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[CRITIQUE] : Rebel Moon - Partie 1 : Enfant du feu

Réalisateur : Zack Snyder
Acteurs : Sofia Boutella, Michiel Huisman Charlie Hunnam, Ed Skrein, Djimon Hounsou, Doona Bae, Ray Fisher, Cary Elwes, Corey Stoll, Staz Nair,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Science-fiction, Aventure, Fantastique, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h13min.

Synopsis :
Une paisible colonie sur une lune lointaine est soudain menacée par les armées d'un tyran et place tous ses espoirs de survie entre les mains d'une mystérieuse inconnue.




Critique :


Passé ses excès de machisme - plutôt divertissant - et de stylisme turbo-sépia du côté d'une Warner où son DCEU a lentement agonisé dans des salles jamais assez obscures, Zack Snyder s'en était aller voir si l'herbe était plus fraîche chez une firme au Tudum trop contente d'attirer un tel cinéaste populaire dans ses rangs.
Est né de cette union un - plus où moins - sympathique Army of the Dead et son prequel plus dispensable Army of Thieves, et donc Rebel Moon, première pierre - en deux parties - d'une wannabe franchise tentaculaire à la Star Wars, qui transpire tellement l'hommage (comprendre : pillage) au jadis bébé de George Lucas, que s'en est limite indécent.

Copyright Chris Strother/Netflix

Et sur le papier, force est d'admettre qu'il y avait quelque chose d'enthousiasmant à l'idée d'assister à la naissance d'une nouvelle épopée SF audacieuse, à une heure où la saga Star Wars, sous la coupe d'un studio aux grandes oreilles l'usant jusqu'à la moelle, ne fait qu'enchaîner les déceptions - souvent - gênantes.
Mauvaise pioche, tant cette nouvelle odyssée rutillante et bruyante nous renvoie, comme les aventures de Rey ou même Boba Fett (shame), dans les confins les plus reculés et sombres de la galaxie, où même la joie la plus masochiste qui soit (être catapulté dans le broyeur abrutissant du Snyderverse, mais sur un petit écran), peine à exister.

Laissé seul avec lui-même (réalisateur, co-scénariste ou encore directeur de la photographie... damn), le papa de Batman V Superman croque, peut-être, son film le plus brouillon et fastidieux à ce jour, quand bien même il n'en est que la première partie de celui-ci, quand bien même il incarne une nouvelle envolée dramatico-déglinguée et fortement esthétisée qui ne dénote absolument du reste de sa filmographie; quand bien même il offre au spectateur un Corey Stoll à la barbe tressée et chevelue, un Anthony Hopkins robotisé ou une Doona Bae on fire.

Copyright Clay Enos/Netflix

Défilé au rythme fastidieux de personnages à peine brossés et passablement ennuyeux (ce qui pourrait, il est vrai, être corrigé avec la seconde partie, même avec des dialogues aussi creux), catapulté au cœur d'une narration foisonnante affreusement redevable aux 7 Samouraïs et à Star Wars, vissée sur les atermoiements d'une fermière - Kora - au passé mystérieux (une Skywalker ?), appelée à rassembler une bande de guerriers (l'Alliance ?) pour combattre l'Imperium (l'Empire ?), aux côtés d'un scélérat espiègle qu'elle rencontre dans une cantine extraterrestre (Han Solo ?), et un potentiel love interest lié à la rébellion (Leïa ?).

Évidemment, s'il est difficile de faire un procès à un cinéaste qui n'a jamais réellement su croquer l’intériorité de ses personnages (bien plus proche de l'iconisation à outrance que de la profondeur), ni même gérer convenablement les émotions que suscitent ses histoires, ce qui n'est pas tant dommageable dans un cinéma - majoritairement - d'action où des figures archétypales et taillés à la serpe, peuvent être généreusement jetées - et à volonté - sur un champ de bataille.
Mais pour une épopée SF ou l'ancrage est essentiel, les esquisses fragiles bâties sur des expositions arbitraires ou une caractérisation au ras des pâquerettes, volent très vite en éclats et laisse un auditoire n'en ayant pas ou que peu faire de ce qu'il se passe devant ses yeux, jusqu'à un affrontement final aussi générique que les personnages qui l'habite.

Copyright Clay Enos/Netflix

Plus sinistre et loin d'un injustement conspué Jupiter : Le Destin de l'univers, space opera savoureusement gonzo et poétique qui se détachait intelligemment de ses références (oui, Snyder n'est pas les Wachowski), Rebel Moon - Partie 1 : Enfant du feu ne vaut même pas pour son action, tout en ralenti (très Snyder) et livrée aux élans maximalistes et brouillonne de son auteur.

Expurgé de tout désir aventureux, surchargé comme ce n'est pas permis, le film se fait un melting-pot des restes de la SF populaire de ses cinquante dernières années, passés dans une moulinette heavy metal désordonnée et adolescente, une fastidieuse balade galactique et grisâtre qui n'est pas le cri rebelle et original espéré, mais un murmure familier et éculé.
Symbole d'un cinéaste qui met la charrue avant les bœufs en rêvant d'un univers cinématographique tentaculaire, mais n'est même pas capable de rendre la première pièce de celui-ci suffisamment fonctionnelle, pour le rendre viable.


Jonathan Chevrier


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