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[CRITIQUE] : Ant-Man et la Guêpe : Quantumania


Réalisateur : Peyton Reed
Acteurs : Paul Rudd, Jonathan Majors, Evangeline Lilly, Kathryn Newton, Michael Douglas, Michelle Pfeiffer,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h01min

Synopsis :
Une nouvelle aventure attend Scott Lang et Hope van Dyne dans leur vie de couple et de super-héros !
Tout va pour le mieux : Scott a écrit un livre à succès tandis que Hope défend avec le plus grand dévouement des causes humanitaires. Leur famille - Janet van Dyne et Hank Pym (les parents de Hope) et Cassie, la fille de Scott - font enfin partie de leur quotidien.
Cassie partage la passion de sa nouvelle famille pour la science et la technologie, notamment en ce qui concerne le domaine quantique. Mais sa curiosité les entraîne tous dans une odyssée imprévue et sans retour dans le vaste monde subatomique, un endroit mystérieux où ils rencontrent d’étranges nouvelles créatures, une société en crise et un impitoyable maître du temps dont l’ombre menaçante commence tout juste à s’étendre.
Scott et Cassie sont soudainement happés dans une direction tandis que Hope, Janet et Hank se retrouvent propulsés dans une autre. Tous se perdent dans un monde en guerre, sans savoir comment ils pourront en sortir ni même s'ils retrouveront un jour le chemin de leur foyer...


Critique :


Ant-Man a toujours incarné, volontairement où non, una anomalie au coeur d'un MCU où il a pourtant parfaitement sa place.
Dès sa conception douloureuse avec le départ d'Edgar Wright, symbole probant de l'hypocrisie entourant la " méthode " que vantait Marvel Studios pour justifier son succès (celle de laisser les mains libres aux " bons " réalisateurs et de les laisser cornaquer des blockbusters anti-formule et à leur image... nope), à son statut d'évasion jamais totalement sérieuse voire presque furieusement accessoire entre deux films plus importants; les deux aventures de Scott Lang étaient peut-être les productions les plus intimement défendables de tout le MCU, dans le sens où elles ne mentaient jamais sur la marchandise, n'étaient jamais plombées par un humour annihilant tout effet dramatique (puisque les films eux-mêmes n'avaient aucun réel enjeux dramatique où émotionnellement fort) et ne cherchaient jamais à être plus que deux heures de fun avec un génial Paul Rudd au diapason.

Copyright 2022 MARVEL.

Que Ant-Man et la Guêpe : Quantumania vienne rompre ce statut de douce anomalie en incarnant autant la première pièce d'une Phase V décisive - et appelée à réconcilier les fans avec le MCU après une décevante Phase IV de transition -, que le film intronisant pleinement ce qui est annoncé comme le remplaçant de Thanos et le grand vilain du second bloc cinématographique - Kang le Conquérant -, laissait déjà intimement penser qu'il y avait une sacrée couille dans le pâté (comment, sur le papier, pouvait paraître bonne l'idée que la moins importante des sous-franchises puisse incarner le pilier solide de TOUT l'univers partagé par la suite ?).
Lancé dans un compte à rebours de trois ans (Avengers : Secret Wars) où chaque long-métrage n'est plus suffisamment petit où insignifiant pour être négligé, Marvel fait donc se friter Ant-Man et Kang dans un affrontement où l'issue est que tout le monde en ressort perdant, même un spectateur peu exigeant déjà conscient de la possibilité d'être déçu avant même son arrivée en salles.
Dans une entreprise d'autodestruction massive qui pourrait presque faire passer Thor : Love and Thunder pour une séance distrayante entre deux indigestions, le tandem Jeff Loveness/Peyton Reed pédale gentiment dans un océan de semoule où toute incohérence est assumée avec aplomb incroyable - et un cynisme qui l'est encore plus.

Copyright 2022 MARVEL.

Au-delà de chercher à distiller le poison de la tristesse au sein de l'héroïsme parfait d'un Scott Lang qui a tout pour lui (les cinq années où il était coincé au-delà du temps et où il n'a pas voir grandir Cassie, le pèse plus que de raison), même une fille maladroite scientifiquement mais prête à porter l'héritage familial (et dont le re-casting injustifié n'est qu'un élément de plus dans la besace du ridicule que le film se traîne comme un boulet), Quantumania illustre parfaitement la manière dont le MCU vogue à vue au travers d'un royaume quantique qu'il a fait évoluer uniquement selon ses besoins, quitte à plonger tête la première dans le ridicule le plus complet.
Entre un monde vide et aux particules élémentaires dont personne - où presque - n'était jamais revenu (Ant-Man puis Ant-Man et la Guêpe), à un McGuffin tombé du chapeau magique pour justifier les voyages dans le temps (Avengers : Endgame), c'est désormais en totale contradiction avec les films précédents, un univers fantastique qui existe dans les espaces microscopiques du nôtre (un concept qui n'a jamais eu de sens auparavant et qui n'en aura pas non plus ici) mais qui arbore une architecture aussi hideuse que quelconque.
Un monde qui aurait pu/du être l'élément majeur de cette troisième aventure mais qui en est donc le symbole pertinent de tout ce qui ne fonctionne pas/plus au sein d'une formule qui si elle a encore plusieurs choses à nous conter, ne se donne même plus la peine d'y mettre les formes - et encore moins artistiquement.

Copyright 2022 MARVEL.

Ne traînant étonnamment pas pour catapulter ses héros dans ce monde de façade aux fonds verts aussi interchangeables que les usines à yaourts désaffectées bulgares qui se font les paysages tous les DTV de Steven Seagal et JCVD - où la légion d'un Kang qui n'a de conquérant que le nom -, le film s'efforce tout du long à rendre tout ce qu'il se passe dans cette exploration du royaume quantique aussi peu familier et hideux que possible (voire risible en ce qui concerne son bestiaire), bardés qu'il est dans sa conception de CGI souvent inachevés malgré les nombreux studios d'effets numériques répertoriés dans le générique.
Pire, même l'élément le plus jouissif de la saga, cet attrait " Chérie, j'ai rétréci les gosses " à voir les héros réduirent des choses familières pour les pervertir sous un angle comique, perd tout son sens ici puisque le jeu savoureux avec les différentes échelles et des divers rétrécissement s'opèrent dans un monde subatomique sans relief et aux cieux sans horizon, mise en images sans la moindre ampleur ni la moindre ambition tant l'espace qu'habite les personnages est quasiment illisible (à tel point qu'il est souvent difficile de savoir si les personnages sont plus grands ou plus petits que la normale).
De telles fissures visuelles pourraient être ignorées si Quantumania n'avait pas vendu ce spectacle visuel comme sa principale attraction, si le rythme effrénée de sa narration ne pointait pas autant sa conception chaotique et vide mais aussi et surtout si l'écriture se donnait plus de mordant pour laisser vivre des personnages dont elle se contrefout (les Ant-Man attiraient autant la sympathie en grande partie pour le côté terre à terre), tout comme de leur apprentissage de ce nouvel univers.

Copyright 2022 MARVEL.

Mais en s'efforçant de ne rien produire avec déjà pas grand-chose en main, Peyton Reed fait reculer de plusieurs crans une évolution du MCU déjà boiteuse (il n'offre aucune évolution aux Lang et aux Pym), saccageant même l'introduction d'un Kang/Jonathan Majors à la présence solennelle et imperturbable (dont le potentiel est égal à la menace du nouveau Thanos qu'il est censé être) même si dénuée de tout mystère/tension, comme un brin écrasée par la nécessité d'être établi dès aujourd'hui comme un vilain suffisamment dangereux pour mener à bien deux phases entières.
Épopée SF référencée (coucou Star Wars) et malade qui n'a in fine d'épique que son titre à rallonge, Quantumania ne sert finalement ni Ant-Man ni Kang en les opposant l'un à l'autre, et se fait moins le début d'une nouvelle ère qu'un recyclage fatigué d'aventures inégales que nous avons déjà vécues, aux rires encore plus sporadiques que par le passé.
Insatisfaisant, émotionnellement mince et sans conséquence, la formule du MCU ne grince plus, elle rouille à vue d'oeil...


Jonathan Chevrier