[CRITIQUE] : Hokusai
Réalisateur : Hajime Hashimoto
Acteurs : Yûya Yagira, Hiroshi Abe, Min Tanaka,...
Distributeur : Art House
Budget : -
Genre : Drame, Historique, Biopic.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
Japon, XVIIIème siècle. Alors que le pouvoir impérial impose sa censure sur les artistes, le jeune Shunrô, apprenti peintre, est exclu de son école à cause de son tempérament impétueux et du style peu conventionnel de ses estampes. Personne n’imagine alors qu’il deviendra Hokusai, célèbre auteur de la Grande vague de Kanagawa.
Critique :
Dans un paysage cinématographique populaire majoritairement dominé/gangrenné par des projets simplistes usant inlassablement de la même formule établie et éprouvée, le biopic estampillé moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et déclinable du marché et, paradoxalement, la plus usée parce qu'elle est justement l'incarnation parfaite de la facilité, pour peu que la figure choisie ait une existence un minimum remplie (quoique).
Rares sont alors les cinéastes à essayer un tant soit peu de se démarquer de cette popote familière et redondante de l'hagiographie Wikipedia-esque et en ce sens, il est compliqué de ne pas saluer un brin le parti pris, certes pas toujours adroit voire pertinent, privilégié par Hajime Hashimoto tant son Hokusai cherche avant tout à capturer le génie créatif du très influent artiste japonais Katsushika Hokusai (dont on connaît, au minimum, la fameuse La Vague/La Grande Vague de Kanagawa), en refusant toute idée de narration traditionnelle et en ne se fixant qu'au détour de deux époques bien distincte de sa vie, laissant (vraiment) peu de place aux détails.
Tout d'abord sa jeunesse, aussi irrévérencieuse et passionnée qu'arrogante et emprunt de jalousie (incarné par l'excellent Yuya " Nobody Knows " Yagira) où son expression créative prenait des contours politiques dans un Japon ultra-conservateur et autoritaire - l'ère Edo - où l'art était jugé comme moralement corrupteur et constamment sous le coup d'une violence répressive; puis dans un second temps, fruit d'une ellipse un brin brutale de cinquante ans (!), au crépuscule de son existence où il était enfin un artiste accomplit et respecté (Hiroshi " Still Walking " Abe), où sa sagesse se débattait avec une exigeance peut-être encore plus imposante, lui qui considérait négligeable ses efforts passés.
Deux pans de sa vie, des prémisses de son art à l'heure de sa quintessence, où ses contradictions autant que sa soif de se réinventer auront nourrit son œuvre aussi bien que sa passion obsédante pour l'art, passion que Hashimoto retranscrit avec application, scrutant la beauté et la minutie du processus créatif comme rarement sur grand écran, tout en dressant dans le même temps un portrait elliptique et partiellement nuancé à la fois de l'artiste anticonformiste et du Japon du XVIIIe siècle.
Mais difficile, au-delà de ses sublimes envolées picturales, de ne pas ressentir un léger sentiment d'inachevé dans cette errance plus où moins lyrique tant tout paraît un brin rushé et survolé (le montage français est amputé d'une bonne demie heure, ce qui n'arrange en rien les choses), tant la puissance de la forme (montrer l'art comme une pulsion de rébellion, une expression de la liberté) ne se retrouve jamais dans l'inconsistance et l'aspect bien trop dépouillé du fond.
Hokusai prend la vague et s'autorise quelques tubes donc, mais sans vraiment faire d'éclats...
Jonathan Chevrier
Acteurs : Yûya Yagira, Hiroshi Abe, Min Tanaka,...
Distributeur : Art House
Budget : -
Genre : Drame, Historique, Biopic.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
Japon, XVIIIème siècle. Alors que le pouvoir impérial impose sa censure sur les artistes, le jeune Shunrô, apprenti peintre, est exclu de son école à cause de son tempérament impétueux et du style peu conventionnel de ses estampes. Personne n’imagine alors qu’il deviendra Hokusai, célèbre auteur de la Grande vague de Kanagawa.
Critique :
Difficile, au-delà de ses sublimes envolées picturales, de ne pas ressentir un goût d'inachevé à la vision de #Hokusai, tant la beauté de la forme ne se retrouve jamais dans l'aspect trop dépouillé du fond, portrait elliptique à la fois de Katsushika Hokusai et du Japon du XVIIIe pic.twitter.com/tAilLSuOv3
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 30, 2023
Dans un paysage cinématographique populaire majoritairement dominé/gangrenné par des projets simplistes usant inlassablement de la même formule établie et éprouvée, le biopic estampillé moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et déclinable du marché et, paradoxalement, la plus usée parce qu'elle est justement l'incarnation parfaite de la facilité, pour peu que la figure choisie ait une existence un minimum remplie (quoique).
Rares sont alors les cinéastes à essayer un tant soit peu de se démarquer de cette popote familière et redondante de l'hagiographie Wikipedia-esque et en ce sens, il est compliqué de ne pas saluer un brin le parti pris, certes pas toujours adroit voire pertinent, privilégié par Hajime Hashimoto tant son Hokusai cherche avant tout à capturer le génie créatif du très influent artiste japonais Katsushika Hokusai (dont on connaît, au minimum, la fameuse La Vague/La Grande Vague de Kanagawa), en refusant toute idée de narration traditionnelle et en ne se fixant qu'au détour de deux époques bien distincte de sa vie, laissant (vraiment) peu de place aux détails.
Copyright 2020 Hokusai Movie |
Tout d'abord sa jeunesse, aussi irrévérencieuse et passionnée qu'arrogante et emprunt de jalousie (incarné par l'excellent Yuya " Nobody Knows " Yagira) où son expression créative prenait des contours politiques dans un Japon ultra-conservateur et autoritaire - l'ère Edo - où l'art était jugé comme moralement corrupteur et constamment sous le coup d'une violence répressive; puis dans un second temps, fruit d'une ellipse un brin brutale de cinquante ans (!), au crépuscule de son existence où il était enfin un artiste accomplit et respecté (Hiroshi " Still Walking " Abe), où sa sagesse se débattait avec une exigeance peut-être encore plus imposante, lui qui considérait négligeable ses efforts passés.
Deux pans de sa vie, des prémisses de son art à l'heure de sa quintessence, où ses contradictions autant que sa soif de se réinventer auront nourrit son œuvre aussi bien que sa passion obsédante pour l'art, passion que Hashimoto retranscrit avec application, scrutant la beauté et la minutie du processus créatif comme rarement sur grand écran, tout en dressant dans le même temps un portrait elliptique et partiellement nuancé à la fois de l'artiste anticonformiste et du Japon du XVIIIe siècle.
Copyright 2020 Hokusai Movie |
Mais difficile, au-delà de ses sublimes envolées picturales, de ne pas ressentir un léger sentiment d'inachevé dans cette errance plus où moins lyrique tant tout paraît un brin rushé et survolé (le montage français est amputé d'une bonne demie heure, ce qui n'arrange en rien les choses), tant la puissance de la forme (montrer l'art comme une pulsion de rébellion, une expression de la liberté) ne se retrouve jamais dans l'inconsistance et l'aspect bien trop dépouillé du fond.
Hokusai prend la vague et s'autorise quelques tubes donc, mais sans vraiment faire d'éclats...
Jonathan Chevrier