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[CRITIQUE] : Vera


Réalisatrice•teur : Tizza Covi et Rainer Frimmel
Avec : Vera GemmaDaniel De PalmaSebastian Dascalu,...
Distributeur : Les Films de l'Atalante
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Autrichien.
Durée : 1h55min

Synopsis :
Vera, actrice blond platine au chapeau de cowboy vissé sur la tête, mène difficilement sa carrière, dans l’ombre de son père, Giuliano Gemma, icône du cinéma italien des années 60. Elle vit au jour le jour dans le petit monde du showbiz, lassée de ses relations superficielles. A la suite d’un accident de la route dans un quartier populaire de Rome, Vera rencontre un jeune garçon de huit ans et son père. Elle tisse une relation intense avec eux, découvre alors la vraie vie, et peut-être même une nouvelle famille.



Critique :



Au sein d'un été ciné aussi dense que gentiment éclectique (non, il n'y avait pas que Barbie et Oppenheimer), l'étrange et atypique Vera du tandem de cinéaste Tizza Covi et Rainer Frimmel, peut gentiment s'inscrire au rayon des belles petites surprises stimulantes et enthousiasmantes, lui qui s'inscrit à mi-chemin entre le docu-fiction et le biopic (une sorte de cinéma vérité embaumé par le doux parfum de la fiction), vissé sur les atermoiements de Vera Gemma, fille de l'immense Giuliano Gemma - véritable icône du western spaghettis des 60s.

Une jeune femme au tempérament aussi naïf qu'impétueux, aux faux airs de bimbo superficielle tout droit sortie d'une télé-réalité mais instinctivement attachante, qui tente désespérément de se faire un nom (comme les nombreux filles/fils de du septième art - mais pas que) par elle-même, et de se délester de l'ombre écrasante de son paternel.

© Vento Film

Pas forcément original pour un sou sur le papier donc, mais à l'écran, la mayonnaise prend une tournure sensiblement plus goûteuse, notamment dans la manière qu'a le duo Cozzi/Frimmel a épouser les pas de ce personnage décentralisé (jamais vraiment à la marge, ni totalement dans le luxe glamour de son statut social), entre fiction calibrée et improvisation, pour mieux le plaquer sur un cadre romain tout aussi divisé, qu'ils représentent sans le moindre stéréotype putassier.
Ou comment le portrait de Vera embrasse celui, plus large, d'une Italie contemporaine divisée par sa lutte des classes et ses inégalités.

Deux faces paumées d'une même pièce, qui se retrouve dans la friction entre deux mondes dissemblables, aussi attirés l'un vers l'autre que difficilement conciliables, celui de Vera et de Daniel, à la suite d'une rencontre qui aurait vite pu tourner à la tragédie - et qui confronte la première, purement et simplement, à la réalité de la périphérie.
En résulte une œuvre à part, la pellicule joliment coincée entre deux chaises - comme son héroïne, au fond -, entre le faux documentaire naturaliste et la fable sociale, aussi intelligemment pensée que spontanée et immédiate, aussi authentique et optimiste qu'irrésistible.


Jonathan Chevrier


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