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[CRITIQUE] : Insubmersible


Réalisatrice/RéalisateurElizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin
Acteurs : Annette Bening, Jodie Foster, Rhys Ifans, Ethan Jones Romero,...
Budget : -
Distributeur : Netflix France
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h01min.

Synopsis :
À 60 ans, l'athlète Diana Nyad entreprend de réaliser le rêve le plus fou de sa vie : relier Cuba à la Floride à la nage sur une distance de plus de 160 kilomètres.



Critique :


Bien qu'ils soient diamétralement opposés (quoique les deux péloches s'échinent à conter deux destinées féminines étroitement liées à la mer), Flo de Géraldine Danon et Insubmersible du tandem Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin, se rejoignent dans leur déclinaison facile du biopic moderne qui soit se perd dans des divagations fantasmées, soit élimine volontairement les aspérités les plus rugueuses de leurs sujets, pour voguer vers une représentation plus lisse et/ou présentable.

S'il suit sans trop bifurquer cette seconde voie, Insubmersible se pare d'un handicap supplémentaire, et pas des moindres : célébrer les prouesses sportives d'une athlète populaire, Diana Nyad (d'après ses propres mémoires), sujets à la controverse (même si la Wowsa a démenti les accusations encore tout récemment, sur sa fameuse traversée de 2013, où elle a relié Cuba à la Floride - Key West -,  sans cage à requins, en 52 heures, 54 minutes et 18 secondes), tout en laissant soigneusement de côté ses sorties médiatiques douteuses, voire ses mensonges - selon ses détracteurs, encore une fois - sur divers sujets.

Copyright Liz Parkinson/Netflix ©2023

C'est donc tout le programme plus ou moins biaisé de la première œuvre " fictionnelle " (à prendre avec des pincettes, puisque le montage se pare d'images d'archives) des réalisateurs derrière les excellents documentaires Free Solo et The Rescue, biopic conventionnel qui joue la carte du simili-feel good aussi inspirant qu'un spot publicitaire Nike (certaines répliques ont tout de slogans éculés), tout en épousant furieusement tous les tropes du genre avec une gourmandise presque indécente, pour mieux retranscrire sans trop d'embellissement excessif, l'existence difficile (flashbacks très maladroits en prime) d'une femme aussi courageuse qu'elle peut être gentiment insupportable et encline à l'auto-mythification (une vérité que le long-métrage désamorce lui-même, ironiquement, au détour de quelques conversations), mais aussi rendre cynégénique un sport qui ne l'est absolument pas.

Du cousu de fil blanc - biopic qu'on vous dit -, pour lequel on se laisse partiellement séduire, que ce soit pour son training montage assez efficace, pour la performance d'une Annette Bening physiquement investie (et qui capture autant l'égoïsme assumé que la sincérité de son personnage) ou celle d'une Jodie Foster lumineuse dans la peau de la BFF qui encaisse l'égoïsme de son amie parce qu'elle croit sincèrement en son rêve, et veut participer à sa grande aventure (qui ne fera, au fond, que valider son amour-propre).
C'est maigre certes, rachitique même si l'on rajoute le définitivement trop rare Rhys Ifans dans l'équation.

Copyright Liz Parkinson/Netflix ©2023

Sans tambour ni trompette, Insubmersible refuse les aspects les plus épineux et fascinants de son sujet, et adhère avec une telle diligence aux conventions du biopic, qu'il ne peut incarner qu'une aventure en pleine mer aussi frustrante et platement divertissante qu'oubliable, embaumée dans une bande originale signée par un Alexandre Desplat ayant un peu trop vu Les Chariots de Feu.


Jonathan Chevrier


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