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[CRITIQUE] : Ils ont cloné Tyrone


Réalisateur : Juel Taylor
Acteurs : John Boyega, Jamie Foxx, Teyonah Parris,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min.

Synopsis :
Un trio improbable d'agents enquête sur une série d’événements étranges. A cette occasion, ils découvrent l'existence d'un complot infâme au sein de leur société...



Critique :

Tout n'est qu'une question de survie dans le premier long-métrage de Juel Taylor, They Cloned Tyrone, hommage généreux, sincère et loufoque autant au cinéma béni de John Carpenter, qu'à une Blaxploitation qui l'était tout autant, adepte des cocktails de genre furieusement foutraque que le film épouse d'ailleurs avec une gourmandise affirmée (on peut y voir de la satire sociale corsée, un ghetto movie dramatique, du thriller paranoïaque, de l'horreur, de la SF et même un doigt d'humour gentiment absurde).

La survie, c'est la boussole morale de Fontaine, un trafiquant de drogue du quartier fictif de The Glen qui prend soin de sa mère malade (et vit dans le deuil de la mort de son jeune frère), mais également celle du maccro sournois Slick Charles, qui dispense aux femmes qu'il exploite comme Yo-Yo, l'assurance crasse qu'elles reviendront toujours dans la rue.
C'est en remboursant une dette qu'il a couvert auprès de lui, que Fontaine se fait abattre par le dealer d'un gang local, qu'il avait justement renversé quelques heures plus tôt.
Malgré sa mort, le bonhomme se réveille indemne le lendemain matin, et reprend sa routine habituelle... 

Copyright Netflix

Passé une première moitié un poil bavarde, qui prend cela dit intelligemment le temps d'installer son cadre, ses personnages et ses enjeux, le tout embaumé dans un groove so cool made in 70s, le film deraille astucieusement pour tomber tête baissée dans la Twilight Zone, à coups de complots contre la communauté afro-américaine, d'installations de recherche souterraines, de méthodes extrêmes de lavage de cerveau et d'un esprit Big Brother qui ne font que titiller son propos déchaîné sur la haine raciale (et pas uniquement via le prisme du mépris/racisme blanc), la surveillance gouvernementale et la notion d'dentité personnelle, dans une nation où l'assimilation vaut mieux que l'annihilation ".

Mais sous un enrobage funky qui tabasse comme une mandale de John Shaft, Taylor vise joliment juste dans sa volonté de pointer les ravages la désinformation consciente actuelle, tout autant que la sournoiserie assumée d'un système politique qui ne cherche qu'à profiter des plus démunis - sans pour autant dénaturer son statut de divertissement populaire.
Invasion Los Angeles n'est jamais loin, dans cette propension à balancer des vérités percutantes sur la société contemporaine, le tout appuyé par la partition impliquée du trio Boyega/Parris/Foxx.
Une sacrée bonne surprise.


Jonathan Chevrier