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[CRITIQUE] : Riposte Féministe


Réalisateur/Réalisatrice : Marie Perennès et Simon Depardon
Acteurs : Marina Foïs.
Distributeur : Wild Bunch
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.

Synopsis :
Élise à Brest, Alexia à Saint-Etienne, Cécile à Compiègne ou encore Jill à Marseille : elles sont des milliers de jeunes femmes à dénoncer les violences sexistes, le harcèlement de rue et les remarques machistes qu’elles subissent au quotidien. La nuit, armées de feuilles blanches et de peinture noire, elles collent des messages de soutien aux victimes et des slogans contre les féminicides. Certaines sont féministes de longue date, d’autres n’ont jamais milité, mais toutes se révoltent contre ces violences qui ont trop souvent bouleversé leurs vies. Le sexisme est partout, elles aussi !



Critique :


Difficile de ne pas totalement appréhender l'expérience qu'incarne Riposte Féministe du tandem Simon Depardon/Marie Perennès (dont c'est  le premier long-métrage) sans ne pas être parasité par les quelques remous et autres maladresses qui entoure sa production, d'images capturées sans consentements aux appels au boycott - notamment de Marguerite Stern, iniatiatrice du mouvement des collages contre les féminicides -, dont l'invisibilisation volontaire semble totalement liés à ses propos transophobes.
Le symbole, presque inéluctable tant on cherche constamment la petite bête sur de tel projet étiqueté féministe (comme s'ils appelaient tous à être vilipendés avant même d'être vu, ce qui en dit déjà long sur l'état catastrophique de notre société et la nécessité de lutter au quotidien pour transformer les habitudes et pensées stupidement institutionnalisées), d'un manque de rigueur dans l'effort qui se ressent finalement jusque dans la mise en images même de ce mouvement féministe aussi intense que nécessaire, un poil trop conventionnel et déséquilibré dans son patchwork de témoignages/interventions.

Copyright Wild Bunch International

Un effet de canevas éclaté qui distille l'impression enthousiasmante d'une réappropriation/prise de conscience nationale du mouvement mais qui, paradoxalement dans le même temps, pêche structurellement par sa redondance au point de ne jamais totalement donner vie à la multiplicité des figures et des investissements qu'elle capture, aussi louable soit l'envie de démontrer à quel point leur voix est répandue et unifiée.
Un systématisme généralisé et volontairement distancé au détriment de portraits intimes et finement brossés, un parti pris qui a donc ses qualités (la pluralité des témoignages, dans ce qui est voulu comme un tour de France de ce mouvement) autant que ses défauts (la... pluralité des témoignages, comme empilés et auxquels on ne laisse jamais l'histoire personnelle pleinement s'exprimer, du simili-reportage télévisé manquant cruellement d'approfondissement), qui nuit en partie à la puissance et à l'importance du message véhiculé - les collages sont suffisamment éloquents et directs pour l'être - mais qui déséquilibre un brin la capture du pouvoir saisissant de femmes unies et solidaires autant que leur vulnérabilité palpable (le danger est réel et constant) dans cette lutte/revendication pleine d'espoir et de ferveur d'espaces dits publics mais in fine strictement masculins (issus de la sous-culture machiste des graffitis, aux figures de l'establishment qui donnent leur nom aux rues, places et avenues,...).

Copyright Wild Bunch International

Imparfait donc, mais d'une importance capitale dans sa manière de rompre une invisibilisation systémique et de laisser transparaître l'idée d'une hypothétique justice pour celles à qui on la refuse quotidiennement.


Jonathan Chevrier


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