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[CRITIQUE] : Paula


Réalisatrice : Angele Ottobah
Acteurs : Finnegan Oldfield, Aline Helan-Boudon, Océan,...
Distributeur : Arizona Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h38min

Synopsis :
Paula a 11 ans. L’école l'ennuie et elle n'a qu'un seul ami, Achille. Son père lui fait une surprise : ils vont passer l’été dans la maison de ses rêves au bord d’un lac. Mais le temps file, l'automne approche et ils ne rentrent toujours pas. 



Critique :


Il est le plus français des britanniques et inversement (oui, le genre de punchline tellement facile à décliner, qu'elle est obsolète au moment même où elle est écrite), mais avant tout et surtout une vraie gueule de cinéma, de celle qui marque la rétine, qui prend de la place par sa présence, peut-être pas forcément bestiale mais vivante, vibrante.
Une gueule oui, de celles qu'on oublie pas et, encore plus, quand elles ne sont pas censés voler la vedette.

Car il la vole, Finnegan Oldfield, la vedette,  peut-être inconsciemment au départ (il est même tombé dans le bain du métier par pur hasard), que ce soit du côté de la vieille garde (Tony Gatlif, Anne Fontaine, Stephane Brizé, Éric Barbier, Michel Hazanavicius) que de la jeune (Clément Cogitore, Naël Marandin, Katell Quillévéré, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh), même s'il semble désormais totalement conscient de cette aura qui, au fil du temps, s'épaissit, se bonifie.
Paula, estampillé premier long-métrage de la wannabe cinéaste Angele Ottobah, ne taira pas cette certitude, il la confirme, la souligne avec une dureté rare, lui qui prend les contours d'une fable dont les prémisses utopiques ne sont qu'un leurre, visant à rendre encore plus impactante sa noirceur aussi sourde et sournoise que terrifiante.

Copyright Kidam

Un conte des frères Grimm, où l'ogre séduisant qui met en confiance pour mieux dévorer sa proie, n'est ni plus ni moins qu'un père (un Finnegan Oldfield tout en ambiguïté dérangeante), aimant plus que de raison et à l'hygiénisme troublant, qui déconnecte lentement mais brutalement sa fille (Aline Helan-Boudon, une véritable révélation) du monde, alors qu'elle ne demande qu'à y rester connecté, quand bien même elle n'y trouve jamais vraiment sa place.
Un père qui, profitant d'une mère absente, la catapulte dans une bulle hors norme, hors des normes, une parenthèse enchantée qui s'éternise jusqu'à en devenir anxiogène, cauchemardesque.

Sous ses faux atours de coming of age movie estival, le film traite de la maltraitance (et d'inceste, même s'il n'est pas explicite à l'écran), de l'emprise psychologique néfaste et tragique d'un être malade sur sa progéniture (dont Angele Ottobah a aussi été victime dans sa jeunesse), au travers d'un songe tendu et méticuleusement soigné (du mixage sonore à la photographie léchée de Lucie Baudinaud, en passant par le score entêtant de Rebeka Warrior), pointant la toxicité d'une relation père-fille aliénante, où le premier rompt l'innocence de la seconde dans une solitude insondable.

Copyright Kidam

Paradoxalement pachydermique parfois dans ses effets, autant qu'il peut faire preuve d'une délicatesse étonnante, Paula détonne et déroute, fascine par sa singularité malgré quelques scories inhérents à tout baptême du feu cinématographique.
Pas un petit premier effort donc, pour une cinéaste qu'il serait bien bête de ne pas suivre avec un intérêt plus que prononcé, à l'avenir...


Jonathan Chevrier


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