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[CRITIQUE] : Monkey Man


Réalisateur : Dev Patel
Acteurs : Dev PatelSikandar KherSharlto CopleyPitobash,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Indien, Singapourien, Américain, Canadien.
Durée : 2h00min.

Synopsis :
En Inde, un jeune homme sort de prison. Il se retrouve dans un monde où règne la cupidité des chefs d'entreprise et, à l'inverse, l'érosion des valeurs spirituelles.



Critique :



Tout premier long-métrage est, volontairement ou non, une sorte de carte de visite pour son metteur en scène, et encore plus pour un comédien qui se décide à sauter le pas et à passer derrière la caméra - tout en se dirigeant, pour corser encore un peu l'équation.

Pour son premier effort, Dev Patel pousse plus le bouchon, tant Monkey Man, pour lequel il brigue plusieurs casquettes (réalisateur, co-scénariste, lead,...), n'est pas uniquement une carte de visite pour démontrer qu'il peut être un solide faiseur de rêves : il est aussi et surtout la preuve sur pellicule que toute ceinture noire en taekwondo qu'il est (merci Wikipédia), le bonhomme est furieusement crédible en action man qui botte un maximum - et férocement - du cul à l'écran.
Une surprise tant le comédien n'avait, jusqu'ici, jamais effleurer même de loin le cinéma d'action, et ni eu l'opportunité de démontrer ses aptitudes physiques.
Et il cogne dur, vraiment, ce que sa silhouette élancée et élégante autant que son visage d'ange, ne laissaient absolument pas présager.

Copyright Universal Studios

Revenge movie à la fois gentiment conventionnel, spirituel et fiévreux, Monkey Man n'a tant pas l'intention - ni les moyens - de révolutionner une popote familière que d'en épouser tous les codes avec une gourmandise affirmée, Patel prenant d'ailleurs - vraiment - son temps pour faire monter la sauce de sa violence à la fois intense et rageuse, quand bien même la voie qu'il suit est savamment épurée et simpliste.

La cocotte minute constamment au bord de l'implosion, c'est le cocktail d'inégalités, de luttes des classes, de discrimination et de corruption qui gangrènent une Mumbai aussi fictive que colorée et bouillante, et qui rajoute décemment du piment à la quête vengeresse de Kid, rejeton solitaire qui gagne sa vie en enchaînant les combats dans un fight club clandestin (avec un masque de singe et le doux surnom de Monkey Man) géré par un Sharlto Copley des grands jours.
Habitué à essuyer les coups, le lascar va cependant trouver le moyen de remplir ses poches d'une manière un peu moins douloureuse, en décrochant un emploi dans un club VIP destiné à l'élite de la ville.
Un boulot qui ne va pas tant l'éloigner des combats que le rapprocher du vicieux chef de la police Rana, un habitué des lieux et bras droit de Baba Shakti, qui a fait massacrer tout son village par le passé...

Copyright Universal Studios

Comme dit plus haut, ce n'est pas par son écriture rudimentaire que Patel vise à marquer son auditoire (et ce n'est absolument pas sur ce terrain de toute manière, qu'il faut juger une modeste série B d'action), une structure narrative au final aussi déséquilibrée que peut l'être son rythme, quand elle ne se perd pas dans des élans profondément contradictoires (le souci évident, voire même profondément naïf, de vouloir jouer la carte du progressisme - ici une charge frontale contre la politique nationaliste indienne actuelle -, à travers le revenge movie et son conservatisme gentiment réac), mais bien par l'image et avant tout ses empoignades musclées - et quelques flashbacks psychédéliques qui font savamment leurs effets, aussi.

Bien épaulé par la photographie moite et rugueuse de Sharone Meir, et la tutelle experte de Brahim Chab à la chorégraphie des combats, le wannabe cinéaste, sous forte influence sud-coréenne/indonésienne, emballe des séquences d'action à l'énergie follement frénétique, ou chaque coup donné fait ressentir un vrai impact à travers l'écran, d'autant que Patel, parfaitement conscient de ne pas avoir la clarté/fluidité d'un Gareth Evans dans sa mise en scène (tout comme dans son montage, un peu à la rue quand les choses se gâtent), compense ses lacunes par une générosité féroce.

Copyright Universal Studios

Sensiblement perfectible mais dominé par une envie de bien faire louable et un enthousiasme réellement communicatif, Monkey Man aurait mérité, au-delà de se voir ôter d'un bon bout de gras côté durée, d'un peu plus de punch en-dehors de son action, pour vraiment marquer la rétine.
Mais face à la sincérité débordante de Dev Patel et la charge cathartique indéniable qu'incarne son premier bébé tout en pellicule, difficile de totalement bouder son plaisir, surtout s'il appelle à une réelle percée du bonhomme dans un cinéma d'action qui a - toujours - cruellement besoin de sang frais.
Vivement la suite donc...


Jonathan Chevrier


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