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[CRITIQUE] : Indiana Jones et le cadran de la destinée


Réalisateur : James Mangold
Avec : Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen, Thomas Kretschmann, Boyd Holbrook, Shaunette Renée Wilson, Toby Jones, Antonio Banderas,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h34min

Synopsis :
1969. Après avoir passé plus de dix ans à enseigner au Hunter College de New York, l'estimé docteur Jones, professeur d'archéologie, est sur le point de prendre sa retraite et de couler des jours paisibles.

Tout bascule après la visite surprise de sa filleule Helena Shaw, qui est à la recherche d'un artefact rare que son père a confié à Indy des années auparavant : le fameux cadran d'Archimède, une relique qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. En arnaqueuse accomplie, Helena vole l’objet et quitte précipitamment le pays afin de le vendre au plus offrant. Indy n'a d'autre choix que de se lancer à sa poursuite. Il ressort son fedora et son blouson de cuir pour une dernière virée...



Critique :

Qu'on se le dise, la saga Indiana Jones est tellement inscrit symboliquement, aussi bien au cœur du divertissement populaire américain que, justement, dans la culture populaire, que tout visionnage des aventures de ce professeur d'archéologie/chercheur de trésors est presque un passage obligé, un rite inscrit dès notre plus jeune âge - au même titre que E.T., La Guerre des Étoiles Retour vers le Futur.

Un personnage presque plus populaire encore que la saga en elle-même, comme 007 où Dark Vador (vous pouvez penser Skywalker, aussi), à ceci près qu'à la différence du célèbre agent britannique, impossible de voir un autre interprète que ce génial Harrison Ford, prendre le fouet et le chapeau d'Indy.
Même après un quatrième opus difficilement défendable - Le Royaume du Crâne de Cristal - qui, dans ses imperfections et ses choix douteux, incarnaient des adieux touchants à Henry Jones Jr. (tu le sais, Indiana c'était le nom du chien).

Copyright 2022 Lucasfilm Ltd. & TM. All Rights Reserved.

Voulu, à l'instar d'un Rocky Balboa où d'un John Rambo, comme une tentative de correction au moins autant qu'il incarne une manière furieusement opportuniste de la part de Disney, d'user jusqu'à la moelle d'une franchise populaire jusqu'à un inévitable reboot (qui a dit Star Wars ?), Le Cadran de la Destinée, cinquième film de la franchise et premier opus sans le tandem Spielberg/Lucas à sa barre, se fait un objet hybride entre le retour aux sources un brin salvateur, le passage de flambeau jamais totalement affirmé et les adieux mélancoliques et déchirants à un personnage qui a bercé notre cinéphilie.

On y retrouve donc un Indiana à la fin des 60s, alors que ses heures de chasseur de trésors semblent terminés depuis un bon bout de temps, un Jones presque " Fordesque ", un brin grincheux mais toujours aussi charismatique.
Amer, voire même un brin déprimé face à son divorce prononcé avec la toujours aussi fougueuse Marion (une manière plus ou moins habile d'éjecter Karen Allen et Shia LaBeouf de l'équation), mais aussi face à sa retraite annoncée de son poste d'enseignant universitaire.
C'est à ce moment-là que sa filleule Sam, fille de son ami Basil, vient l'appeler à l'aide pour se lancer dans une quête so " La Dernière Croisade ", à la recherche de l'Anticythère, artefact perdu d'Archimède, qui a rendu son père un brin fou, et dont on dit qu'il guide son utilisateur vers des " fissures dans le temps ", soit la capacité de voyager dans le temps.
Mais évidemment, les nazis, Indy oblige, dirigé par le scientifique Jürgen Voller, sont également à la recherche de l'artefact, notamment pour réécrire l'issue de la Seconde Guerre mondiale...

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On ne pourra absolument pas reprocher à James Mangold, arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe à la tête du projet suite à la défection de Spielberg, de vouloir donner du peps à cette cinquième aventure, par la force d'une action résolument plus présente que par le passé, d'une bataille homérique sur un train en marche (et qui rappelle un peu, celle qu'il avait capturé dans son Wolverine : Le Combat de l'immortel) à une course-poursuite à cheval dans les tunnels du métro new-yorkais, en passant par une autre en tuk-tuk dans les ruelles chargées de Tanger, bien que ses oripeaux numériques la dessert parfois plus que de raison - tout comme son montage, rendant toutes ses scènes souvent illisibles.

Mais dans le même temps, là où Spielby donnait une personnalité visuelle et tonale à ses aventures Indy-esque, même à un quatrième film à la structure malade, jamais le papa de Logan n'arrive à donner un vrai souffle épique à son épisode, à susciter l'émerveillement à une histoire sensiblement mal éclairée et montée à la truelle.
Et c'est là où le bat blesse le plus, dans cette volonté à sacrifié son héros mythique sur l'autel du tout spectaculaire, cette incapacité à ramener l'aura à la fois nostalgique et palpitante de ses aventures passées (un comble pour un retour aux sources), cette incapacité à ramener son auditoire faire l'émerveillement simple d'une chasse au trésor, la dernière d'un héros vieillissant mais encore vivace, trop bien conscient que son corps n'a plus la même fougue que son cœur d'aventurier, bien conscient que l'époque qui est la sienne va décemment trop vite pour lui.
Un héros de son temps qui ne lutte plus, tout comme une saga qui si elle convoquait avec magie une époque (les films d'aventure/serials des 40s/50s), est désormais obsolète dans un Hollywood où la bouillie numérique règne en maître.

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Une sorte de Marvelisation de la franchise qui guettait déjà la nostalgie surannée de la postologie de Star Wars, mais qui prend ici des contours " No Way Homesque " avec une narration gentiment sacrifiée au profit de camées clin d'œil (le retour de Sallah, loupe même le coche d'une émotion pourtant palpable), de références maladroites aux précédents films, culminant à un dernier acte mi-figue, mi-raisin, qui cherche à raccrocher les wagons du fan-service pour contenter les fans, symptomatique d'un épisode mise en boîte avec suffisamment de compétence pour ne pas totalement rebuter, mais qui laisse un sacré goût amer (comme celui de son héros tout au long du film) au fond de la gorge.

Exit l'exploration du temps qui passe, la mélancolie/nostalgie déchirante des souvenirs donc, perceptibles parfois dans des bribes de séquences qui laissent entrevoir le grand adieu qu'aurait pu/du être Le Cadran de la Destinée.
Tout n'est pas à jeter évidemment, notamment une Phoebe Waller-Bridge qui mériterait sa propre aventure solo, et un Harrison Ford toujours parfait dans le plus grand rôle (oui) de sa vie; mais un second rappel douloureux, après Le Royaume du Crâne de Cristal, que la magie de la saga s'est réellement éteinte dans le soleil couchant de La Dernière Croisade...


Jonathan Chevrier


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