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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #172. No Mercy

© 1986 - Delphi Productions/TriStar Pictures

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !



#172. Sans Pitié de de Richard Pearce (1986)

Si aujourd'hui sa carrière se résume à quelques présences oubliables dans des comédies romantico-jetables et autres drames plus où moins recommandables, alors que bon nombres de cinéphiles avertis se demandent si les rumeurs colportées à son égard sur la toile sont vraies (tape " Richard Gere gerbille " sur Google et ton innocence tu perdras), il fût un temps où le prince charmant et friqué (mais surtout affreusement problématique) de Pretty Woman - en gros les 80s/90s - briguait le statut improbable d'action man dans des polars d'assez bonnes factures il est vrai, même si désormais condamnés à squatter les bacs à DVD à 1€ (on pense fort à toi Le Chacal).
Clairement fait de cette pellicule là même si le temps ne lui a pas forcément rendu service, Sans Pitié de Richard Pearce tentait de flirter tant bien que mal sur la petite renaissance du film noir au coeur des 80s, à quelques encablures d'un Angel Heart qui lui aussi, prendra pour cadre la Nouvelle-Orléans un an plus tard.

© 1986 - Delphi Productions/TriStar Pictures

Un (gros) cran-dessous du chef-d'oeuvre de Parker tout en embrassant pleinement ses contours de bisseries poisseuses et brutales vissée sur un affrontement " à l'ancienne " et westernien en diable entre un flic casse-cou mais intègre qui veut venger la mort de son partenaire, Eddie Jilette (" la perfection au massccuuullliiinnn "... pardon) et un big boss du crime local aussi charismatique que sadique, Losado (un intense Jeroen Krabbé); No Mercy en V.O. ne semble jamais vraiment sur quel pied danser tout en étant continuellement divertissant, mué par une énergie - bien aidé par l'excellent score de Silvestri - et une envie de bien faire qui ferait presque oublier ses défauts à la limite du pardonnable (une misogynie à peine masquée).
Romance maladroite au coeur du Bayou et au milieu des crocos (Jilette kidnappe la femme de Losado, la sublime Kim Basinger, avant de réaliser qu'elle n'est qu'une esclave pour lui, une propriété acquise sans coeur alors qu'elle était encore enfant), thriller violent parfois joliment inconfortable mais surtout gentille bisserie qui dépote dans son final; la péloche n'a que faire d'une intrigue prétexte qui n'est là que fournir aux personnages quelque chose à faire avant l'inévitable duel annoncé.
Et pourtant, tout se joue justement dans ce manque concret de profondeur, dans cette formule simpliste et pourtant salutaire (qui louche un peu sur le bijou Les 39 Marches d'Hitchcock), apanage familier de toute bonne bisserie qui se respecte : se concentrer à l'essentiel, laisser les comédiens et leurs alchimies vendrent le bout de pain d'une séance qui ne cherche jamais à se démarquer de ses fragilités assumées.

© 1986 - Delphi Productions/TriStar Pictures

Après tout, un bon thriller vaut surtout pour l'empathie que son (anti)héros est capable de susciter, et la terreur - où le dégoût - que son vilain provoque et en ce sens, Gere comme Krabbé font le café et vendent solidement leurs personnages, peut-être même plus encore que Kim Basinger qui s'extirpe admirablement bien de son statut de sexpot/love interest en suscitant une véritable empathie pour son statut de victime.
Limité et prévisible certes, mais un bon petit bout de cinéma à la mise en scène fluide et assurée qui épouse frontalement sa brutalité et ses contours sinistres.
Ah, les 80s...


Jonathan Chevrier

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