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[CRITIQUE] : La Hija de todas las rabias


Réalisatrice : Laura Baumeister de Montis
Acteurs : Ara Alejandra Medal, Virginia Raquel Sevilla Garcia, Noé Hernandez,...
Distributeur : Tamasa Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Nicaraguayen, Mexicain, Hollandais, Allemand, Français, Espagnol.
Durée : 1h30min

Synopsis :
Nicaragua, aujourd’hui. Maria, 11 ans, vit avec sa mère Lilibeth au bord d’une décharge publique. Leur avenir dépend de la vente d’une portée de chiots de race d’un voyou local. Lorsque l’affaire tombe à l’eau, Lilibeth doit se rendre en ville et dépose Maria dans un centre de recyclage où elle doit rester et travailler. Mais les jours passent et elle ne revient pas. Maria se sent perdue, déconcertée et en colère. Une nuit, Maria rencontre Tadeo, un nouvel ami plein d’imagination qui est déterminé à l’aider à retrouver sa mère.



Critique :


Au sein d'une distribution annuelle de plus en plus dense, ce qui est à la fois une bénédiction (on ne compte plus les belles découvertes au fil des mercredis) et une source de frustration incroyable (car il est humainement impossible de tout voir, sauf cas exceptionnels), il n'est désormais plus rare de voir l'émergence d'œuvres issus d'industries en pleine essor - où très rarement célébrées -, squatter des salles obscures au milieu de grosses productions rutilantes américaines, où de comédies populaires bien de chez nous.

Un éclectisme qui est aussi bien une chance qu'une force (même si beaucoup n'en ont pas conscience), et que l'on se doit se préserver en ouvrant, justement, nos horizons au moins autant que les petits distributeurs courageux, tentant des paris souvent à la lisière du casse-gueule - pour rester poli.

Copyright Tamasa Distribution

S'il est vrai que cette semaine, l'attention générale est gentiment polarisée du côté de notre propre cinéma (Le Livre des Solutions, Un Métier Sérieux) et d'Hollywood (La Nonne : La Malédiction de Sainte Lucie, Mystère à Venise), c'est vers l'Amérique du Sud, et plus directement le peu prolifique cinéma nicaraguayen (cinq productions au compteur, et celui-ci est le premier chapeauté par une femme), qu'une des belles surprises attend les spectateurs : La Hija de todas las rabias, premier long-métrage de la wannabe cinéaste Laura Baumeister de Montis, une plongée sans concession et brute dans un Nicaragua bouffé par la pauvreté.

Constamment à hauteur d'enfant, vissé sur la relation fusionnelle entre une mère - Lilibeth - et sa fille - Maria -, vivant au jour le jour et de la vente de chios d'un criminel local, collées quelles sont à une décharge publique.
Tout bascule le jour où, alors qu'une rébellion sociale est en marche, ce petit business précaire déraille, et que Lilibeth abandonne la chair de sa chair dans une usine de recyclage où elle doit travailler, avec d'autres gamins de son âge - au péril de leur jeune santé.
Désespérée à l'idée de revoir une mère qui ne revient pas à elle, Maria va se lancer à sa recherche pour, coûte que coûte, la retrouver...

Copyright Tamasa Distribution

Véritable décharge (pas de mauvais jeu de mots) émotionnelle sans pour autant jouer la carte du misérabilisme putassier et larmoyant, La Hija de todas las rabias se fait un douloureux et poétique drame à la réalité quasi-documentaire, sur une relation mère-fille bousculée par une misère écrasante, obligeant la première à commettre l'impensable, là où la seconde se réfugie avec une énergie folle, dans un optimisme inébranlable (nourrit par un imaginaire foisonnant), qui contraste avec la dure réalité de sa vie et le monde qui l'entoure.

Où quand la résilience se confronte à la rage de vivre, où quand la beauté et le désespoir ne forment plus qu'un, devant une caméra aussi sobre qu'inspirée.
Un sacré premier long-métrage donc.


Jonathan Chevrier