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[CRITIQUE] : Les Fantômes


Réalisateur : Jonathan Millet
Avec : Adam Bessa, Tawfeek Barhom, Julia Franz Richter, Hala Rajab,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Allemand, Belge.
Durée : 1h46min.

Synopsis :
Ce film est présenté à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2024 et en est le film d'ouverture.

Hamid est membre d’une organisation secrète qui traque les criminels de guerre syriens cachés en Europe. Sa quête le mène à Strasbourg sur la piste de son ancien bourreau.

Inspiré de faits réels.



Critique :



Il n'y a rien de plus grisant que de se lancer à la découverte des nouvelles voix qui peuvent irriguer un cinéma, et encore plus un cinéma de sensation prompte à nous offrir des séances mémorables et immersifs, comme nous le démontre la jolie galerie de productions issues d'un septième art hexagonal qui, quoiqu'en diront les mauvaises langues, est particulièrement en verve et prompt à dénicher de nouveaux faiseurs de rêves, ces dernières années.

Nouvelle preuve en date avec le premier long-métrage de fiction du cinéaste Jonathan Millet (le documentaire Ceuta, douce prison, co-réalisé avec Loïc H. Rechi), Les Fantômes, film d'espionnage à combustion lente et inspiré de faits réels, qui s'est payé le luxe d'ouvrir la très sélecte Semaine de la critique de la dernière réunion cannoise, vissé qu'il est sur la quête vengeresse d'un réfugié de guerre syrien (impressionnant Adam Bessa, déjà célébré à Cannes il y a deux ans pour Harka), qui s'en va traquer son ancien tortionnaire à travers la France, tout en luttant pour guérir des cicatrices que la vie lui a infligé psychologiquement et physiquement, au fil des années.

Soit Hamid, ancien professeur de littérature à Alep, qui sera in fine emprisonné et soumis à la brutalité sourde de son gouvernement, avant d'échapper de justesse à la Syrie.
Après avoir perdu sa femme et sa fille dans un attentat à la bombe, il s'installe en France et rejoint une cellule d'espionnage secrète européenne, dont le travail est dédié à la traque et à la capture des criminels de guerre syriens.

Copyright Films Grand Huit

Un statut d'espion qui sera intimement lié à ses traumatismes intimes, puisqu'il est chargé de capturer Sami Hanna, l'homme responsable de ses innombrables passages à tabac en prison, mais qu'il n'a jamais vu de ses propres yeux.
Une mission qui l'obsède, d'autant qu'il convaincu qu'Hasaan, un étudiant de son université locale, est la nouvelle identité de Hanna... 

Thriller psychologico-existentiel méchamment épuré sous fond de jeu du chat et de la souris à la tension il est vrai un peu trop vacillante pour son bien, le film s'attache à la vérité que les traumatismes d'hier se font des blessures moins physiques que spirituelles, qui entravent tout idée de liberté pour ceux qui en sont frappés, comme Hamid, paralysé par son passé et face à un avenir d'autant plus complexe.
Il n'est plus que l'ombre de lui-même, un fantôme persistant à errer à la périphérie du monde et de la réalité (une ironie poussée à son paroxysme, alors qu'il doit faire ses rapports via des sessions de jeu en réseau), à la fois incapable d'affronter pleinement celui qu'il tient pour responsable de son traumatisme, au moins autant qu'il est incapable de trouver un moyen de se débarrasser autrement de ce qui le hante; une âme isolée et hantée, contrit par son désir viscéral de vengeance alors qu'il peut agir sans la moindre impunité.

Sobre et marqué par un vrai travail sonore, abordant intelligemment les thèmes du traumatisme et de l'exil (notamment à travers les limites sociales et relationnelles causées par ce traumatisme), tout en célébrant l'incroyable résilience de l'âme humaine à travers une solide et empathique étude de personnage, Les Fantômes se fait une expérience immersive, pas exempt de quelques scories évident, mais qui mérite décemment son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier


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