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[CRITIQUE] : Un Beau matin


Réalisatrice : Mia Hansen-Løve
Acteurs : Léa Seydoux, Pascal Greggory, Melvil Poupaud, Nicole Garcia,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h52min.

Synopsis :
Sandra, jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg. Alors qu'elle s'engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps...



Critique :

C'est dans un équilibre complexe et délicat que prend refuge la narration du très beau nouveau long-métrage de Mia Hansen-Løve, Un Beau matin,  qui délaisse ses escapades dépaysantes (les excellents Maya et Bergman Island, comme des fugues géographiques et métaphysique) pour renouer avec le cadre bourgeois - et de facto plus intime et biographique - de notre chère capitale, une sorte de cocktail délicat et complexe, fait d'éléments qui se contredisent (que ce soit dans l'exécution de de chacune des scènes où dans leur montage) mais qui incarne in fine une union émotionnellement parfaite, aussi amère que profondément bouleversante, sans qu'aucune de ses deux impressions ne viennent surplomber l'autre.
Dans cette bulle cultivée et privilégiée dont les préoccupations s'avèrent cela dit universelles, la cinéaste dessine avec application le portrait de Sandra, une interprète et traductrice qui travaille sur les textes de quelques-uns des plus illustres auteurs germaniques, et dont la dévotion pour les siens est sans pareil.

Copyright Les Films du Losange

Veuve depuis cinq ans, elle vit seule avec sa petite fille et rend souvent visite à son père, professeur de philosophie à la retraite qui fait face à une grave maladie dégénérative alors que sa mère, moins présente dans son existence, incarne une figure aristocratique qui voit l'activisme environnemental comme un passe-temps frivole, et qui s'en veut d'avoir vote Emmanuel Macron - faute de mieux.
Entrée de plein fouet avec sa famille dans les rouages ​​des services hospitaliers spécialisés, elle voit d'autant plus son destin bousculé par le retour dans sa vie d'un potentiel love interest : Clément, un cosmo-chimiste qui parcourt la planète à la recherche de traces extraterrestres, et qu'elle n'a pas vu depuis longtemps... 
Enlacé entre l'amertume et la tristesse de voir un être cher s'effacer (avec qui les dialogues, presque impossibles, déchirent le coeur tant l'essence de ses esprits mourants ne survivent peut-être que dans les livres qu'ils lisent où les souvenirs qu'ils convoquent) alors que le deuil ne l'a pas totalement quitté, et la lumière délicate et enthousiasmante que peut donner l'amour dans une vie, le film créer un microcosme poignant où les jeunes et les moins jeunes, où les sourires et les larmes coexistent dans un naturel harmonieux où la chaleur du cadre estival laisse peu à peu place à la froideur hivernale.

Copyright Les Films du Losange

Un tourbillon de la vie fait de solitude et d'espoir, vissée sur une âme perdue mais ensoleillée qui se sait à mi-parcours et à la croisée des chemins (elle s'occupe à la fois de ses parents et de son propre enfant), et dont les émotions ne naissent jamais dans des artifices faciles (une écriture appuyée, une bande originale criarde), mais bien dans la complicité et la finesse d'un casting totalement voué à sa cause (la performance mélancolique et hypnotique de Léa Seydoux en tête).
Un Beau matin où un merveilleux petit bout de cinéma qui préfère la simplicité et le naturel au superflu et le manque d'authenticité, où une cinéaste en parfaite maîtrise de son (dans tous les sens du terme) histoire, l'exprime avec clarté et pureté et fait s'enlacer l'intime et l'univers dans doux et empathique ballet humain.


Jonathan Chevrier