[CRITIQUE] : Chambre 999
Réalisatrice : Lubna Playoust
Avec : Julia Ducournau, James Gray, Rebecca Zlotowski, Audrey Diwan, Asgar Farhadi, David Cronenberg, Claire Denis, Joachim Trier, Lynne Ramsay, Ruben Östlund, Alice Rohrwacher,
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h25min
Synopsis :
« Le cinéma est-il un langage en train de se perdre, un art qui va mourir ? » : Wim Wenders posait cette question à seize de ses collègues réalisateurs dans Chambre 666 en 1982. Quarante ans plus tard, en 2022, Lubna Playoust utilise le même dispositif pour poser la même question à 30 cinéastes contemporains présents à Cannes cette année-là, de Wim Wenders lui-même à James Gray, de Rebecca Zlotowski à Claire Denis, d'Olivier Assayas à Nadav Lapid à Asghar Farhadi à Alice Rohrwacher...
Critique :
Qu'on se le dise, ce n'est pas fondamentalement une question d'époque, quand bien même la qualité de plus en plus relative de la production populaire actuelle, couplée à une propension de plus en plus galopante, qu'à spectateur moyen à délaisser les salles obscures au profit d'une expérience cinématographique à la maison, laissent à penser le contraire : le sort et l'avenir (mort ?) du cinéma à toujours été un débat constant, voire même l'une des pierres angulaires de la réflexion autour du septième art, depuis plusieurs décennies.
En ce sens, le questionnement autour de l'état du cinéma d'aujourd'hui, véhiculé par le documentaire Chambre 999 de l'actrice et réalisatrice Lubna Playoust - dont c'est ici le premier long-métrage -, qui fait directement suite au Chambre 666 de Wim Wenders (sorti en 1982, et également de retour en salles cette semaine), n'invente pas l'eau chaude et s'inscrit donc pleinement dans un débat séculaire mais toujours intéressant à suivre selon, évidemment, les intervenants choisis pour l'aborder et le nourrir.
Fonctionnant selon les mêmes règles instituées par le cinéaste allemand quatre décennies plus tôt (même si le nombre de cinéastes interrogés est quasiment doublé, passant de 16 à 30), qui cette fois-ci élargit cette investigation en passant devant la caméra, le documentaire interroge donc une belle et diversifiée ribambelle de réalisateurs et de réalisatrices (de Julia Ducournau à James Gray, en passant par Rebecca Zlotowski, Audrey Diwan, Asgar Farhadi, David Cronenberg, Claire Denis, Joachim Trier, Lynne Ramsay, Ruben Östlund, Alice Rohrwacher,...), poussant chacun et chacune à révéler leurs propres réflexions - sombres comme optimistes -, sur une industrie en pleine mutation, via un dispositif aussi pur que prenant dans sa manière d'instaurer une intimité naturelle entre le cinéaste et la caméra qui l'interroge.
Inévitablement, plusieurs pistes reviennent régulièrement sur le tapis, que ce soit la peur - légitime - de la perte de liberté créative face à l'homogénéisation de la proposition cinématographique actuelle (comme un Östlund qui déplore un « rétrécissement de l'expression », là ou Gray déplore lui un spectateur de plus en plus à ne vouloir que des franchises et des films super-héroïques), à la manière que nous avons nous, les spectateurs, à consommer le cinéma aujourd'hui, avec l'avènement et la démocratisation des plateformes de streaming (« idiotes » pour Albert Serra, voire même mortelle pour Wenders) voire même de YouTube (autre évolution technologique et culturelle qui a un impact direct, sur la consommation du spectateur), en passant même par le coût de la fréquentation en salles.
Malgré la brièveté de certaines contributions (toutes tournées en 2022, lors de la 75e édition du Festival de Cannes) dans cette chambre/capsule presque à l'épreuve du temps, Chambre 999 n'en reste pas moins une expérience aussi ludique qu'enrichissante dans les pistes qu'elle développe, entre nécessité d'évoluer et de préserver un art qui, bien qu'on semble vouloir lui coller une date de péremption à plus ou moins brève échéance, est et restera éternel.
Jonathan Chevrier
Avec : Julia Ducournau, James Gray, Rebecca Zlotowski, Audrey Diwan, Asgar Farhadi, David Cronenberg, Claire Denis, Joachim Trier, Lynne Ramsay, Ruben Östlund, Alice Rohrwacher,
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h25min
Synopsis :
« Le cinéma est-il un langage en train de se perdre, un art qui va mourir ? » : Wim Wenders posait cette question à seize de ses collègues réalisateurs dans Chambre 666 en 1982. Quarante ans plus tard, en 2022, Lubna Playoust utilise le même dispositif pour poser la même question à 30 cinéastes contemporains présents à Cannes cette année-là, de Wim Wenders lui-même à James Gray, de Rebecca Zlotowski à Claire Denis, d'Olivier Assayas à Nadav Lapid à Asghar Farhadi à Alice Rohrwacher...
Critique :
Malgré la brièveté de certaines contributions dans cette chambre/capsule presque à l'épreuve du temps, #Chambre999 n'en reste pas moins une expérience aussi ludique qu'enrichissante dans les pistes qu'elle développe, entre nécessité d'évoluer et de préserver le 7ème art. pic.twitter.com/b7n1FAS6da
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 26, 2023
Qu'on se le dise, ce n'est pas fondamentalement une question d'époque, quand bien même la qualité de plus en plus relative de la production populaire actuelle, couplée à une propension de plus en plus galopante, qu'à spectateur moyen à délaisser les salles obscures au profit d'une expérience cinématographique à la maison, laissent à penser le contraire : le sort et l'avenir (mort ?) du cinéma à toujours été un débat constant, voire même l'une des pierres angulaires de la réflexion autour du septième art, depuis plusieurs décennies.
En ce sens, le questionnement autour de l'état du cinéma d'aujourd'hui, véhiculé par le documentaire Chambre 999 de l'actrice et réalisatrice Lubna Playoust - dont c'est ici le premier long-métrage -, qui fait directement suite au Chambre 666 de Wim Wenders (sorti en 1982, et également de retour en salles cette semaine), n'invente pas l'eau chaude et s'inscrit donc pleinement dans un débat séculaire mais toujours intéressant à suivre selon, évidemment, les intervenants choisis pour l'aborder et le nourrir.
Copyright MK PRODUCTIONS |
Fonctionnant selon les mêmes règles instituées par le cinéaste allemand quatre décennies plus tôt (même si le nombre de cinéastes interrogés est quasiment doublé, passant de 16 à 30), qui cette fois-ci élargit cette investigation en passant devant la caméra, le documentaire interroge donc une belle et diversifiée ribambelle de réalisateurs et de réalisatrices (de Julia Ducournau à James Gray, en passant par Rebecca Zlotowski, Audrey Diwan, Asgar Farhadi, David Cronenberg, Claire Denis, Joachim Trier, Lynne Ramsay, Ruben Östlund, Alice Rohrwacher,...), poussant chacun et chacune à révéler leurs propres réflexions - sombres comme optimistes -, sur une industrie en pleine mutation, via un dispositif aussi pur que prenant dans sa manière d'instaurer une intimité naturelle entre le cinéaste et la caméra qui l'interroge.
Inévitablement, plusieurs pistes reviennent régulièrement sur le tapis, que ce soit la peur - légitime - de la perte de liberté créative face à l'homogénéisation de la proposition cinématographique actuelle (comme un Östlund qui déplore un « rétrécissement de l'expression », là ou Gray déplore lui un spectateur de plus en plus à ne vouloir que des franchises et des films super-héroïques), à la manière que nous avons nous, les spectateurs, à consommer le cinéma aujourd'hui, avec l'avènement et la démocratisation des plateformes de streaming (« idiotes » pour Albert Serra, voire même mortelle pour Wenders) voire même de YouTube (autre évolution technologique et culturelle qui a un impact direct, sur la consommation du spectateur), en passant même par le coût de la fréquentation en salles.
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Malgré la brièveté de certaines contributions (toutes tournées en 2022, lors de la 75e édition du Festival de Cannes) dans cette chambre/capsule presque à l'épreuve du temps, Chambre 999 n'en reste pas moins une expérience aussi ludique qu'enrichissante dans les pistes qu'elle développe, entre nécessité d'évoluer et de préserver un art qui, bien qu'on semble vouloir lui coller une date de péremption à plus ou moins brève échéance, est et restera éternel.
Jonathan Chevrier