liam Debruel
Avec : Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Crauchet, Jean-Pierre Cassel,…
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Drame, Guerre.
Nationalité : Français.
Durée : 2h23min
Date de sortie : 12 septembre 1969
Date de ressortie : 5 juin 2024
Synopsis :
France 1942. Gerbier, ingénieur des Ponts et Chaussées est également l'un des chefs de la Résistance. Dénoncé et capturé, il est incarcéré dans un camp de prisonniers. Alors qu'il prépare son évasion, il est récupéré par la Gestapo...
Critique :
Grand et important film, #LArméeDesOmbres de Jean-Pierre Melville et sa froideur horrifique, questionne la place de l’héroïsme dans un univers appelant à une dévotion totale, non pas tant pour la survie physique, mais la subsistance de la liberté humaine. (@LiamDebruel) pic.twitter.com/hkFl8YVl4J
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 3, 2024
Où se trouve l’héroïsme ? Certaines personnes parleront de déclarations éclatantes, d’autres de petits gestes qui ne trouveront leur réelle valeur que dans un avenir plus ou moins lointain. La perception de l’acte héroïque peut se révéler assez trouble, surtout dans des périodes où l’on est obligé de prendre une décision, l’indécision même se révélant révélatrice d’une certaine lâcheté. En ce sens, la ressortie en édition remasterisée de L’armée des ombres permet de mieux mettre en lumière ce trouble du courage, forçant à confronter des actions morales sous la période de l’occupation.
En s’ouvrant par un défilé militaire en cadre fixe, le film de Jean-Pierre Melville montre déjà la facilité avec laquelle le mal peut s’immiscer dans le quotidien, trouvant la lumière peu à peu comme une forme invasive à laquelle il faut perpétuellement se batailler. Inscrire ses personnages dans une noirceur, aussi bien émotionnelle que dans sa photographie, impose alors une réelle confrontation qui nourrit toute la charge du film. Jamais le long-métrage n’esquive la facilité, bien au contraire. Une séquence de mise à mort va se révéler par exemple aussi éprouvante pour le public que pour les protagonistes, imposant à tout le monde d’affronter à ses propres ressentiments dans une scène aussi âpre que le reste de la narration.
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Jean-Pierre Melville n’hésitera pas à plonger dans ce ton dérangeant mais néanmoins nécessaire, rappelant que toute forme d’héroïsme relève d’un sacrifice total, qu’il soit émotionnel ou physique. La froideur de la mise en scène sied amplement à des interrogations permanentes tout en rappelant que la lutte est obligatoire, encore plus par son inscription historique. Cette imposition à une façade déshumanisée pour mieux permettre la survie de ce qui nous rend humain passe également par le jeu de Lino Ventura, au charisme aussi fort qu’il impose une retenue totale, presque mécanique dans cet équilibre entre chercher la survie et faire ce qui est juste.
La ressortie de L’armée des ombres avec Carlotta devient alors une obligation cinématographique, le film de Jean-Pierre Melville s’inscrivant dans la lutte permanente tout en ne se facilitant pas la tâche moralement. Sa froideur horrifique impose la réaction, tout comme le chemin de croix de ses personnages. Revient alors la question de la place de l’héroïsme dans un univers appelant à une dévotion totale, non pas tant pour la survie physique, mais la subsistance de la liberté humaine. C’est un très grand film qui revient dans les salles de cinéma et il nous paraît encore plus important aujourd’hui que jamais de le voir pour mieux se confronter à la difficulté d’agir pour le bien commun.
Liam Debruel