[CRITIQUE] : Le Moine et le fusil
Réalisateur : Pawo Choyning Dorji
Avec : Tandin Wangchuk, Kelsang Choejay, Deki Lhamo, Pema Zangmo Sherpa,…
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Bhoutanais, Taïwanais.
Durée : 1h47min
Synopsis :
2006. Le Bhoutan s’ouvre à la modernisation et découvre Internet, la télévision... et la démocratie. Pour apprendre à son peuple à voter, le gouvernement organise des « élections blanches ». Mais dans le pays du Bonheur National Brut, où la religion et le Roi importent plus que la politique, les habitants semblent peu motivés. Cependant, dans une province montagneuse reculée, un moine décide d’organiser une mystérieuse cérémonie le jour du vote et charge l’un de ses disciples de trouver un fusil...
Critique :
On avait laissé le prometteur wannabe cinéaste Pawo Choyning Dorji avec à la fois son premier effort ET le premier film de l'histoire du Bhoutan a avoir été nommé à l'oscar du meilleur film étranger, L'école du bout du monde, petite merveille de fable initiatique bienveillante qui se transformait peu à peu en découverte intime du bonheur, tout en étant tout du long vissé sur l'importance de l'éducation et la préservation des traditions et de la nature.
Deux ans plus tard, le bonhomme persiste et signe dans le même mouvement avec Le Moine et le fusil, nouvelle fable bienveillante mais sensiblement plus ironique, sur son pays natal et plus directement, sur son ouverture à la modernisation et sa difficile transition vers la démocratie, au milieu des années 2000.
Et de démocratie, il en est pleinement question ici avec l'apprentissage sous tension de l'importance du vote via des « élections blanches » appelées à devenir rocambolesques, entre une population peu motivée par la politique (où l'idée même de la démocratie, satisfait qu'ils sont de leur roi), la quête d'un fusil par un jeune moine affable et son lama, et un collectionneur ricain peu scrupuleux qui cherche justement, une arme rare.
Tout un programme donc, pour ce qui peut se voir comme une belle tapisserie fantaisiste et folklorique au cœur de l'Himalaya, une chronique à la fois acide et bienveillante sur l'évolution progressive du Bhoutan (ses élections amèneront l'arrivée presque immédiate de la télévision puis d'internet), bardée autant de plans litteralement à tomber que de personnages hauts en couleur tiraillés, à tous les niveaux, entre tradition et modernisation/mondialisation.
Sondant avec malice et sans manichéisme putassier, toutes les contradictions de l'instauration abrupte de la démocratie - et de sa vision/influence occidentale -, qui distille le poison de la division là où régnait autrefois l'harmonie, dans un véritable choc des cultures burlesque et infiniment nostalgique à la fois (notamment d'un esprit communautaire complètement balayé par l'artificialité de l'occidentalisation), Le Moine et le fusil se fait un petit bout de cinéma aussi ludique que perspicace et politique, qui prône comme son ainé l'importance de l'unité et de l'identité culturelle, face aux affres de la modernisation.
Jonathan Chevrier
Avec : Tandin Wangchuk, Kelsang Choejay, Deki Lhamo, Pema Zangmo Sherpa,…
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Bhoutanais, Taïwanais.
Durée : 1h47min
Synopsis :
2006. Le Bhoutan s’ouvre à la modernisation et découvre Internet, la télévision... et la démocratie. Pour apprendre à son peuple à voter, le gouvernement organise des « élections blanches ». Mais dans le pays du Bonheur National Brut, où la religion et le Roi importent plus que la politique, les habitants semblent peu motivés. Cependant, dans une province montagneuse reculée, un moine décide d’organiser une mystérieuse cérémonie le jour du vote et charge l’un de ses disciples de trouver un fusil...
Critique :
Sondant avec ironie toutes les contradictions de l'instauration abrupte de la démocratie au Bhoutan, #LeMoineEtLeFusil se fait un petit bout de cinéma aussi ludique que politique, qui prône l'importance de l'unité et de l'identité culturelle, face aux affres de la modernisation. pic.twitter.com/VfrcR0Kuam
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 25, 2024
On avait laissé le prometteur wannabe cinéaste Pawo Choyning Dorji avec à la fois son premier effort ET le premier film de l'histoire du Bhoutan a avoir été nommé à l'oscar du meilleur film étranger, L'école du bout du monde, petite merveille de fable initiatique bienveillante qui se transformait peu à peu en découverte intime du bonheur, tout en étant tout du long vissé sur l'importance de l'éducation et la préservation des traditions et de la nature.
Copyright Pyramide Distribution |
Deux ans plus tard, le bonhomme persiste et signe dans le même mouvement avec Le Moine et le fusil, nouvelle fable bienveillante mais sensiblement plus ironique, sur son pays natal et plus directement, sur son ouverture à la modernisation et sa difficile transition vers la démocratie, au milieu des années 2000.
Et de démocratie, il en est pleinement question ici avec l'apprentissage sous tension de l'importance du vote via des « élections blanches » appelées à devenir rocambolesques, entre une population peu motivée par la politique (où l'idée même de la démocratie, satisfait qu'ils sont de leur roi), la quête d'un fusil par un jeune moine affable et son lama, et un collectionneur ricain peu scrupuleux qui cherche justement, une arme rare.
Tout un programme donc, pour ce qui peut se voir comme une belle tapisserie fantaisiste et folklorique au cœur de l'Himalaya, une chronique à la fois acide et bienveillante sur l'évolution progressive du Bhoutan (ses élections amèneront l'arrivée presque immédiate de la télévision puis d'internet), bardée autant de plans litteralement à tomber que de personnages hauts en couleur tiraillés, à tous les niveaux, entre tradition et modernisation/mondialisation.
Copyright Pyramide Distribution |
Sondant avec malice et sans manichéisme putassier, toutes les contradictions de l'instauration abrupte de la démocratie - et de sa vision/influence occidentale -, qui distille le poison de la division là où régnait autrefois l'harmonie, dans un véritable choc des cultures burlesque et infiniment nostalgique à la fois (notamment d'un esprit communautaire complètement balayé par l'artificialité de l'occidentalisation), Le Moine et le fusil se fait un petit bout de cinéma aussi ludique que perspicace et politique, qui prône comme son ainé l'importance de l'unité et de l'identité culturelle, face aux affres de la modernisation.
Jonathan Chevrier