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[CRITIQUE] : Marlowe


Réalisateur : Neil Jordan
Acteurs : Liam Neeson, Diane Kruger, Jessica Lange, Daniela Melchior, Danny Huston, Adewale Akinnuoye-Agbaje, François Arnaud, Colm Meaney, Alan Cumming,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Thriller, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h50min

Synopsis :
Iconique personnage de romans policiers à succès, retrouvez le détective privé Philip Marlowe brillamment interprété par Liam Neeson.

En 1939, à Bay City en Californie, alors que la carrière du détective privé Philip Marlowe bat de l’aile, Clare Cavendish vient lui demander son aide pour retrouver son ancien amant, Nico Peterson, mystérieusement disparu. L’enquête de Marlowe va le mener au Club Corbata, repaire des habitants les plus influents et fortunés de Los Angeles. Mais rapidement, il se heurte à ses anciens collègues de la police alors qu’il fouine dans les coulisses de l’industrie hollywoodienne et dans les affaires de l’une des familles les plus puissantes de la cité des anges.



Critique :


Depuis Taken, claque violente et frontale, complètement jouissive pour tout amateur de cinéma burné, Liam Neeson est devenu le nouveau cauchemar des Albanais, mais surtout le nouveau porte étendard des quinquagénaires un chouïa usés mais qui en ont encore dans le pantalon et dans le chargeur pour défourailler un max de méchants.
Un Charles Bronson des temps modernes, en plus expressif et attachant, mais surtout en mille fois plus dangereux, et surtout quand il n'a plus de flingue en main.
Squattant désormais nos salles obscures quasiment chaque année avec la même envie de liquider tout ce qui passe sur son chemin (et assez souvent avec son cinéaste chouchou Jaume Collet-Serra à la barre), c'est finalement par deux fois qu'il nous est revenu par la case DTV en 2022, avec le old school et dramatiquement dépouillé Le Vétéran, puis le plus fadasse Memory d'un Martin Campbell en pilote automatique - mais toujours plus compétent que la moyenne - débarquer dans l'anonymat général sur Prime Vidéo.

Copyright Parallel Films (Marlowe) Ltd. Hills Productions A.I.E. Davis Films

Et c'est sensiblement dans cette mouvance que s'inscrit le pourtant prometteur Marlowe de Neil Jordan - qui cette fois a les honneurs des salles -, nouvelle aventure sur grand écran célèbre détective privé gentiment opposé à toute autorité né de la plume de Raymond Chandler, Philip Marlowe, immortalisé par le passé dans des partitions sensiblement opposées (et souvent en phase avec leurs époques) par les immenses Humphrey Bogart, Robert Mitchum et Elliott Gould.
Pas un petit héritage donc, que ce soit pour Neeson (le plus ancien et impersonnel des Marlowe, qui ne fait que recycler la sempiternelle mine taciturne qui en a fait un action man populaire) comme pour Jordan lui-même dont la comparaison inévitable avec les adaptations de Hawks et Altman, le dessert d'autant plus que son oeuvre (inspiré du roman La Blonde aux yeux noirs de John Banville) se perd dans un amas de clichés faciles et expurgée de toute insolence.
Un long-métrage tellement peu enraciné dans un amour évident du genre qu'il ne peut porter une impulsion nécessaire autant à le célébrer qu'à le réviser, une sorte de parodie du film noir qui se refuse à totalement s'assumer comme tel, ne tirant jamais vraiment parti de l'essence furieusement cinématographique d'une L.A. des 30s bouillonnante et chic/obscure, et encore moins l'essence du polar noir.

Copyright Parallel Films (Marlowe) Ltd. Hills Productions A.I.E. Davis Films

Laborieux, sans inspiration ni envie, plombé par un rythme lancinant et une écriture caricaturale à l'extrême dont aucun des comédiens ne semble pouvoir s'en extirper (excepté une trop peu présente Jessica Lange), Marlowe rate continuellement sa cible et s'avère in fine plus navrant qu'enivrant, une enquête qui avait tous les indices en main pour être décemment bouclée mais qui les bazarde méthodiquement tout du long.


Jonathan Chevrier