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[CRITIQUE] : My Love Affair with Marriage


Réalisatrice : Signe Baumane
Acteurs : Dagmara Dominczyk, Matthew Modine, Michele Pawk,...
Distributeur : Tamasa Distribution
Budget : -
Genre : Animation, Romance.
Nationalité : Letton, Américain, Luxembourgeois.
Durée : 1h48min.

Synopsis :
Dès son plus jeune âge, Zelma a été persuadée par les chansons et les contes de fées que l’Amour résoudrait tous ses problèmes, pour peu que sa conduite soit conforme à ce que la société attend d’une jeune fille. Mais à mesure qu’elle grandit, plus elle essaie de rentrer dans le moule, plus son corps entre en résistance...



Critique :


Seulement second long-métrage de la cinéaste lettone Signe Baumane après plus de 30 ans de carrière, My Love Affair with Marriage se présente comme une jolie expérience sur le papier, une comédie animée aux résonnances autobiographiques où elle se raconte à travers un alter-ego duquel elle traverse différentes étapes sentimentales et sexuelles de sa vie, continuellement à la recherche d'une identité qui ne semble jamais réellement prendre forme.

Bien que le titre soit accrocheur, la narration ne se limite absolument pas au carcan du mariage, tant elle ne se limite jamais à la simple exploration du mythe de l'union sacralisée par l'église ni même uniquement à l'image de ce que peut représenter " l'amour idéal ", tant son modus operandi voit définitivement plus loin, sans une quête de remise en cause des stéréotypes éculés de la " femme idéale " et de la vie normalisée par la société, allant de la sempiternelle question de la maternité à la conception traditionnelle du couple; le tout avec un regard savamment cinglant tant il pousse gentiment à la réflexion de la notion de liberté (et de libre arbitre) de la femme d'être elle-même aujourd'hui.

Copyright Tamasa Distribution

Résolument hybride, le film se fait la fusion improbable mais néanmoins séduisante entre la comédie romantique Hollywoodienne purement 60s/70s sur l'apprentissage sentimentale et sexuelle, et le film d'animation engagé et coup de poing (une animation qui renforce l'humanité de ses personnages) à la structure épisodique, lui-même fusion entre une méticulosité poussée et un esprit profondément underground.
Avec en prime quelques respirations musicales, une absence de regard masculin (une hégémonie que l'on combat ici) et un sous-texte sur la physiologie du corps humain.

Clairement chargé comme une mule mais évidemment passionnant à mirer, Baumane vise férocement juste dans sa manière de montrer comment la musique et les contes de fées, dont on est nourrit dès l'enfance, se fait moins un outil pour façonner une émancipation, que la voix d'un système sculptant sournoisement attentes de la société quant à la façon dont une femme devrait agir - tout comme la rugosité de la vérité scientifique/biologique, qu'elle pointe comme une instance oppressive.

Copyright Tamasa Distribution

Conçu comme un véritable manifeste féministe organique et follement imaginatif, autant qu'une autobiographie fictionnelle et animée décapante et troublée (comme l'existence même de sa cinéaste), My Love Affair with Marriage pêche in fine, au-delà d'une durée un poil conséquente (même si la cinéaste se débat admirablement pour garder sa narration dynamique du début jusqu'à la fin), dans son incapacité à rendre ses personnages vivants, tant ils ne font finalement figure que d'illustration mécanique d'un discours bétonné à la virgule près, condamnés à ne pas évoluer dans un film qui prône justement le contraire du paternalisme.

Un menu défaut cela dit, pour une œuvre animée parlant avec justesse et excentricité de la vie, dans toutes ses contradictions et sa complexité.


Jonathan Chevrier