[CRITIQUE] : Megalomaniac
Acteurs : Benjamin Ramon, Eline Schumacher, Wim Willaert,...
Distributeur : Shadowz
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Belge.
Durée : 1h41min.
Synopsis :
Félix et Martha sont les enfants d’un terrible tueur en série belge, le Dépeceur de Mons. Si le premier s’accomplit en perpétuant l’œuvre du père, la seconde devra se résoudre à la violence après une agression sur son lieu de travail.
Critique :
Entre le fantasme traumatique baroque et le thriller psychologique nihiliste et brutal, le tout flanqué dans l'inconfort le plus total et viscéral,#Megalomaniac, enveloppé dans un goudron de férocité et de désespoir, est un cauchemar à ne décemment pas mettre devant tous les yeux pic.twitter.com/90HYlcsMCV
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 29, 2023
Il est assez rare de pouvoir louer tout le catalogue d'une plateforme à une heure où la quantité prime souvent (tout le temps?) sur la qualité, à une heure où la course au contenu fait souvent produire et/où acheter n'importe quoi.
Mais force est d'admettre qu'à l'instar de Mubi, Shadowz se plie en quatre pour nous fournir en bonnes péloches horrifiques, qu'elles soient cultes, méconnues où même inédites, et mérite pleinement aussi bien l'intérêt, qu'un petit coup de projecteur à l'occasion (c'est gratuit, et ça ne mange pas de pain).
Au sein d'un week-end résolument chargé, elle dégaine donc conjointement le gentiment buzzé The House (Skinamarink) de Kyle Edward Ball (qui mérite toutes ses louanges) et Megalomaniac de Karim Ouelhaj, fable noir et un brin Lynchienne plongeant dans les méandres du quotidien de serial killer, non pas par le prisme du dit tueur (il s'inspire du réel, les actes ignobles du " Boucher de Mons ", pour nourrir sa fiction), mais bien par celui des esprits déformés d'un frère et d'une sœur vivant sous le poids oppressant de leur sadique de paternel.
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Odyssée déconcertante parce que furieusement authentique dans sa lente et implacable décente aux enfers (entrecoupée de quelques séquences façon tranche de vie, dans une baraque en ruine), où l'on suit la perte désespérée d'humanité d'une âme soumise, éprouvée, violentée et malmenée par les hommes, tandis que sa moitié fraternelle à définitivement pris le pli de l'entreprise familiale; le film captive dans sa volonté de montrer toutes les strates (surtout graphiques, avec des hallucinations aussi sinistres qu'élégantes) d'une métamorphose humaine en un monstre qui a franchi bien trop loin les frontières de la morale, à été poussée beaucoup trop loin par la violence patriarcale et masculine, pour opérer tout retour en arrière, pour renouer avec la (notre) réalité.
Où comment décortiquer les origines, les causes et la vraie nature - provoquée - du mal, pour mieux tenter si ce n'est de la comprendre, au moins d'en approcher sa noirceur.
Entre le fantasme traumatique baroque, le thriller psychologique nihiliste et le film de tueurs en séries brutal et dénué de tout jugement, le tout flanqué dans l'inconfort le plus total et viscéral, Megalomaniac, enveloppé dans un goudron de férocité et de désespoir, porté par une bouillonnante colère sociale, est un cauchemar à ne décemment pas mettre devant tous les yeux.
Jonathan Chevrier