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[CRITIQUE] : Jericho Ridge


Réalisateur : Will Gilbey
Acteurs : Nikki Amuka-BirdOlivia CheneryPhilipp Christopher, Solly McLeod,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h23min

Synopsis :
À Jericho Ridge, de retour à son commissariat, l’officier de police Tabby Temple découvre qu’il a été ouvert par effraction et que des armes ont été dérobées. Ses collègues partis enquêter, elle se retrouve seule, aux prises avec deux tueurs bien décidés à entrer... 



Critique :


Il y a quelque chose d'intrinsèquement captivant, sans doute parce que nos cerveaux de mômes biberonnés à la VHS ont fait du monument Assaut de John Carpenter (puis de son modèle Rio Bravo, découvert un peu plus tard pour l'auteur de ses mots), un must-see absolu, dans le fait de voir un film faire d'un poste de police, forteresse - presque - inattaquable, la cible d'un siège brutal et haletant.
Un sous-genre où presque du thriller/huis clos, encore abordé il y a peu par le trop rare Joe Carnahan via l'excellent Copshop, et qui devient le nouveau terrain de jeu du wannabe cinéaste Will Gilbey, avec son solide premier passage derrière la caméra, Jericho Ridge, injustement cantonné à une sortie en catimini (en VOD) dans l'hexagone.

Et sa réussite tient en quelques éléments essentiels : un pitch épuré (une femme flic blessée d'une communauté rurale du nord-ouest du Pacifique, laissée seule toute la nuit dans son poste, subit le feu de mystérieux assaillants), un personnage principal finement croqué et empathique, ainsi qu'un usage malin de son décor (logiquement limité) et une mise en place simple et efficace de ses enjeux narratifs.

Courtesy of Jericho Ridge

Tout va strictement à l'essentiel et s'établit brillamment dès le premier quart d'heure (psychologie/background de son héroïne et de sa relation glaciale avec son rejeton, présentation d'une force de police limitée couplée à une petite bourgade dont le taux de criminalité à grimper en flèche, notamment plusieurs effractions au sein même du poste), de manière organique et non-forcée (tout passe par les interactions entre les personnages, via des séquences qui n'ont rien de scènes d'exposition redondantes), Gilbey tirant pleinement parti de ses ressources limitées, agrémentant intelligemment son récit de rebondissements réalistes et prenants (même s'il peine, il est vrai, à susciter un tant soit peu d'émotion), pour tromper la familiarité évidente de sa narration.

Mais c'est sans doute par sa propension à distiller une tension presque claustrophobe, à travers une mise en scène sans esbrouffe et un sens parfait du rythme (fruit d'un montage clair et précis), de son atmosphère (excellent travail sonore) et de la gestion de son cadre (une géographie simple, où l'on ne perd jamais à l'esprit où se trouve chacun des personnages); le tout vissé sur la prestation habitée d'une impressionnante Nikki Amuka-Bird, dont la vulnérabilité de son personnage n'a d'égale que sa résilience et son courage à toute épreuve.
Par chez nous, on appelle ça tout simplement une put*** de bonne série B, qui vaut décemment son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier