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[CRITIQUE] : La Fleur de Buriti


Réalisatrice•eur : Renée Nader Messora et João Salaviza
Acteurs : Ilda Patpro KrahôFrancisco Hỳjnõ KrahôSolane Tehtikwỳj Krahô,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Brésilien, Portugais.
Durée : 2h03min.

Synopsis :
A travers les yeux de sa fille, Patpro va parcourir trois époques de l’histoire de son peuple indigène, au cœur de la forêt brésilienne. Inlassablement persécutés, mais guidés par leurs rites ancestraux, leur amour de la nature et leur combat pour préserver leur liberté, les Krahô n’ont de cesse d’inventer de nouvelles formes de résistance.



Critique :



Il y a une force tranquille qui se dégage du nouveau long-métrage des réalisateurs Renée Nader Messora et João Salaviza, La Fleur de Buriti, peut-être aussi tranquille que le fleuve Tocantins qui irrigue le quotidien des indiens Krahô (que le duo de cinéastes avaient déjà approché pour leur magnifique Le Chant de la forêt), vivent de la terre depuis des siècles au cœur d'une Amazonie à la menace existentielle de plus en plus imposante, la faute à la déforestation, aux vols d'animaux sauvages et aux autres dérèglements/pillages/massacres qui ne sont que le fruit des ravages du gouvernement de Bolsonaro.

Copyright Karõ Filmes - Entre Filmes

Invoquant le passé comme pour mieux, fictionnellement, façonner le présent et dresser des pistes pour l'avenir, le film (tourné sur quinze mois), jonglant sur la fine et hybride frontière entre la fiction (alimenté par le réel) et le documentaire, croque le portrait intime et multi-générationnel de toute une communauté, sans pour autant quitter le point de vue de deux personnages clés, Patpro et son oncle Hyjnõ, qui s'évertuent à perpétuer l'héritage familiale - et par extension celui de toute la communauté Krahô -, totalement conscient qu'ils sont que leur survie ne dépend que du partage des histoires qui leur ont été transmises, alors qu'une urbanité/modernité de moins en moins subtile, vient perturber leur symbiose avec la nature.

Évitant sensiblement tout didactisme, même s’il apparaît comme un digne et vitale cri pour la survie de toute une culture, qui assume l'urgence d'incarner une archive mémorielle essentielle, La Fleur de Buriti reste aussi et surtout comme une immersion totale dans un monde qui n'est pas le nôtre (et qui n'a définitivement pas la même perception de la vie que nous), entre résilience, transcendance et onirisme, presque résigné qu'il est - comme beaucoup d'autres - face à la fatalité de son existence dans le Brésil (la société) d'aujourd'hui, aux racines pourtant multiculturelles.

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Si l'on pourra tiquer sur sa forme hybride, qui annihile une bonne partie de sa puissance évocatrice, difficile de ne pas se laisser enivrer par cette pure expérience à la fois sensorielle, ethnographique et politique ou les images épousent une revendication de la parole, de plus en plus nécessaire.


Jonathan Chevrier


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