[CRITIQUE] : C’est pas moi
Réalisateur : Leos Carax
Avec : Denis Lavant, Ekaterina Yuspina, Loreta Juodkaite, Anna-Isabel Siefken,…
Distributeur : Les Films du Losange
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 0h42min
Synopsis :
Ce film est présenté à Cannes Première au Festival Cannes 2024.
Pour une exposition qui n’a finalement pas eu lieu, le musée Pompidou avait demandé au cinéaste de répondre en images à la question : Où en êtes vous, Leos Carax ? Il tente une réponse, pleine d’interrogations. Sur lui, "son" monde. Je sais pas. Mais si je savais, je répondrais que…
Critique :
Ce qu'il y a de prévisible avec le cinéma imprévisible de Leos Carax, c'est justement son imprévisibilité.
Blague à part, depuis Holy Motor, son cinéma à la liberté créative totale, prend la forme étonnante et tout en douleur d'une expiation, qui prend toute son ampleur dans son dernier effort en date, l'épuré et pourtant foisonnant C'est pas moi, quarante minutes d'introspection intime, poétique et déglinguée d'un cinéaste mûr qui tente de répondre à la question résolument vague, posée par le musée Pompidou « où en êtes-vous, Leos Carax ? ».
Que signifie ce « où » d'ailleurs, est-il personnel, cinématographique, historique ou même géographique ?
Dans un véritable tourbillon d'images aux accents savoureusement godardiens (une révérence assumée toute sa carrière, lui qui est tout autant un perturbateur fascinant qu'un auteur dont les œuvres ont de multiples lectures possibles), le cinéaste y répond en balayant tout ou presque, en dégainant sa propre vérité, ses propres morceaux de vie, son propre cinéma fait de personnages tout en douleurs, dans un moyen-métrage débarrassé de tout squelette narratif, de toutes les contraintes coercitives du septième art.
Plus libre que jamais - quitte à être moins accessible -, il passe en revue dans un collage baroque, sa vie (il y reconnaît sa propre condition de mauvais père, compose un requiem bouleversant à sa défunte épouse), sa filmographie, l'histoire du cinéma (dans un parallèle avec Polanski qui fait sensiblement grincer des dents) et même celle d'un XXe siècle tout en injustices, où il reste fermement ancré, lui qui a du mal à dialoguer avec un espace-temps contemporain hostile auquel il se sent étranger, et avec lequel il n'arrive pas à communiquer, et qu'il ne veut peut-être pas forcément comprendre non plus.
Furieusement introspectif, réflexion métaphysique et mélancolique sous forme de mémoire psychanalytique et frénétique à l'émotion jamais feinte, sorte de point final optimiste qui répond à tous ses films au moins autant qu'il pourrait presque en incarner un tissu conjonctif; C'est pas moi est une œuvre à la fois sincère, sardonique et radicale, à l'image de son auteur, tout simplement.
Jonathan Chevrier
Avec : Denis Lavant, Ekaterina Yuspina, Loreta Juodkaite, Anna-Isabel Siefken,…
Distributeur : Les Films du Losange
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 0h42min
Synopsis :
Ce film est présenté à Cannes Première au Festival Cannes 2024.
Pour une exposition qui n’a finalement pas eu lieu, le musée Pompidou avait demandé au cinéaste de répondre en images à la question : Où en êtes vous, Leos Carax ? Il tente une réponse, pleine d’interrogations. Sur lui, "son" monde. Je sais pas. Mais si je savais, je répondrais que…
Critique :
Réflexion métaphysique et introspective sous fond de point final optimiste qui répond à tous ses films au moins autant qu'il en est une extension fascinante, #CEstPasMoi incarne une œuvre à la fois mélancolique, sardonique et radicale, à l'image du cinéma Leos Carax. pic.twitter.com/5NngIU0oLr
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 9, 2024
Ce qu'il y a de prévisible avec le cinéma imprévisible de Leos Carax, c'est justement son imprévisibilité.
Blague à part, depuis Holy Motor, son cinéma à la liberté créative totale, prend la forme étonnante et tout en douleur d'une expiation, qui prend toute son ampleur dans son dernier effort en date, l'épuré et pourtant foisonnant C'est pas moi, quarante minutes d'introspection intime, poétique et déglinguée d'un cinéaste mûr qui tente de répondre à la question résolument vague, posée par le musée Pompidou « où en êtes-vous, Leos Carax ? ».
Copyright Les Films du Losange |
Que signifie ce « où » d'ailleurs, est-il personnel, cinématographique, historique ou même géographique ?
Dans un véritable tourbillon d'images aux accents savoureusement godardiens (une révérence assumée toute sa carrière, lui qui est tout autant un perturbateur fascinant qu'un auteur dont les œuvres ont de multiples lectures possibles), le cinéaste y répond en balayant tout ou presque, en dégainant sa propre vérité, ses propres morceaux de vie, son propre cinéma fait de personnages tout en douleurs, dans un moyen-métrage débarrassé de tout squelette narratif, de toutes les contraintes coercitives du septième art.
Plus libre que jamais - quitte à être moins accessible -, il passe en revue dans un collage baroque, sa vie (il y reconnaît sa propre condition de mauvais père, compose un requiem bouleversant à sa défunte épouse), sa filmographie, l'histoire du cinéma (dans un parallèle avec Polanski qui fait sensiblement grincer des dents) et même celle d'un XXe siècle tout en injustices, où il reste fermement ancré, lui qui a du mal à dialoguer avec un espace-temps contemporain hostile auquel il se sent étranger, et avec lequel il n'arrive pas à communiquer, et qu'il ne veut peut-être pas forcément comprendre non plus.
Copyright Les Films du Losange |
Furieusement introspectif, réflexion métaphysique et mélancolique sous forme de mémoire psychanalytique et frénétique à l'émotion jamais feinte, sorte de point final optimiste qui répond à tous ses films au moins autant qu'il pourrait presque en incarner un tissu conjonctif; C'est pas moi est une œuvre à la fois sincère, sardonique et radicale, à l'image de son auteur, tout simplement.
Jonathan Chevrier