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[CRITIQUE] : La Vache qui chantait le futur


Réalisatrice : Francisca Alegría
Acteurs : Léonor Varela, Mia MaestroAlfredo Castro, Luis Dubó,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Chilien, Français, Américain, Allemand.
Durée : 1h38min

Synopsis :
Cecilia, chirurgienne à la ville, doit revenir précipitamment avec ses deux enfants à la ferme familiale où vivent son père et son frère dans le sud du Chili. Au même moment, des dizaines de vaches sont frappées d’un mal mortel et la mère de Cecilia, disparue depuis plusieurs années, réapparaît.



Critique :


Une toute petite touche de surnaturelle, voire même d'étrangeté, savamment dosée, peut merveilleusement bousculer les attentes d'une narration pourtant furieusement ancrée dans le réel, nouée autour de thèmes aussi actuelles qu'universelles.
C'est tout l'équilibre délicat qui caractérise le premier long-métrage, résolument sous influences, de la wannabe cinéaste Francisca Alegría, La Vache qui chantait le futur, assurément, le plus beau titre de film de l'été.

Un premier effort où elle fait délicatement se percuter crise existentielle, drame familial, catastrophe écologique, critique sociale (sur une société chilienne furieusement patriarcale) et onirisme enchanteur, dans ce qui peut intimement être considéré comme une fable lyrique et spirituelle qui intime, exhorte même, son auditoire à ne pas s'attarder sur le passé, ses douleurs et ses erreurs, mais à se concentrer avec optimisme sur notre présent, pour bâtir un avenir meilleur.

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Ici, le surnaturel - tout comme le spirituel, finalement - ne se niche pas uniquement au coeur de son histoire (qui voit une chirurgienne, Cécilia, et ses deux enfants, revenir à la ferme familiale dans le sud du Chili, alors qu'un mal inconnu frappe aussi bien les poissons que les vaches laitières, et que sa mère, disparue depuis des années après un suicide, fait sa réapparition), qui tend à prouver que la vie peut émerger de la mort - où renaître par elle -, mais également dans son atmosphère savoureusement mystique, spectrale, presque entre deux mondes (surtout dans ses séquences nocturnes), fruit d'un mixage sonore enivrant, mais surtout d'une photographie lumineuse et de la science du cadre d'Inti Briones.

Presque Miyazaki-esque dans sa manière poétique de relier l'humanité et la nature, d'incarner un véritable conte folklorique où le drame intime d'une famille endeuillée et gangrénée par un traumatisme générationnel, se lie avec délicatesse à un constat écologique dévastateur, sur une humanité ruinant une Mère Nature nous appelant douloureusement à l'aide (où la figure de la vache, mère nourricière de la terre, est exploitée jusqu'à la mort et détachée de sa propre progéniture, mise habilement en parallèle avec cette figure matriarche, Magdalena, elle-même morte et donc détachée des siens); La Vache qui chantait le futur et son rythme lancinant, presque méditatif, sans doute un poil trop surchargé pour son bien (le lot de tout premier effort d'une cinéaste ambitieuse), n'en reste pas moins une belle et singulière proposition de cinéma, qui émerveille autant qu'elle pousse à la réflexion.


Jonathan Chevrier