[CRITIQUE] : Brillantes
Réalisatrice : Sylvie Gautier
Avec : Céline Sallette, Eye Haïdara, Thomas Gioria, Camille Lellouche, Julie Ferrier, Bruno Salomone,...
Distributeur : Alba Films
Budget : -
Genre : Comédie dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Karine, femme de ménage, partage sa vie entre son travail de nuit avec ses collègues et Ziggy, son fils de 17 ans. Lorsque l'entreprise qui l'emploie est rachetée tout bascule pour Karine. La pression sociale va la pousser dans ses retranchements et la mettre face à un dilemme : dévoiler un secret ou mentir pour se protéger.
Critique :
Il n'y a rien de dissonant dans le fait de voir que le cinéma social français - dramatique comme comique - prenne de plus en plus de place dans les salles obscures, tant le pays n'a pas été dans un tel climat de frustration, de rage et de désespérance depuis très longtemps.
Comme s'il était devenu encore plus nécessaire, vitale même, d'extérioriser et d'exprimer ce mal-être à l'écran, de s'attacher à mettre en lumière les inégalités qui gangrènent notre système autant qu'à donner la parole par la fiction, à défaut de pouvoir le faire réellement au quotidien, à ceux que l'on n'entend pas et que l'on ne cherche pas forcément non plus, à écouter.
Une sorte de dépassement de fonction que certains atteignent presque naturellement (et avant tout par la force de leur mise en scène plus que dans leur écriture) tandis que d'autres, moins habiles et résolument plus forcés, ne font qu'effleurer du bout de la pellicule quitte à paraître non pas artificiel, mais cruellement scolaire et peu original.
Un écueil dans lequel ne tombe pas totalement Brillantes, estampillé premier long-métrage de la wannabe cinéaste Sylvie Gautier, dont l'histoire rappelle un brin le récent Ouistreham d'Emmanuel Carrère, modeste petit bout de cinéma qui s'échine à incarner une comédie sociale digne et touchante qui sensibilise admirablement autant sur la question du handicap - ici l'illettrisme - que de la précarité et la pénibilité d'un métier difficile et ingrat (femme de ménage), même si sa mise en images manque cruellement de puissance et d'énergie pour pleinement impacter son auditoire.
Vissé sur un pitch au demeurant simpliste (Karine, mère d'un môme de 17 ans et employée de nuit dans une société de nettoyage industriel, joint difficilement les deux bouts et voit son destin devenir encore plus compliqué à l'annonce du rachat de la société qui l'emploie, une annonce qui menace de dévoiler qu'elle ne sait ni lire ni écrire, elle qui se débrouillait jusqu'à maintenant pour le cacher aux yeux du monde), le film se fait une chronique sociale touchante expurgé de tout misérabilisme et tout pathos putassier, croquant un beau regard sur la solidarité féminine et la condition ouvrière où l'employé(e), totalement déshumanisé , n'est qu'un pion interchangeable voué à remplir des tâches dites ingrates pour ne pas embrasser la précarité encore plus paralysante des sans-emplois - être exploité et ne jamais dire non pour simplement survivre.
Sylvie Gautier donne des noms et des âmes à ses " déclassés " incarnées avec justesse par un casting au diapason (Céline Sallette et Eye Haïdara en tête), dommage en revanche qu'elle peine à donner du corps et de l'âme à sa réalisation, tant les émotions et l'empathie suscitées par l'écriture n'en auraient été que plus fortes et, surtout, marquantes.
Et Brillantes aurait été si ce n'est un bon drame social qu'il est déjà, une vraie claque frontale et importante.
Jonathan Chevrier
Avec : Céline Sallette, Eye Haïdara, Thomas Gioria, Camille Lellouche, Julie Ferrier, Bruno Salomone,...
Distributeur : Alba Films
Budget : -
Genre : Comédie dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Karine, femme de ménage, partage sa vie entre son travail de nuit avec ses collègues et Ziggy, son fils de 17 ans. Lorsque l'entreprise qui l'emploie est rachetée tout bascule pour Karine. La pression sociale va la pousser dans ses retranchements et la mettre face à un dilemme : dévoiler un secret ou mentir pour se protéger.
Critique :
Beau regard sur la solidarité féminine et la condition ouvrière, avec #Brillantes, Sylvie Gautier donne des noms et des âmes à ses " déclassés " incarnées avec justesse par un casting au diapason. Dommage en revanche, qu'elle peine à donner du corps et du coeur à sa mise en scène pic.twitter.com/zu073HU8Ba
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 19, 2023
Il n'y a rien de dissonant dans le fait de voir que le cinéma social français - dramatique comme comique - prenne de plus en plus de place dans les salles obscures, tant le pays n'a pas été dans un tel climat de frustration, de rage et de désespérance depuis très longtemps.
Comme s'il était devenu encore plus nécessaire, vitale même, d'extérioriser et d'exprimer ce mal-être à l'écran, de s'attacher à mettre en lumière les inégalités qui gangrènent notre système autant qu'à donner la parole par la fiction, à défaut de pouvoir le faire réellement au quotidien, à ceux que l'on n'entend pas et que l'on ne cherche pas forcément non plus, à écouter.
Une sorte de dépassement de fonction que certains atteignent presque naturellement (et avant tout par la force de leur mise en scène plus que dans leur écriture) tandis que d'autres, moins habiles et résolument plus forcés, ne font qu'effleurer du bout de la pellicule quitte à paraître non pas artificiel, mais cruellement scolaire et peu original.
Copyright 2022 SENSITO FILMS |
Un écueil dans lequel ne tombe pas totalement Brillantes, estampillé premier long-métrage de la wannabe cinéaste Sylvie Gautier, dont l'histoire rappelle un brin le récent Ouistreham d'Emmanuel Carrère, modeste petit bout de cinéma qui s'échine à incarner une comédie sociale digne et touchante qui sensibilise admirablement autant sur la question du handicap - ici l'illettrisme - que de la précarité et la pénibilité d'un métier difficile et ingrat (femme de ménage), même si sa mise en images manque cruellement de puissance et d'énergie pour pleinement impacter son auditoire.
Vissé sur un pitch au demeurant simpliste (Karine, mère d'un môme de 17 ans et employée de nuit dans une société de nettoyage industriel, joint difficilement les deux bouts et voit son destin devenir encore plus compliqué à l'annonce du rachat de la société qui l'emploie, une annonce qui menace de dévoiler qu'elle ne sait ni lire ni écrire, elle qui se débrouillait jusqu'à maintenant pour le cacher aux yeux du monde), le film se fait une chronique sociale touchante expurgé de tout misérabilisme et tout pathos putassier, croquant un beau regard sur la solidarité féminine et la condition ouvrière où l'employé(e), totalement déshumanisé , n'est qu'un pion interchangeable voué à remplir des tâches dites ingrates pour ne pas embrasser la précarité encore plus paralysante des sans-emplois - être exploité et ne jamais dire non pour simplement survivre.
Copyright 2022 SENSITO FILMS |
Sylvie Gautier donne des noms et des âmes à ses " déclassés " incarnées avec justesse par un casting au diapason (Céline Sallette et Eye Haïdara en tête), dommage en revanche qu'elle peine à donner du corps et de l'âme à sa réalisation, tant les émotions et l'empathie suscitées par l'écriture n'en auraient été que plus fortes et, surtout, marquantes.
Et Brillantes aurait été si ce n'est un bon drame social qu'il est déjà, une vraie claque frontale et importante.
Jonathan Chevrier