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[CRITIQUE] : Stars at Noon


Réalisatrice : Claire Denis
Acteurs : Margaret Qualley, Joe Alwyn, Benny Safdie,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h17min.

Synopsis :
Une jeune journaliste américaine en détresse bloquée sans passeport dans le Nicaragua d’aujourd’hui en pleine période électorale rencontre dans un bar d’hôtel un voyageur anglais. Il lui semble être l’homme rêvé pour l’aider à fuir le pays. Elle réalise trop tard qu’au contraire, elle entre à ses côtés dans un monde plus trouble, plus dangereux.



Critique :


Curieuse trajectoire que celle connue par le dernier effort en date de la cinéaste Claire Denis, primé à Cannes malgré une presse l'ayant gentiment bousculé (après tout, le palmarès de la 75e édition n'était pas à une incohérence près), avant d'être remisé au placard puis catapulté dans les salles obscures plus d'un an après sa présentation sur la Croisette.
Une arrivée tellement tardive d'ailleurs qu'une autre édition lui a damné le pion il y a quelques jours.
Comme si, volontairement ou non, cette distribution un brin catastrophique venait appuyer l'idée d'une séance à la fois douloureusement peu attractive, mais surtout difficilement défendable.

Adapté du roman éponyme de Denis Johnson, et déjà bien entamé par une production en pleine pandémie du Covid-19 (qui lui a fait changer de lead masculin par trois fois, passant de Robert Pattinson à Taron Egerton, puis à Joe Alwyn), rien où presque n'aura été épargné à Stars at Noon, d'autant qu'il peut se voir, comme une somme de tous ses aléas, comme le film le plus radicale de sa cinéaste - malheureusement dans le mauvais sens du terme.

Copyright 2022 Curiosa

Sorte de cousin moderne du bouillant et romantique thriller d'espionnage Under Fire de Roger Spottiswoode (aux similarités évidentes, sur le papier tout du moins, avec même un doigt du Salaire de la Peur de d'Henri-Georges Clouzot), dans lequel Denis tente de se réapproprier les codes du genre avec plus où moins d'adresse, le film n'est in fine pas si éloigné d'un Chocolat où d'un White Material, tant il explore les atermoiements souvent passionnels, d'âmes (ici une jeune journaliste américaine et un énigmatique homme d'affaires anglais) qui se sentent comme des étrangers au cœur de terres sous tension, capturant l'attente, les regards et le désir qui émanent de corps comme bloqués dans des sables mouvants dont ils ne semblent jamais vraiment pouvoir s'extirper.

Les sables mouvants ici, c'est un Nicaragua tiraillé entre une réelle instabilité politique (la réélection d'Ortega au pouvoir et une revalidation de sa dictature, là où l'intrigue du roman se situait dans les 80s, en pleine Révolution sandiniste) et une pandémie dévastatrice (le Covid-19), bien que ses deux figures intéressantes ne soient présentes qu'en toile de fond du récit, un décor gadget (la première moitié du film préfère la moiteur des chambres d'hôtel que les turbulences des rues et de cadres fantasmagoriques, à la fois menacé et menaçant) autour desquels Denis noue autant une romance usée par toutes ses contradictions, qu'une hypothétique histoire de complot politique/trahison jamais vraiment prégnante.

Copyright 2022 Curiosa

Polar atmosphérique et (très) charnel profondément décousu, excursion lancinante et pâle dans le no man's land labyrinthique qu'incarne le cinéma de la cinéaste, mais à laquelle il manque cette fois tout le panache et la passion qui sublimait sa singularité, tant ici le désir se heurte dans l'incertitude et le manque cruel d'alchimie de son couple vedette Joe Alwyn/Margaret Qualley (incapables de transmettre la moindre intensité ou la moindre palpitation émotionnelle dans leurs interprétations); Stars at Noon se fait une expérience trop atone et bancale -  même si plastiquement renversant - pour convaincre, plombée par une écriture inconsistante qui s'appuie tout du long sur une mise en scène n'arrivant jamais à combler les manques.

Un beau tableau exotique donc, mais sans aucune profondeur.


Jonathan Chevrier


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