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[CRITIQUE] : Ruby, l'ado kraken


Réalisateur/trice : Kirk DeMikko et Faryn Pearl
Avec les voix originales de : Lana Condor, Toni Colette, Jane Fonda, Annie Murphy, …
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Animation, Aventure, Famille, Action, Comédie
Nationalité : Américain
Durée : 1h30min

Synopsis :
Âgée de 16 ans, Ruby Gillman est aussi maladroite qu’adorable. Elle tente désespérément de trouver sa place au lycée d’Oceanside, où elle a l’impression d’être totalement transparente. Elle donne des cours de soutien en maths à un jeune skater dont elle est secrètement amoureuse, mais qui ne semble admirer chez elle que sa capacité à résoudre des équations. Et de toute façon, elle ne peut pas fréquenter les élèves les plus intéressants du lycée, car sa mère qui la surprotège, lui a formellement interdit de se baigner dans l’océan. Mais le jour où elle lui désobéit et brise cette règle d’or, elle découvre qu’elle est la descendante directe de la lignée des reines guerrières Kraken, et qu’elle est destinée à monter sur le trône jusque-là occupé par sa grand-mère : la reine guerrière des Sept mers. Les Kraken ont prêté serment de protéger les océans du monde entier de la cupidité et de la vanité des sirènes, leurs ennemies jurées. Le seul véritable problème pour Ruby est qu’elle va donc devoir s’opposer à Chelsea, la nouvelle la plus jolie et la plus populaire du lycée qui se trouve justement être une sirène. Ruby devra alors embrasser son destin et s’imposer pour protéger ceux qu’elle aime le plus.



Critique :


DreamWorks oscille entre création originale et franchise, avec plus ou moins d'équilibre. Nous sommes parfois surpris devant certaines suites pondues uniquement pour surfer sur un succès (et le rendement qui va avec). Nous cachons discrètement un bâillement devant les autres. La fin de la saga Dragons, de Dean DeBlois, a aussi signé la fin d’une ère, et le studio peine à repartir du bon pied. Hélas, ce n’est pas avec Ruby, l’ado kraken qu’il pourra de nouveau faire montre de la pleine puissance créative du studio.

Pourquoi donc ? Car le film, si mignon et coloré soit-il, recrache tout ce qui a déjà été montré ces trois dernières années à propos de l’adolescence, de la transformation physique, de l'intolérance, de la relation parents/enfants et, plus précisément, de la relation mère/fille dans des films d'animation … Entendons-nous bien. Ruby, l’ado kraken, n’est pas un mauvais film. Le timing de sortie — alors que Luca et Alerte Rouge (même Élémentaire, à bien des égards) ont déjà abordé ces sujets — donne un sentiment de déjà-vu, dont on ne peut se départir. Telle une éponge, le film absorbe toutes les bonnes idées des autres, dont l’eau a croupi sous les ponts. Le résultat, d’une signature graphique toujours aussi marquée et colorée chez DreamWorks, n’en est que plus banal.

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Banal dans sa représentation de l’adolescence où Ruby, en bonne héroïne de teen-movie à la sauce américaine, se trouve être la quintessence de la marginalité, qui est d’être une kraken. Banal dans sa représentation du changement corporel incontrôlable qui, ici, ne peut même pas se targuer d’être la métaphore de l'adolescence (et/ou des règles). La métaphore prend la forme plus générale des injonctions et du poids presque héréditaire qu’est la féminité dans une famille, où il est question d’héritage familial et des obligations qui vont avec (expliquées autour d’un modèle monarchique sur lequel repose des responsabilités dès la naissance). Banal dans son propos sur la discrimination et sur la peur des étrangers, sur lequel le film superpose la monstruosité qu’invoque le mythe du kraken.

On retiendra cependant quelques fulgurances dans un récit qui tourne autour des apparences, des mythes, et des rumeurs sans fondement. On adhère également au propos sous-jacent sur une éducation plus fluide sur les injonctions dès la naissance (où l’on peut y apposer plusieurs métaphores : injonctions genrées, injonctions liées à la sexualité, à l’apparence, aux diktats). Ruby, l’ado kraken propose une inversion des aversions en détournant la monstruosité supposée des kraken sur les sirènes, ces créatures si bien intégrées dans les diktats féminins (avec une vision très disneyesque de la sirène, grande, longiligne, à la longue chevelure rousse …). Banal mais plaisant, voilà comment décrire le nouveau-né DreamWorks.


Laura Enjolvy