[INSTANT LITTÉRATURE] : #14. La Prophétie des abeilles (Bernard Werber)

" Quoi, un site centré sur le cinéma qui papote littérature, mais quelle hérésie ! ".Voilà une manière polie de dire " qu'est-ce qu'on est en train de foutre ", mais à une heure ou la littérature n'a jamais autant été liée au septième art (ah, Hollywood et son manque d'originalité...), nous avons trouvé de bon ton, en temps que media, de voir un petit peu plus loin que le bout de notre plume, et d'élargir notre prisme de partage culturel en papotant littérature donc, sans pour autant que cela soit lié au cinéma - même si cela arrivera certainement souvent.

Armez-vous de vos lunettes, d'un marque-page et d'un potentiel chèque-cadeau FNAC pour faire vos emplettes, et lisez un brin nos recommandations littéraires pleines d'amour, au coeur de notre nouvelle section : Instant Littérature !

#14. La Prophétie des abeilles de Bernard Werber

En 2018, Bernard Werber publiait son roman La Boîte de Pandore, qui suivait un jeune professeur d’histoire, René Toledano, qui, grâce à l’hypnose, parvenait à accéder à ses vies antérieures. La Prophétie des abeilles, publié en 2021, fait suite à ce roman, mais peut parfaitement être lu sans connaître l’intrigue de La Boîte de Pandore.
Dans ce roman, on retrouve René qui va devoir se replonger dans ses vies antérieures pour retrouver un codex de prophétie pour sauver l'humanité de la famine ainsi que pour empêcher la disparition des abeilles. Alors que le roman précédent était focalisé sur les Atlantes et l’Égypte, on se retrouve principalement ici en pleine période des croisades et des Templiers. Bernard Werber arrive à conter un récit qui mélange parfaitement l'Histoire, la spiritualité et l'aventure. La réincarnation et l’accès aux vies antérieures par l’hypnose régressive est un sujet passionnant et rend l’histoire captivante. Le roman mentionne également les familles d’âme, des âmes sœurs qui se retrouvent vie après vie pour accomplir quelque chose ensemble.

Je pense que nous avons dû tester, vie après vie, différentes manières de nous connaître par le corps et par l’esprit. […] Mais chaque fois, c'est comme un rendez-vous où nous savons que nous allons nous apporter mutuellement quelque chose qui nous manque.

Chaque chapitre est entrecoupé de mnémos, petits textes qui donnent un aperçu sur certaines périodes historiques (de l'Égypte ancienne aux Templiers, avec un fort accent sur les religions, en particulier le judaïsme). Bien que dispensable au récit, cet ajout permet d'en apprendre davantage sur l'Histoire si celle-ci ne vous est pas familière.

Malgré quelques longueurs et une fin un peu abrupte, le roman tient en haleine jusqu’au bout. La Prophétie des abeilles se lit comme un film, et on arrive parfaitement à imaginer l’intrigue qui se déroule sous nos yeux. Il est toutefois dommage qu’il soit difficile de s’attacher aux personnages. Ils ne sont pas très étoffés, ils sont même plutôt génériques. Mais, malgré ça, on prend plaisir à suivre leurs péripéties.

Ce que je n’aime pas dans le concept de prophétie, c’est que cela enlève à nos actes une part de responsabilité. Et si nous n’avons pas de responsabilité dans ce qui arrive, alors il n’est plus nécessaire de réfléchir ni d’avoir une morale personnelle.

À travers cette fiction, Werber apporte une réflexion sur l’avenir et le passé de l’humanité, sur l’impact du réchauffement climatique, etc. Cependant, on ne tombe jamais dans le fatalisme et le jugement moral. À travers le thème de réincarnation, on se questionne finalement sur l’influence des vies antérieures sur notre vie actuelle (si c’est un sujet auquel on croît). Car dans le roman, cette régression dans les vies passées est vue comme une façon de voyager dans le temps à travers l’esprit. C’est donc une alternative intéressante au voyage dans le temps classique.
La Prophétie des abeilles saura ravir les amateurs d’aventure et de “philosophie fiction”, un genre inventé par Werber lui-même, qui mêle science-fiction, philosophie et spiritualité.

Jules Basile