[CRITIQUE] : Dario Argento : Panico
Réalisateur : Simone Scafidi
Acteurs : Dario Argento, Fiore Argento, Asia Argento, Vittorio Cecchi Gori, Guillermo del Toro, Nicolas Winding Refn, Gaspar Noé,...
Distributeur : Shadowz
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Britannique, Italien.
Durée : 1h37min
Synopsis :
Le maestro se retire dans un hôtel de renom pour écrire son nouveau film. Simone Scafidi en profite pour l’interroger, lui, ses proches, des collaborateurs et aficionados, sur son incroyable filmographie, ses évolutions et son impact vivace sur le septième art.
Critique :
On a sans doute tout dit sur Dario Argento, souvent des banalités et des familiarités autour de son statut de maître incontesté du giallo - tombé depuis en désuétude, tout comme lui -, à une heure où le septième art italien était le meilleur du monde, moins qu'il était un cinéaste gentiment marginalisé.
Un véritable artiste qui n'a jamais eu peur de voguer vers l'inconnu et l'expérimentation la plus totale, de déformer les lignes ténues entre la réalité et le surnaturel, le réel et l'irréel, pour renouveler aussi bien le carcan limité du thriller, lui qui s'est brutalement emparé des instincts cinématographiques primaires de Mario Bava (Six femmes pour l'assassin et La fille qui en savait trop ont clairement influencés son cinéma), qu'une filmographie in fine tout aussi bornée.
Capable du meilleur comme du pire, et clairement ce second versant depuis deux bonnes décennies maintenant (son dernier bijou est et restera Le Syndrome de Stendhal), il est pourtant indéniable que le bonhomme nous ait offert plus d'un chef-d'œuvre indiscutable, pas toujours à l'épreuve du temps certes, pour quelques spectateurs absurdement exigeants (pour être poli), mais fascinant dans la manière dont nombreux de ses cauchemars ont convoqués frontalement nos peurs pour mieux les détourner, les décortiquer où même parfois, les intensifier.
Un faiseur de rêves (enfin, de cauchemars) qui a toujours laissé libre cours à toutes ses pulsions instinctives, traduisant par les images, le tumulte halluciné, furieux et paranoïaque de son propre esprit, composant des valses macabres en hommage à la puissance destructrice du Dieu cinéma.
Mais, fini la prose et place au cinéma et à l'hommage par la pellicule donc, pensé et exécuté par un Simone Scafidi qui, après avoir célébré Lucio Fulci avec son Fulci for Fake, se devait de s'attaquer au génie romain, à la fois intimement et à travers son cinéma.
Voici la promesse vendue par Dario Argento : Panico, où le maître des cauchemars, en pleine écriture de ce qui deviendra Dark Glasses, se fait le centre névralgique d'un documentaire affectueux à sa gloire, ou les intervenants s'enchaînent dans un balai visant (majoritairement, sous un océan d'admiration pas toujours utile) autant à déchiffrer de manière réfléchie la personnalité et la psyché du bonhomme, qu'à approfondir les thématiques et influences (souvent familiales) qui lui sont chers et qui irriguent son cinéma.
Partant d'une tornade de suppositions pertinentes (de l'influence familiale - notamment de sa mère dans sa fascination pour les femmes -, aux divers aléas de sa petite enfance, dont les souvenirs du bombardement de Rome), vite diluée dans un montage un brin imparfait et désordonné (qui a tout de même le bon ton de ne pas jouer la carte de l'hagiographie facile, pour condenser quatre-vingt ans d'histoire), le doc se fait in fine une rétrospective par et pour les initiés qui peut se voir sous certains traits comme un effort un brin superficiel, autant qu'elle a sous d'autres (notamment via les interventions de ses proches), les atours d'un pion presque essentiel dans la compréhension de l'œuvre comme de l'homme Dario Argento, dont la fragilité et la vulnérabilité évidente, s'est vite vu compensée par une liberté créative à la fois extraordinaire et macabre.
Un chouette portrait donc.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Dario Argento, Fiore Argento, Asia Argento, Vittorio Cecchi Gori, Guillermo del Toro, Nicolas Winding Refn, Gaspar Noé,...
Distributeur : Shadowz
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Britannique, Italien.
Durée : 1h37min
Synopsis :
Le maestro se retire dans un hôtel de renom pour écrire son nouveau film. Simone Scafidi en profite pour l’interroger, lui, ses proches, des collaborateurs et aficionados, sur son incroyable filmographie, ses évolutions et son impact vivace sur le septième art.
Critique :
#DarioArgentoPanico ou une rétro par et pour les initiés qui peut se voir sous certains traits comme un effort un brin superficiel, autant qu'elle a sous d'autres (les interventions de ses proches), les atours d'un pion essentiel dans la compréhension du cinéaste comme de l'homme pic.twitter.com/RgiAqeyArz
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 4, 2024
On a sans doute tout dit sur Dario Argento, souvent des banalités et des familiarités autour de son statut de maître incontesté du giallo - tombé depuis en désuétude, tout comme lui -, à une heure où le septième art italien était le meilleur du monde, moins qu'il était un cinéaste gentiment marginalisé.
Un véritable artiste qui n'a jamais eu peur de voguer vers l'inconnu et l'expérimentation la plus totale, de déformer les lignes ténues entre la réalité et le surnaturel, le réel et l'irréel, pour renouveler aussi bien le carcan limité du thriller, lui qui s'est brutalement emparé des instincts cinématographiques primaires de Mario Bava (Six femmes pour l'assassin et La fille qui en savait trop ont clairement influencés son cinéma), qu'une filmographie in fine tout aussi bornée.
Capable du meilleur comme du pire, et clairement ce second versant depuis deux bonnes décennies maintenant (son dernier bijou est et restera Le Syndrome de Stendhal), il est pourtant indéniable que le bonhomme nous ait offert plus d'un chef-d'œuvre indiscutable, pas toujours à l'épreuve du temps certes, pour quelques spectateurs absurdement exigeants (pour être poli), mais fascinant dans la manière dont nombreux de ses cauchemars ont convoqués frontalement nos peurs pour mieux les détourner, les décortiquer où même parfois, les intensifier.
Un faiseur de rêves (enfin, de cauchemars) qui a toujours laissé libre cours à toutes ses pulsions instinctives, traduisant par les images, le tumulte halluciné, furieux et paranoïaque de son propre esprit, composant des valses macabres en hommage à la puissance destructrice du Dieu cinéma.
Photo: Shudder |
Mais, fini la prose et place au cinéma et à l'hommage par la pellicule donc, pensé et exécuté par un Simone Scafidi qui, après avoir célébré Lucio Fulci avec son Fulci for Fake, se devait de s'attaquer au génie romain, à la fois intimement et à travers son cinéma.
Voici la promesse vendue par Dario Argento : Panico, où le maître des cauchemars, en pleine écriture de ce qui deviendra Dark Glasses, se fait le centre névralgique d'un documentaire affectueux à sa gloire, ou les intervenants s'enchaînent dans un balai visant (majoritairement, sous un océan d'admiration pas toujours utile) autant à déchiffrer de manière réfléchie la personnalité et la psyché du bonhomme, qu'à approfondir les thématiques et influences (souvent familiales) qui lui sont chers et qui irriguent son cinéma.
Partant d'une tornade de suppositions pertinentes (de l'influence familiale - notamment de sa mère dans sa fascination pour les femmes -, aux divers aléas de sa petite enfance, dont les souvenirs du bombardement de Rome), vite diluée dans un montage un brin imparfait et désordonné (qui a tout de même le bon ton de ne pas jouer la carte de l'hagiographie facile, pour condenser quatre-vingt ans d'histoire), le doc se fait in fine une rétrospective par et pour les initiés qui peut se voir sous certains traits comme un effort un brin superficiel, autant qu'elle a sous d'autres (notamment via les interventions de ses proches), les atours d'un pion presque essentiel dans la compréhension de l'œuvre comme de l'homme Dario Argento, dont la fragilité et la vulnérabilité évidente, s'est vite vu compensée par une liberté créative à la fois extraordinaire et macabre.
Un chouette portrait donc.
Jonathan Chevrier