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[CRITIQUE] : Scream VI


Réalisateurs : Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
Acteurs : Melissa Barrera, Jenna Ortega, Jasmin Savoy Brown, Mason Gooding, Courteney Cox, Hayden Panettiere, Dermot Mulroney, Josh Segarra, Jack Champion, Liana Liberato, Devyn Nekoda, Henry Czerny, Samara Weaving, Tony Revolori,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min

Synopsis :
Après avoir frappé à trois reprises à Woodsboro, après avoir terrorisé le campus de Windsor et les studios d’Hollywood, Ghostface a décidé de sévir dans Big Apple, mais dans une ville aussi grande que New-York personne ne vous entendra crier...



Critique :


Dans l'univers des franchises horrifiques, Scream fait sans doute partie des titres les plus populaires, notamment par le traitement ludique de son regard orienté vers un cinéma de genre aux nombreux codes. C'est d'ailleurs suite au succès du premier volet que de nombreux titres tenteront de surfer sur une veine similaire de critique post-moderne, pensant que cela leur conférerait une certaine densité narrative alors même que c'est ce qui les fait rapidement dater. C'est justement cette erreur de limiter la licence à cet aspect qui trompe aussi bien ses fervents détracteurs que ces films qui n'ont pas réussi à capturer de nouveau l'éclair dans la bouteille. Certes, Scream joue de ses codes et attentes mais il le fait d'une manière bien plus réflexive et surtout chargée émotionnellement. C'est le périple traumatique d'une jeune femme à la mère assassinée et que l'on finit par renfermer encore, encore et encore dans le trope de la victime avant de se rétablir telle qu'elle est : moins une « final girl » qu'une survivante meurtrie.

Copyright 2022 PARAMOUNT PICTURES. ALL RIGHTS RESERVED.

Voilà l'équilibre subtil de la licence : un cocktail parvenant à s'amuser des attentes pour mieux nous faire réfléchir à son traitement cinématographique, narrer en filigrane un récit de traumatismes multiples et surtout une proposition de protagonistes assez intéressants pour les interroger sur les codes dans lesquels ils se retrouvent enfermés par des tueurs/metteurs en scène, nous rendant complices d'une certaine façon par notre statut d'audience (à l'instar du dernier plan du deuxième opus).

Alors pourquoi cela ne marche pas avec Scream 6 ?
Entendons-nous bien : le public espérant un divertissement horrifique simple devrait s'amuser car le spectacle n'est pas spécialement ennuyant. Le titre propose même des pistes narratives intéressantes, à l'instar de son ouverture qui laisse à penser à un résultat bien plus « nihiliste » dans son traitement cinématographique. Pourtant, le récit commence à grincer de manière significative, à l'instar des errances du précédent volet, pourtant sympathique dans son approche. Ainsi, Scream 2022 avait l'avantage et le défaut d'être filmé par des fans, procurant un certain plaisir tout en s'enfermant dans les codes des legacyquels, les tueurs étant littéralement des fans qui cherchent à faire leur film. La formule est ici plus mécanique encore et souffre d'une écriture mal rythmée.

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Les événements s'enchaînent donc de manière criante tout en n'arrivant pas à trouver l'ambition promise par un des personnages, à l'instar de cette attaque dans le métro. Pour citer un exemple plus concret, un protagoniste déclare qu'avoir trouvé un certain lieu aussi tôt dans le récit signifie que les événements ne sont pas ceux d'un banal « Stab »... avant de s'en servir à la fin comme climax. L'endroit même, propice à une vraie interrogation sur la frontière entre cinéphagie et fascination morbide, devrait plaire aux fans de la saga par son potentiel mais n'aura jamais l'impact attendu niveau narratif, si ce n'est un ironique passage derrière un écran.

Le problème est similaire concernant la gestion des lieux, n'arrivant que rarement à profiter de l'ancrage new yorkais pour instaurer une tension (une sympathique traversée d'échelle à la limite) ou réfléchir sur sa situation thématique. La mise en scène ne trouve ainsi que rarement la portée promise, donnant un certain cachet mais ce dernier ne restant que de façade. Il s'y développe une frustration, celle de voir une œuvre avec un réel intérêt mais ne parvenant presque jamais à l'accomplir, faute à un enfermement narratif assez ironique au vu des épisodes précédents. En se voulant trop caustique dans son approche, Scream 6 finit par devenir une copie de la saga qu'un véritable épisode. Il en ressort les défauts les plus visibles de son prédécesseur tout en essayant maladroitement de plaire aux fans par certaines références.

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Peut-être pas foncièrement mauvais (on peut trouver de quoi ne pas s'ennuyer durant son visionnage), Scream 6 déçoit surtout, ne trouvant pas l'ambition promise et ne parvenant pas à réitérer cette formule réflexive, ou du moins à la dévier vers quelque chose d’analytiquement plus profond et surtout ludique. On en vient à se demander ce qu'un Wes Craven aurait pu penser de pareille suite, cherchant certes à s'appliquer mais tombant dans des travers pourtant esquivés par les autres épisodes, particulièrement les siens. Peut-être est-ce là la plus grande erreur de ce sixième opus : ne pas être autre chose qu'un « banal STAB » alors même qu'il s'en revendique autrement...


Liam Debruel


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Tous ceux se rappelant au bon (non) souvenir d'un Jason Voorhees dégainant des uppercuts du diable sur les toits de la Grosse Pomme, pour déboîter des têtes d'adolescents aux hormones bien trop développées pour leur bien, sait que tâter du slasher à Manhattan est au moins une aussi bonne idée que de racler quelques questionnements écologiques dans un script d'actionner échoué à un mégalo-bourrinos tel que Steven Seagal (non, Terrain Miné n'existe pas).
Et cela même si New York est, sans aucun doute, l'un des cadres du pays de l'oncle Sam les plus fertiles à susciter l'effroi, une vérité que les plus fiers représentants du cinéma bis des 70s/80s (William Lustig, Abel Ferrara, Lucio Fulci, Michael Winner,...) ne peuvent nier.

Pas démonté pour un sou par l'accueil critique mitigé - mais sensiblement soutenu en salles par les spectateurs - de leur requel/legacyquel de la franchise Scream, le tandem Bettinelli-Olpin/Gillett remet le couvert un tout petit peu plus d'un an après avec une distribution encore plus chargée que la précédente - mais sans LA star de la saga, Neve Campbell -, mais surtout un cadre résolument plus imposant que Woodsboro : New-York (en fait Montréal, mais chut), permettant une seconde fois à Ghostface de s'échapper de ses terres après son escapade Hollywoodienne dans le mal-aimé (à raison... oui) troisième opus.

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Un sixième film que l'on espérait être un brin frappé par le sceau de l'émancipation (malgré les présences annoncées de Gale Weathers et Kirby Reed) et non à nouveau par celui d'une redite paresseuse tellement assumée qu'elle friserait presque avec l'indécence (à ce qui paraît, on appellerait cela hommage aujourd'hui...).
Troublant d'ailleurs de se dire que cette nouvelle itération débarque dans la foulée d'un Creed III qui, tout comme lui, doit négocier pour la première fois avec l'absence de sa figure centrale (Rocky Balboa pour l'un, Sidney Prescott pour l'autre) tout en tentant d'apporter quelque chose de neuf à une saga ronronnante.

Plus où moins mauvaise pioche (🎵 son de la boule noir dans Motus 🎵), tant les clins d'oeil méta restent toujours autant légion (ça pille gentiment Scream 3 mais aussi Scream 2 avec ses deux Ghostface citant directement Mickey Altieri et Debbie Salt/Mme. Loomis, la B.O. culte est encore balancée à l'emporte-pièce,...) même si l'entreprise évidemment bancale qu'incarne cette - énième - suite de trop se laisse embaumer par un doux parfum de bisserie totalement décomplexée et barbare, avec une violence plus marquée et du gore qui tâche.
Et cette brutalité fait logiquement toute la différence, car si elle ne transforme pas le plomb en or elle rend au moins cet épisode générique d'une franchise ressemblant de plus en plus à son extension métafilmique - Stab -, un peu moins barbant... voire même un brin jouissif.

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Conscient de ne pas pouvoir se démarquer par le dépaysement promis par l'affiche (un plan d'ensemble et une scène de métro, l'illusion est parfaite - nope) ni par une poignée d'idées/réflexions séduisantes mais souvent tuées dans l'oeuf (notamment celle qui voit Sam accusée par une horde de fans en ligne, d'être l'auteure de la dernière tuerie en date de Woodsboro), le duo Bettinelli-Olpin/Gillett joue sans réserve la carte du " osef " total, s'auto-celébrant par le biais de leur muse Samara Weaving dans l'efficace introduction (le discours de la professeure de cinéma qui en dit long sur l'égo boursouflé des lascars) tout en assumant pleinement n'en avoir plus rien à faire de sa galerie de personnages tous plus dispensables les uns que les autres excepté, évidemment, les deux frangines Carpenter, Tara et Sam, garante de l'empathie du spectateur (et du seul capital émotionnel du dernier films).

Une nouvelle fois au centre des débats, leur relation est intelligemment renforcée autant par les traumatismes du passé que par la volonté d'avancer, voire de s'émanciper (Tara de la présence aimante mais étouffante de Sam, tandis qu'elle semble de plus en plus tiraillée par ses penchants sanguinaro-héréditaires déjà évoqués dans le film précédent).
Mais bizarrement, même s'ils insistent à ramener à l'écran les jumeaux Meeks-Martin - toujours définis par leur caractéristiques caricaturales -, se manque de profondeur/humanité chez leurs protagonistes (même Gale est encore plus inutile que dans le cinquième film) ne dessert jamais leur vision première : à quoi bon s'attacher à des personnages dont on sait pertinemment qu'ils ne sont pas là pour rester, dans un film où seul le carnage et le chaos comptent réellement ?

Copyright Paramount Pictures

C'est dans cette duplication opérée avec la finesse d'un rhinocéros en rute, du film original (au fond, seul la final girl ultime compte réellement) et cette manière de rendre hommage aux glorieuses 80s dans une odyssée brutale et sanglante étonnamment généreuse (qui insuffle, comme la récente trilogie Halloween de David Gordon Green, une radicalité rare dans ce type de productions ultra-calibrées), que Scream VI fait finalement mouche.
Alors certes, s'il éternise son tunnel récréatif plus que de raison (les deux heures de bobine se font bien sentir), et qu'il se cantonne bêtement à soigneusement varier une formule qui nous est intimement familière, il n'en réserve pas moins quelques solides séquences de tensions et de cruauté (l'ouverture, le métro, la supérette,...), le tout embaumé dans un score loin d'être dégueu (une bonne dose de suspense mélodique qui prend toute son ampleur dans le final).

Évidemment, sa seconde vision révélera très certainement nombre de défauts que l'on aura sûrement mis de côté lors de sa découverte initiale mais dans l'état, ce sixième film, aussi dispensable soit-il, fait le café et c'était loin d'être gagné d'avance.
Impossible pour autant d'attendre avec un minimum d'impatience un hypothétique septième Scream, tant capitaliser sur une suite inoffensive qui ne se cache même plus de ne plus savoir quoi raconter, rétrograderait la saga au rang peu reluisant de proto-Vendredi 13, et c'est le pire qu'on puisse lui souhaiter...


Jonathan Chevrier



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